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Les Mythes et les Religions - Page 3 Empty Les Mythes et les Religions

Dim 22 Sep 2019 - 18:41
Rappel du premier message :

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Les Mythes et les Religions

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Une des figures la plus connue de la déesse de l’amour et de la guerre se retrouve chez l’Ishtar babylonienne.

 L’étude des textes anciens et les données archéologiques nous permettent sans aucun doute de l’assimiler à Inanna, une déesse sumérienne. Elle est connue pour ses nombreuses prouesses guerrières et son goût pour la violence. Elle contrebalance ce trait de caractère par un grand instinct maternel et un grand désir d’attraction. L’emprise qu’elle a sur les dieux, les hommes et les animaux est illustrée par son emblème qui est la chouette, oiseau nocturne de proie.

Isis. Quels noms pourrait-on donner à cette déesse guerrière dont le désir était sans fin ?

Mythologie perse : Anahita, Qadesh
Mythologie mésopotamienne : Ishtar et Inanna
Mythologie hourrite : Hébat, Shaushga
Mythologie hittite : Hannahanna
Mythologie phénicienne : Astarté, Qadesh, Ashtart, Anat, Atargatis, Shalim, Marie l’Egyptienne
Mythologie arabe : Allat
Mythologie égyptienne : Nephtys (Nebet-Hut), Anat, Qadesh, Marie l’Egyptienne
Mythologie grecque : Athéna, Aphrodite, Ariane, Erigoné
Mythologie nordique : Freya, Morrigane
Mythologie maya : Coyolxauhqui
Mythologie hindoue : Mahishâsuramardinî, Durga, Kali, , Saravastî
Mythologie juive : Oholiba
Mythologie chrétienne
 : Marie-Madeleine


Dans l’épopée de Gilgamesh, Ishtar est accusée de provoquer la mort journalière de son époux lion. L’emblème par excellence de cette déesse est le lion. La déesse en surmonte un dans de nombreuses représentations. Le lion est un symbole très régulièrement associé à Vénus. On qualifie Vénus dans de nombreux textes anciens, d’étoile du matin et d’étoile du soir.  Le soleil à son lever fait progressivement disparaître l’éclat de Vénus au matin, celle-ci ne réapparait qu’au soir sous le nom de l’étoile du soir. Ashtart est l’étoile du soir phénicienne, épouse d’Ashtar le dieu lion étoile du matin. Pour prouver que les 2 lions étoiles ne forment qu’un, en Egypte il existe le signe ‘kr qui est un hiéroglyphe où l’on voit les 2 lions soudés entre eux. Ces 2 lions sont le symbole par excellence du nouveau soleil Horus qui renaît en sortant de la colline primordiale. Ashtart est parfois représentée nue tenant des lotus qui sont ses attributs habituels. La déesse a un visage de lionne avec une coiffe hathorique. Dans les textes de Ras Shamra, Shalim est l’étoile du soir.  On raconte que Shahar et Shalim sont associées à la déesse solaire et l’aident à recueillir du venin de serpent pour dissiper les gros nuages qui planent sur Terre. Qadesh, déesse phénicienne, est représentée debout sur un lion dont l’emblème est une croix symbole de Vénus. La version arabe se retrouve chez Allat. Elle est laGrande déesse de la fécondité et la guerre. On la représente accompagnée d’un lion. On retrouve des vestiges liés à cette déesse à Palmyre. Elle apparaît sur des tessères, des stèles babyloniennes. On la représente souvent debout et armée, assise entre 2 lions ou parfois dressée sur un lion comme à Hatra. 


1) Qadesh au musée du Louvre, 2) double lion égyptien, 3) Durga grotte d'Ellora, 4) Allat temple de Baalshamin à Palmyre 5) Ishtar au British Museum 6) Mahishâsuramardinî grotte de Tamil Nad

Ces 2 lions sont assimilés parfois à des chats. En effet Freya, la déesse protectrice des passions de l’esprit et de la chair, conduit un char tiré par 2 chats. Seule Frigg la femme d’Odin la dépasse en beauté. Freya est une femme faucon (tout comme Horus) qui réside à Folkvang, le Champ-des-Armées. Elle parcourt les plaines où se sont entre-tués les guerriers. Elle peut emmener la moitié des morts aux combats, l’autre moitié est emmenée par Odin. Son mari l’a quitté pour voyager dans des pays lointains. Ainsi elle pleure sans cesse après lui. Nous voyons ici Freya comme une pleureuse divine, fonction qu’on retrouve également chez Nephtys (appelée aussi Nebet-Hut). C’est une déesse égyptienne qui aide Isis à reconstituer le corps d’Osiris et à l’embaumer. Les 2 déesses vont se transformer en êtres volants au-dessus de la dépouille pour la protéger jusqu’aux funérailles. Ce rôle funéraire est également associé à Hannahanna, la déesse hittite, reine des abeilles. Elle tente maladroitement de retrouver Telepinu en envoyant une abeille à sa recherche (son fils dieu de l’orage participe également). L’abeille doit piquer les pieds et les mains de Telepinu. Elle doit le mettre debout et le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] avec de la cire et enfin le ramener auprès d’Hannahanna.

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Nephtys dans la tombe Khabekhenit. Source : [url=[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] TOMBEAUX/LES HYPOGEES/VALLEE-DES-ARTISANS/tombe-khabekhenit.jpg][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ... khenit.jpg[/url].

Marie-Madeleine est également une grande pleureuse. Un passage très intéressant d’elle se trouve en Luc 8:2 où on raconte que plusieurs femmes furent guéries d’esprits mauvais et de maladie : « Marie, appelée la Magdaléenne, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chouza, intendant d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui les assistaient de leurs biens ». Ce passage fait référence aux 7 portes des enfers que doit passer Ishtar/Inanna. En Luc 7:38, on apprend qu’une pécheresse a arrosé les pieds de Jésus avec ses larmes. Il s’agit de Marie-Madeleine la pleureuse. Tout comme Marie et Marie-Madeleine sont au pied de Jésus lorsqu’il est sur la croix, Isis et Nephtys sont les pleureuses d’Osiris. La punition d’Ereshkigal (la reine du Kigal) envers Ishtar/Inanna a été la mort rituelle pour avoir causé la mort de son époux. Marie-Madeleine est également connue sous son nom de Marie l’Egyptienne. Des textes complémentaires à la Bible nous racontent une histoire  qui semble avoir pris naissance chez les Palestiniens au VIème siècle. Marie l’Egyptienne raconte à un ascète de 54 ans appelé Zosime, qu’elle est tombée dans la débauche et qu’elle a un mal fou à combler ses désirs. Elle a eu une multitude d’amants. Pour vaincre ses désirs, elle a vécu 17 ans dans un désert, avec pour seule nourriture 3 pains. A la fin de sa vie, Zosime découvre son corps près d’une rivière et il demande à un lion de creuser de ses griffes une fosse pour pouvoir l’y enterrer et finalement lui permettre le voyage aux enfers.

Un texte fort connu nous parle la descente d’Ishtar aux enfers. Ce texte fut découvert dans le temple de Ninive. C’est une version écourtée du texte appelé « la descente aux enfers d’Inanna ». Cette déesse décide de se rendre aux enfers, dans le royaume d’Ereshkigal la reine des enfers, pour retrouver son époux Tammuz et le réssusciter. Ishtar descendra aux enfers en passant par 7 portes. Elle est obligée de se dévêtir progressivement en passant les différents niveaux. Il s’agit d’un rite visant à la déesse de s’absoudre de ses pêchés (les 7 péchés capitaux). Au terme de cette descente, Ishtar meurt ce qui provoque l’arrêt des accouplements des hommes et des animaux sur terre. Elle recherchait chaque année son époux aux enfers. On célébrait un mariage sacré entre ces 2 époux. Cette mort provoquée par une autre déesse est la même pour Ariane, fille de Minos le taureau roi des enfers. Ariane est tuée de manière violente par Artémis sous l’investigation de Dionysos. Celui-ci était en fait jaloux de Thésée car il a été l’amant d’Ariane. Elle est la déesse de la croissance printanière. Elle se pend au platane, arbre qu’il lui est consacré, tout comme Odin et également Erigoné qui se pend à un pin. Pour séduire Dionysos, Erigoné se transforme en grappe de raisin. Apprenant la mort de son père, elle se pend de désespoir. Le but est de redonner vie à la végétation. La mort de cette déesse pendue à l’arbre signifie qu’elle meurt et descend aux enfers avant de remonter au printemps.
Le désir charnel et les infidélités qui en découlent font partie intégrante de la déesse grecque Aphrodite. Elle est mariée à Héphaïstos, ce qui ne l’empêche pas de vivre de très nombreuses aventures avec d’autres dieux. L’adultère d’Aphrodite avec Arès (le dieu de la guerre grecque) est révélé par le dieu Hélios, qui sera maudit (ainsi que sa descendance) par la déesse. Héphaistos finira par pardonner les infidélités d’Aphrodite. Celle-ci est également la patronne de la prostitution sacrée. Comme les filles du roi de Chypre refusent de l’honorer, elle les pousse à la prostitution. On célébrait celle-ci notamment à Aphaca qui est l’un des sanctuaires les plus célèbres de Phénitie (à une journée de marche de Byblos). Ce site comprenait un temple renommé d’Aphrodite-Astarté en principe fondé par Kinyras, roi de Chypre. Le site était célèbre pour ses rites de prostitution sacrée. Astarté est la souverraine céleste en Phénicie qui se serait éprise de son gardien divin Kombabos.

Ishtar est également considérée notamment comme l’épouse d’An (la particule AN signifie ciel). On l’appelle justement « la Reine du ciel ». C’est probablement la raison pour laquelle beaucoup de noms de la déesse contiennent cette particule. La déesse reine du ciel et de la terre pour les Hourrites est Hébat (Hépat).Celle-ci est une déesse hourrite femme de Teshub. Ils ont pour fils Sarruma, dieu de l’orage. Hébat est appelée la déesse solaire de la cité d’Arinna. Dans le sanctuaire de Yazĭlĭkaya (à côté de Boǧazköi), on représente Hébat au côté de l’aigle bicéphale. Anat (Hanat), une déesse phénicienne porte aussi un nom similaire : « la maitresse des cieux élevés ». C’est une déesse guerrière qui est la maitresse des aigles parmi lesquels elle plane. Ce caractère la probablement suivie en Grèce où elle est devenue Athéna et cela explique pourquoi son attribut est la chouette, un autre rapace mais cette fois-ci nocturne. L’aigle tient souvent dans son bec un serpent. Ce serpent lui confère l’immortalité qu’il tient dans son bec ou dans ses serres. Le serpent est bien le symbole de l’immortalité qui permet de guérir et on le retrouve dans le caducée de la médecine. Le culte d’Anat était répandu en Syrie et en Palestine mais également en Egypte. Elle persiste jusqu’à l’époque hellénistique dans certains milieux phéniciens. Au début du VIIe siècle, elle n’est vénérée qu’avec certitude à Chypre. La rivalité d’Anat et du dieu Yam n’est qu’une autre version de la lutte entre Athéna et Poséïdon. Le texte bilingue de Lapéthos découvert sur un talon de lance dans un sanctuaire d’Athéna à Idalion prouve qu’Anat et Athéna étaient confondus.

Athéna est également une déesse de l’amour et de la guerre. Elle est représentée debout, le casque en tête, le bouclier dans la main gauche et le bras droit qui brandit une lance. Athéna est connue par sa naissance toute particulière. On raconte que Zeus après avoir avalé Métis sur le point d’accoucher, souffre d’une terrible mal de tête et qu’Héphaïstos lui fend le crâne avec une hache. Il en sort Athéna vêtue d’une armure, d’un casque et prête au combat. On la considère comme la déesse du tissage. Ce rôle est également attribué à la déesse aztèque Coyolxauhqui. Elle est la déesse guerrière sœur de Huitzilopochtli qui a poussé ses frères à décapiter sa mère. Huitzilopochtli sort armé du ventre de sa mère et tue ses frères, sa sœur et tout ceux qui avaient comploté contre sa mère. Cette naissance est céleste et identique pour la déesse guerrière hindoue appelée KaliCelle-cisort du front de Durga. Selon le texte Devi-Mahatmya, lors du combat contre Canda et Munda, la déesse Durga qui est assise sur un lion au sommet de l’Himâlaya est tellement en colère que sont teint devient noir et de son front jaillit Kâlî au visage terrible armé d’une épée et d’un lasso. Elle tient à la main un bâton multicolore, orné d’une multitude de crânes. Elle est vêtue d’une peau de lion. Elle est horrible à voir. Elle détruit énormément de démons, d’éléphants, et de chevaux qu’elle avale et déchire à belle dent. Tout comme Athéna, Saravastî sort du front de Bhrama. Elle est considérée comme l’épouse de Brahma. On la réprésente souvent avec le livre pustaka qui contient les formules du Sacrifice. Parmi ses attributs on retrouve notamment la fleur de lotus (padma). Les montures ou véhicules sont un lion, un oiseau l’anser qui est un oiseau aquatique et la monture de Brahma, le bélier ou le paon. Elle porte parfois une calotte crânienne appelée Kapäla. Certains textes remplacent Bhrama par Vishnou ou par Krishna.

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Athéna - Musée du Vatican. 

La fleur de Lotus semble être un symbole souvent associé à la déesse de l’amour et de la guerre. Lors de la rédaction de cet article, il me semblait que Lakshmi correspondait à l’archétype de la déesse de l’amour et de la guerre, néanmoins plusieurs raisons m’amènent à refuser aujourd’hui cette hypothèse. Je laisse l’ensemble des arguments qui m’avaient amené à tord à cette conclusion : « Lakshmi est une déesse hindoue, femme de Vishnu. D’après la Praçnottaramâlâ, ce sont des fleurs de lotus qui soutiennent Vishnu. Lorsque cette déesse a 2 bras, on la représente avec 2 lotus ou un lotus et un fruit. On a représenté cette déesse également entre 2 éléphants qui l’aspergent. Cette déesse est également vénérée en Indonésie. A Bali, un mythe raconte que Lakshmi à dû se soumettre à l’amour de Vishnou et elle en serait morte. Le riz est alors surgi de son nombril, après que son corps ait été enterré. Un autre partenaire sexuel de cette déesse est Agni Jatavedas (Agni est justement une image d’Horus, le fils d’Osiris). Cette déesse est également associée à Indra le roi des dieux, qui est le dieu responsable des orages et de la pluie. » 


En effet aujourd’hui, Lakshmi apparaît à mes yeux comme une divinité distincte. Le principal argument est qu’elle est plus considérée comme la mère de l’humanité et des dieux. Ce rôle ne semble pas être associé généralement à la déesse de l’amour et de la guerre.

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Lakshmi, la déesse hindoue au lotus. Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Qadesh également associée au lotus semble quant à elle davantage caractériser la déesse de l’amour. Elle est une déesse (d’origine perse introduite en Egypte) qui symbolise la volupté et le désir charnel. On la représente nue et souvent sur un lion. Elle tient dans ses mains à la fois des serpents et des lotus, attributs de l’érotisme. Le serpent qu’elle peut offrir symbolise l’immortalité confèrée au dieu qui partagera sa couche. Les serpents sont le symbole par excellence de l’immortalité par leur renouvellement de la peau. Les fleurs de lotus symbolisent la vie renouvelée.

La déesse de l’amour et de la guerre est célèbre par sa beauté légendaire qui rendit fou beaucoup d’hommes. L’Anat perse appelé Anahita est d’une envoutante beauté. Dans les textes, les adjectifs pour la qualifier sont les suivants : puissante, brillante, de taille élevée, majestueuse, jeune fille, belle, à la large ceinture, à la taille élancée, noble par son visage brillant, ornée d’un brillant diadème d’or, ornée d’un manteau du plus séduisant aspect couverts d’ornements d’or. On retrouve encore dans sa représentation une association au lion. Cette divinité fut propagée au Proche-Orient par les prêtres zoroastriens. Anahita est assimilée à Nana, unedéesse d’origine suméro-akkadienne, qui est également représente flanquée de son lion. Elle fut adoptée par les peuples de Sogdiane. Toutes les déesses abordées plus haut sont toutes d’une beauté prodigieuse.

Au terme de cette étude, nous pouvons retracer une histoire autour de la déesse de l’amour et de la guerre. Celle-ci naîtra sous la forme de l’Athéna guerrière et représentée par l’astre Vénus colérique. Pendant une bonne partie de sa vie, la déesse de l’amour et de la guerre vivra dans la douleur du désir inassouvi, et d’un besoin constant de reconnaissance envers ses pères (An et Seth). Cette soif l’amènera probablement à étendre son influence et entrera en guerre contre d’autres dieux. Ce besoin d’attention se répercutera dans les très nombreux temples construits en son honneur de par le monde. Elle s’éprendra du dieu de la sagesse, de l’agriculture, de l’eau. Ce dieu est alors intiment lié à la déesse des enfers Ereshkigal appelée également Isis, Artémis,…L’union qui en découlera provoquera la mort du dieu et Ishtar devra subir le rituel aux enfers afin de s’absoudre de ces pêchés. Isis et Nephtys (Marie et Marie-Madeleine) seront les 2 grandes pleureuses du dieu mort qui seront gardiennes du corps d’Osiris. Horus naîtra et Nephtys deviendra sa nourrice mais également sa maîtresse. La disparition du taureau soleil survenue au moment de l’apparition de la lionne vénusienne le soir sera une image de ce qu’aura été le couple Enki avec la déesse de l’amour et de la guerre : un instant éphémère.

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Dim 22 Sep 2019 - 19:10
La redécouverte d’Ur, la cité sumérienne de Nanna-Sîn

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Ur, une ancienne cité sumérienne, nous livre une partie de ses secrets depuis sa découverte par Leonard Wooley et son équipe au début du 20ème siècle…


Le Moyen-Orient fut l’objet de recherches intensives au cours du 20ème siècle. Un peu partout sur ce vaste territoire, des fouilles se sont organisées et ont permis de réécrire l’histoire et notamment la naissance d’une des plus anciennes civilisations. Ces fouilles se sont principalement orientées vers des tells, qui sont en fait des collines artificielles formées par l’accumulation de ruines superposées.

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Schéma des villes de Sumer et d’Akkad et localisation d’Ur. 

Une des premières mentions d’Ur est donnée dans la Genèse 11:31 : « Térah prit son fils Abram, sont petit-fils Lot, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme d’Abram. Il les fit sortir d’Ur des Chaldéens pour aller en pays de Canaan, mais arrivés à Hârân, ils s’y établirent ». En 1853, l’anglais Taylor identifia le site en Irak grâce à une inscription sur un cylindre d’argile. Il a fallu attendre 1922, pour que voit le jour une campagne de fouilles conduite par le British Museum et l’université de  Pennsylvanie, sous la direction de Leonard Wooley. Son équipe et lui fouillèrent le tell al-Muquaiyar pendant 6 saisons d’hiver. Le schéma ci-dessous donne une idée générale du site d’Ur.


Une des premières découvertes était une enceinte contenant les restes de 5 temples positionnés à proximité de la ziggurat du roi-Ur-Nannu (appelé également Ur-Nanna) qui était dédiée au dieu de la lune Nanna-Sîn. Cette ziggurat est celle qui est la mieux conservée des sites mésopotamiens. Mesurant à sa base 60,50 m sur 43 m, elle atteint encore à l’actuelle 20 mètres de haut (le premier et la moitié du second étage ont subsisté). Du temps de la 3ème dynastie d’Ur, elle comportait 3 étages de plus en plus petits et couronnés par une chapelle.

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Ziggurat d’Ur

Les fouilles ont permis également de mettre à jour des maisons qui étaient toutes pour la plupart des villas à étages comportant 13 ou 14 pièces. Quelques années après la découverte de la célèbre tombe de Toutankhamon, Leonard Wooley et son équipe découvrirent à leur tour des tombes d’une richesse extraordinaire dans une butte de quinze mètres de haut située au sud des temples. Ils avaient mis au jour les tombes royales d’Ur. Elles étaient antérieures à celle de Toutankhamon de plus de 1000 ans et elles n’étaient pas moins riches. Au total plus de 1800 sépultures ont été découvertes. Ces tombes eurent un retentissement énorme dans le monde de l’archéologie sumérienne. Seize d’entre elles étaient toutes particulières tant par leur architecture que par les richesses qu’elles renfermaient. On y découvrit des harpes et des lyres, des statuettes, des coupes et des gobelets en or, des vases aux formes étonnantes, de la vaisselle de bronze, des bas-reliefs en mosaïque de nacre, de lapis-lazuli et d’argent. Un petit aperçu de ces merveilles est visible dans le diaporama ci-dessous. A l’heure actuelle, une partie de ces œuvres se trouvent dans le Musée de Philadelphie, au British Museum ou ce qui reste du Musée de Bagdad.

Dans les tombes royales d’Ur, des personnages riches et puissants ont été enterrés. Ceux-ci étaient pour la plupart accompagnés de nombreux individus (jusque 63 dans la « tombe du roi » et jusque 74 dans la tombe appelée « la Grande Fosse de la Mort »). Il s’est avéré que ces individus étaient en fait enterrés avec leur maître et manifestement morts par empoisonnement. Il y avait des soldats avec leurs armes, des cochers avec leurs chariots, des musiciennes avec leur lyre et des dames de la cour avec leur parure (voir schéma ci-dessous). Cette manière de procéder se rencontre également pour l’Egypte, la Chine, l’Assam et même chez les Comans de Russie.  Dans certaines tombes, on a retrouvé des vases en métal et des sceaux cylindres qui ont livré les inscriptions de 8 hommes et 4 femmes. Bien qu’aucun d’entre eux ne figurent sur les liste royales sumériennes, il n’est pas pour autant impossible que certains aient été reines ou roi comme le suggèrent les titres de Nin (applicable aux reines ou aux prêtresses) pour Pû-abi et Nin-banda et de lugal pour Meskalamdug et Akalamdug.


Une des découvertes les plus énigmatiques faite par l’équipe de Wooley concernent une couche d’argile découverte dans les puits de creusement des fouilles. Avec l’avancement des forages, on découvrait de nouvelles couches de dépôts plus profondes comprenant des débris de vases. Ces objets en céramique étaient toujours équivalents à ceux découverts dans les tombes royales, laissant suggérer qu’au cours des siècles la civilisation sumérienne n’avait pas subi de grands changements. A un moment, les archéologues sont arrivés dans une couche d’argile vierge de toute présence humaine. Cette couche faisait 3 mètre d’épaisseur et était identique à celle de certaines alluvions. Au-dessous de celle-ci, ils retrouvent très subitement une couche de terre contenant à nouveau des débris de céramique, mais cette fois-ci cette poterie avait complètement changée d’aspect et elle était réalisée à la main. Selon des calculs très précis, il était évident que cette couche d’argile n’était pas laissée par des traces d’alluvions de l’Euphrate car le niveau de fouille était trop élevé par rapport au niveau du fleuve. La seule explication plausible aux yeux de Leonard Wooley pour étayer ce phénomène était le déluge. Pour confirmer cette hypothèse, 2 autres forages ont été entrepris et ont conclu de manière identique. Des restes de petits animaux marins confirment l’origine marine de l’argile. Un peu partout dans une zone large de 160 km et longue de 630 km allant du golfe persique en direction du nord-ouest, cette couche d’argile a été retrouvée. Seule l’épaisseur de la couche étant différente. L’étendue du déluge n’est pas forcément localisée à cette zone. En effet, cette zone correspond in fine à la localisation des dépôts d’alluvions. A la vue de l’âge des couches de débris laissés par l’homme, cette inondation s’est déroulée il y a 4000 ans av. JC.

Les listes royales sumériennes peuvent être utilisées comme point de départ pour l’étude des lignées royales d’Ur. Une liste royale sumérienne de base a été reconstruite à partir de 15 vieilles copies babyloniennes, bien qu’elles diffèrent sur plusieurs points : expression différentes, longueur des règnes, certaines dynasties sont citées dans un ordre différent,… Sur base de ces listes et des découvertes archéologiques corroborant les dynasties royales sumériennes, un schéma récapitulatif représente ci-dessous les trois dynasties d’Ur et donne pour chaque roi la durée du règne. La toute première dynastie d’Ur a été créée vers 2560 ans av. JC par Mesanepada (« Héro choisi par An »). A cette époque, c’était encore une petite ville (plus petite qu’Uruk et Lagash), donc la richesse était due au commerce maritime de son port fluvial. Mesanepada a fait de cette ville la capitale de toute la Mésopotamie. Néanmoins cette hégémonie ne persistera pas. Balulu sera le dernier roi de cette dynastie. Pour la seconde dynastie d’Ur, on ne sait presque rien. Par contre la 3ème dynastie d’Ur est fort documentée. En 2113 ans av. JC, Utu-hegal est détrôné par Ur-Nammu (« guerrier de la déesse Nammu ») gouverneur d’Ur. Quatre ans plus tard, il se fait couronner à Nippur et il est alors appelé roi d’Ur, roi de Sumer et d’Akkad. Ainsi la 3ème dynastie d’Ur est fondée et c’est une des périodes les plus brillantes de l’histoire mésopotamienne. On peut à proprement parler de la renaissance de la culture sumérienne. Ur-Nammu meurt sur le champ de bataille. Un long poème nous décrit ses funérailles et les trésors qu’il emporte dans sa tombe.

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Liste des rois des dynasties sumériennes. 

Son fils Shulgi (« noble jouvenceau ») lui succède. C’est lui qui promulgue probablement le plus ancien recueil de lois découvert à Nippur sur une tablette et sur 2 fragments à Ur. Ce « Code » a un grand intérêt historique car outre la précision juridique sur les droits des citoyens, il précise notamment qu’Ur-Nammu a développé l’agriculture, il a creusé plusieurs canaux, il a restauré les fortifications détruites ou délabrées, il a bâti ou rebâti des temples et des ziggurats (notamment à Ur, Uruk, Larsa et Nippur). Shulgi se fait appeler «  roi des Quatre régions » et il se fait adorer comme un dieu. Il s’attèle à s’emparer de la région comprise entre les 2 affluents Tigre l’Adhem et le Grand Zab. Il étend également le territoire de son royaume à l’Elam (Iran). Les montagnards d’Iran sont utilisés comme une légion étrangère chargée de protéger la frontière orientale. Shulgi et son fils Amar-Sîn sont les 2 rois qui connaissent l’apogée du royaume. L’empire d’Ur est alors bien organisé.

La 3ème dynastie d’Ur rencontre les premiers conflits annonciateurs de la fin du royaume sous le règne de Shu-Sîn, frère et successeur d’Amar-Sîn. Dans les textes, les responsables du déclin sont le pays ou le peuple appelé Martu en sumérien, Tidnum et Amurrum en akkadien. Ce pays s’étend de l’Euphrate jusqu’à la Méditerranée. Amurrum désigne l’ouest. Les gens de ce pays sont appelés les Amorrhéens ou les Amorrites. Les Martu sont considérés dans les textes comme « des barbares qui razzient les villages et volent voyageurs et caravanes ». En 2028 ans av. JC, Ibbi-Sîn succède à son père Shu-Sîn. L’empire se morcelle malgré la conquête de Suse, d’Adamtu et du pays d’Anshan. Plusieurs cités (Eshnunna, Suse, Lagash, Umma et Dêr) vont se révolter et se séparent provoquant des problèmes d’approvisionnement en nourriture à Ur. Les Martu vont pénétrer au cœur de Sumer. Ishbi-Erra se proclame indépendant et le royaume va être coupé en 2. C’est Ishbi-Erra qui va repousser les Martu. Les Elamites alliés au gens du Nord et aux Su sous la conduite de Kindattu, roi de Simashki marchent sur Ur. Ishbi-Erra les refoule. Mais 3 ans plus tard, ils reviennent avec un autre chef et ravagent Sumer. La cité d’Ur va être attaquée, pillée, incendiée. Cela est attesté dans plusieurs tablettes découvertes en Irak. Elles portent les noms suivants  « la lamentation sur la ruine d’Ur », « la lamentation sur la ruine de Sumer et d’Ur » et « la seconde lamentation sur la destruction d’Ur ». On y apprend que la destruction d’Ur a été décidée sur base d’un jugement d’An et d’Enlil malgré la grande tristesse de Nanna, le fils d’Enlil.

Qui [peut] renverser son destin (le destin d’Ur), quelque-chose qui ne peut être altéré ?
Qui [peut] s’opposer à la décision d’An et Enlil ?
An a terrifié Sumer de sa demeure ; le peuple était effrayé.
Enlil a apporté une tempête glaciale ; le silence s’est répandu dans la cité.
Nintu a obstrué l’utérus du pays.
Enki a stoppé l’eau dans le Tigre et l’Euphrate.
Utu a retiré les déclarations de justice et les décisions justes.
Inanna a accordé la bataille et la lutte au pays rebellé.
Ningirsu a versé Sumer aux chiens comme du lait.
La rébellion est tombée sur terre, quelque-chose qui n’était pas connu.
C’était quelque-chose qui n’avait pas été vu, quelque-chose d’inexplicable, quelque-chose qui ne pouvait être compris.
Tous les pays étaient confondus dans leur crainte.
Les dieux de la cité se sont détournés, le berger s’est dispersé.
La population a aspiré la crainte.
La tempête les a immobilisés…
(Extrait de la lamentation sur la ruine de Sumer et d’Ur, traduit de l’anglais sur base de la version de Michalowki’s (1989). Source : CHAVALAS M. W., 2006.)



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Tablette de « la lamentation sur la ruine d’Ur », localisée au Musée du Louvre. (C) RMN - Gérard Blot, Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Références bibliographiques
- CHAVALAS M. W., 2006. The Ancient Near East : historical sources in translation. Blackwell Publishing, USA. 445 p.
- CHIFFLOT T-G., 1955. La Bible de Jérusalem. L’Ecole biblique de Jérusalem. 2117 p.
- KELLER W., 2005. La Bible arrachée aux sables. Editions Perrin, Paris. 604 p.
- ROUX G., 1985. La Mésopotamie. Editions du seuil. 600 p.
- YOUSIF E.-I., 1999. L’épopée du Tigre et de l’Euphrate. L’Harmattan. 150 p.

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Dim 22 Sep 2019 - 19:10
Pourquoi le 21 décembre 2012 ?


Comment la date du 21 décembre 2012 a été déterminée pour la fin d’un cycle maya de 13 baktuns ? Une explication synthétique sur les calendriers mayas peut nous éclairer…


A l’heure actuelle, la date du 21 décembre 2012 fait couler beaucoup d’encre. A mon sens, l’hypothétique fin du monde (mais devrait-on plutôt l’appeler fin de cycle) tire son origine de la datation du début de l’ère maya en l’an 3113 avant notre ère par l’archéologue britannique John Eric Thomson. Celui-ci s’est basé sur les études des spécialistes mayas John T. Goodman and Juan H. Martinez-Hernandez. Aujourd’hui, cette étude est sérieusement remise en cause par la communauté scientifique. L’étude du calendrier maya est un prérequis indispensable pour juger de l’importance de la datation exacte du début de l’ère maya, et de son implication dans le calcul de la fin du grand cycle de 13 baktuns (5125 ans).

Les Mayas avaient élaboré un système permettant de dater avec grande précision n’importe quel jour de l’année. Il était composé principalement de 2 calendriers distincts le tzolkin et le haab.

1) Le tzolkin
Le calendrier le plus répandu était appelé tzolkin. Il s’étendait, sous diverses appellations, à tout le Mexique. Ce calendrier était constitué de 260 jours. Ainsi la date de naissance des Mayas était déterminée sur base de cette année religieuse et non en fonction de l’année solaire comme pour nous.

Ce calendrier était composé de 20 hiéroglyphes différents précédés d’un nombre de 1 à 13 (20 x 13 = 260 jours au total) :

1)    Imix,
2)    Ik,
3)    Akbal,
4)    Kan,
5)    Chiccan,
6)    Cimi,
7)    Manik,
8′)    Lamat,
9)    Muluc,
10)  Oc,
11)  Chuen,
12)  Eb,
13)  Ben,
14)  Ix,
15)  Men,
16)  Cib,
17)  Caban,
18)  Eznab,
19)  Cauac,
20)  Ahau

Comme les chiffres 20 et 13 n’ont pas de commun diviseur, il fallait 259 jours pour qu’un même jour puisse se répéter ;

2) Le haab
L’année civile solaire ou civile est, comme la notre, composée de 365 jours. Ce calendrier comprend 18 mois de 20 jours et 1 mois de 5 jours appelé « uayeb » ou « uayeyab » qui vient s’ajouter en fin de cycle. Les hiéroglyphes de ces 19 mois sont présentés ci-dessous. Ils sont précédés par la numération vigésimale des Mayas (en base 20).



3) Le compte calendaire : la combinaison entre le tzolkin et le haab.
On peut positionner le jour du calendrier tzolkin dans le calendrier haab. Un schéma très simple nous permet de comprendre la combinaison entre ces 2 calendriers (cf ci-dessous). Un jour issu de la combinaison entre les 2 calendriers (exemple : 1 imix + 4 Uayeb) ne peut réapparaître qu’uniquement 52 ans plus tard. En effet, le plus petit commun multiple entre 260 et 365 est 18980 et 18980 jours correspond à 52 ans. Il faut donc 52 cycles du calendrier haab et 73 cycles du calendrier tzolkin pour réobtenir la même combinaison.


4) Le compte long
Le système numérique maya, apparu selon Morley au IVème ou au IIIème siècle, est d’une grande utilité pour écrire une date en combinant les 2 calendriers présentés ci-dessus. Il est en base 20 (numération vigésimale). Le premier nombre n’est pas un mais le 0 (représenté par un coquillage). Celui-ci apparaît, chez les Mayas, bien avant son transfert de l’Inde vers les Arabes. (Voir ci-dessous).


Représentation de la numération maya. Un point correspond à une unité et une barre à 5 unités. Le zéro est représenté par un coquillage. 

Comment s’écrit une date en Maya ? Une date est composée principalement par l’addition de plusieurs groupes d’hiéroglyphes que l’on peut séparer en 7 catégories du haut vers le bas :
1)      Nombre + hiéroglyphe baktun (20 katuns ou 144 000 jours)
2)      Nombre + hiéroglyphe katún  (20 tuns ou 7 200 jours)
3)      Nombre + hiéroglyphe tun (18 unials ou 360 jours)
4)      Nombre + hiéroglyphe unial (20 kins ou 20 jours)
5)      Nombre + hiéroglyphe kin (jour)
6)      Nom du jour tzolkin (nombre + hiéroglyphe)
7)      Nom du jour haab (nombre + hiéroglyphe)

Cette série de 7 signes est appelée « compte long ». A cet ensemble de signes, on peut rencontrer également des hiéroglyphes supplémentaires (hiéroglyphes A à G) qui décrivent le mois lunaire, la phase de la lune à la date considérée et également d’autres signes divers complémentaires. Ce système était très efficace car il n’était pas possible de retrouver une même date avant 374440 ans.

5) Système simplifié
Ce système permettant d’alléger l’annotation des dates est composé uniquement du katún, du jour du tzolkin et sa position dans le haab.

6) Le « u kahlay katunob » ou « compte des katuns » ou le « compte court »
2 siècles avant l’arrivée des Espagnols, un système simplifié a été créé. Il permettait une exactitude que pour une période de 256 ans (7200 jours x 13). Il ne nécessitait plus qu’un hiéroglyphe correspondait au jour final du katún. En d’autres mots, on considère un cycle composé de 13 katúns ayant chacun une appellation de la sorte : « le katún + Nombre + ahau ». Les katúns ne se succèdaient pas dans l’ordre. En effet, on commençait par le katún « 13 ahau » jusqu’au katun « 1 ahau » ensuite on enchainait avec les nombres pairs : le katun « 12 ahau » jusqu’au katún « 2 ahau ». Les anciens Mayas représentaient cette succession de katúns sous la forme d’une roue ayant l’allure ci-dessous :


Au terme de cette synthèse des systèmes de datation maya, il est possible d’entrevoir que la date présumée de la fin du cycle maya est calculée sur base de la datation du début de l’ère maya par John Eric Thomson. En effet, une stèle (la stèle C) découverte à Quirigua au Guatemala précise notamment l’importance du cycle de 13 baktuns (cycle de 5125 ans). Outre cette découverte, les textes mayas précisent que le début de l’ère maya, avec le calendrier calendaire, correspond à la date du 4 ahau 8 cumcú. En nous basant sur l’évaluation de Thomson pour le début de l’ère maya, nous pouvons facilement calculer que (le 4 ahau 8 cumcú) 3113 av JC selon Thomson + 13 baktuns correspond à l’année 2012 (13 baktuns = 1 872000 jours, soit 1872000 divisé par 365,25 jours donne environ 5125 ans). Il est dès lors très facile d’imaginer qu’une toute petite erreur dans la datation du début de l’ère maya au jour près serait catastrophique pour les personnes croyant dur comme fer à la fin du monde le 21 décembre 2012…

Sources Bibliographiques
- ANNEQUIN G., 1980. Chichen Itza ou le chant du cygne de la civilisation maya. Editions Famot, Genève. 125 p.
- PERET B, 1955. Le livre de Chilám Balám de Chumayel. Editions Denoël, Paris. 230 p.
- RACHET G., 1983. Dictionnaire de l’archéologie. Editions Robert Laffont, Paris. 1052 p.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:11
L’île d’Agilkia ou la nouvelle Philae

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L’île de Philae, une des plus belles îles égyptienne, était menacée par la montée des eaux du Nil suite à la construction d’un nouveau barrage à Assouan. Cet article présente une partie des temples qui ont été déplacées dans les années 70 sur l’île d’Agilkia.

L’île de Philae située au sud de la ville d’Assouan en haute Egypte était menacée définitivement par la montée des eaux du Nil suite à la construction d’un nouveau barrage à Assouan dans les années 70. Afin de conserver les temples, ceux-ci ont été déplacés par les archéologues de l’Unesco sur l’îlot d’Agilkia. La topographie de cette île a dû être modifiée afin de ressembler à celle d’origine. Les temples de l’île de Philae ont été réalisées par le pharaon Nectanébo Ier, les Ptolémées et par les Empereurs romains tels que Tibère et Trajan. Ils étaient dédiés principalement à Isis et à Hathor.

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Schéma des temples de Philae. 

Cette île merveilleuse a attiré de nombreux pélerins. Le temple d’Isis est situé actuellement au nord de l’île d’Agilkia, qui est accessible par bateau à moteur. Ce temple est précédé d’un pylône (porte de Ptolémée II). Il comporte une cour, une enfilade de pièces (le Mammisi), une grande salle hypostyle précédée d’un pylône et un sanctuaire.


L’accès au temple principal d’Isis est situé au sud. Un petit temple dédié à Nectanébo Ier nous accueille sur cette avant-cour du temple d’Isis, bordé à gauche et à droite par des colonnades. Celle de droite n’est pas finalisée. Les colonnes sont décorées par des bouquets de fleurs. Le portique de gauche est percé de fenêtres qui s’ouvrent sur le Nil.

Avant-cour du temple d’Isis. Colonnade de gauche. Les traces noires sont des traces laissées par le limon du Nil. Le temple de Nectanébo Ier (sur la gauche) est composé notamment de colonnes surmontées par des têtes hathoriques.


Le Mammisi du temple d’Isis est une chapelle de la naissance divine. C’est l’endroit d’accouchement d’Horus par Hathor. La salle la plus profonde de ce Mammisi est composée de tout un panel d’animaux de la forêt qui aident à l’accouchement d’Hathor (babouin, serpent, grenouille,…). Sur la fresque ci-dessous, on voit notamment l’allaitement d’Horus et une petite grenouille en bas à droite.

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Mammisi de la déesse Hathor 

La salle hypostyle du temple d’Isis a été dégradée par les chrétiens coptes. Ceux-ci voyaient sous un mauvais œil l’adoration d’idoles égyptiennes. En plus de marteler plusieurs divinités, ils se sont réapproprié cette salle en y ajoutant notamment un autel, celle-ci devenant ainsi une église copte (voir photo ci-dessous). Leur croix,  présente à de nombreuses reprises dans le temple d’Isis, est parfois composée de 12 traits faisant référence aux 12 apôtres. Les 4 points sont les 4 clous de la crucifixion de Jésus.


Salle hypostyle du temple d'Isis - Autel chrétiens copte.

Dans le sanctuaire, le Saint des Saint, on réalisait un culte 3 fois par jour (matin, midi et soir) afin d’aider l’accouchement d’Isis. Une statue d’Isis devait s’y trouver, seuls le Grand Prêtre pouvait s’en approcher. Au dessus de la porte, une scène d’offrande nous montre Horus représenté avec un doigt porté à sa bouche, afin de signifier qu’il était un enfant.

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Sanctuaire du temple d'Isis - Offrande du roi, Horus et son doigt dans la bouche.

A l’est du Temple d’Isis, le kiosque de Trajan (un empereur romain) était destiné à recevoir la barque d’Isis. Celle-ci effectuait rituellement le voyage jusqu’à l’île voisine de Biggeh dédiée à l’époux défunt Osiris.

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Kiosque de Trajan.


Source Bibliographiques
- RACHET G., 1983. Dictionnaire de l’archéologie. Editions Robert Laffont, Paris. 1052 p.
- Visite personnelle de l’île d’Agilkia le 25 octobre 2011.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:12
Le temple principal de Kôm Ombo dédié à Haroëris et à Sobek

A 40 km au Nord d’Assouan, le temple de Kôm Ombo domine la rive droite du Nil. Le nom ancien de ce tertre (« Kôm ») est Nb(j)•t, soit Nebyt. Ce Nom s’est transformé progressivement par l’ajout d’une voyelle ou d’une consonne en Jmb (démotique), en Embw (copte) et en Ombo (grec et latin). Il ne faut pas confondre Nb(j)•t avec la ville de Seth entre la Thèbes occidentale et Denderah qui est mentionnée dans un passage du Texte des Pyramides. Les premiers passages relatifs à Kôm Ombo n’apparaissent qu’à la Première période intermédiaire.


Vue aérienne (via google maps) et schématisation des ruines de Kôm Ombo. Le temple principal est structuré en 3 grandes parties, dont seules les décorations sont datées précisément : le naos ou le temple proprement dit ; le pronaos avec sa grande salle hypostyle délimité par le second mur d’enceinte, six chapelles percent la paroi nord de celle-ci ; la cour entourée du premier mur d’enceinte. Les coordonnées des constructions de ce site sont les suivantes : 24°27'7.87"N, 32°55'42.08"E.

Les temples de Kôm Ombo ont été déblayés par le Service des Antiquités en 1893. Ils datent de l’époque post-pharaonique. L’état de délabrement actuel est dû en partie par les hommes qui ont occupé le lieu et qui s’en sont servis comme carrière. Le Nil a également rongé le plateau détruisant ainsi le montant ouest de la grande porte et une bonne moitié du mammisi.  L’ensemble de Kôm Ombo était entouré à l’origine par un mur ancien de briques, dont il ne reste qu’une infime partie encore intacte. Le mur actuel a été construit après le déblaiement. Le temple principal, dédié à Sobek et à Horus le Grand, est orienté nord-est/sud-ouest. Quelques édifices l’entourent : à l’ouest le mammisi (non visible sur la carte ci-dessus) et la grande porte d’entrée dont seul le montant subsiste ; à droite en passant par cette porte la chapelle d’Hathor ;  au sud les vestiges d’un puits ptolémaïque ; et au nord-ouest le reposoir, deux puits romains avec un bassin, la « porte romaine », des colonnes, la base d’une église copte et un presbytère copte.

Le temple principal présente la particularité d’être divisé en 2 parties parfaitement symétriques. On ne peut malgré tout pas par parler d’un temple double car les textes (principalement des monographies), décrivant le temple majeur de Kôm Ombo, précisent notamment « temple d’Haroéris et Sobek, seigneurs d’Ombo. On retrouve également des restes d’inscriptions associant les 2 divinités. Les sanctuaires présentent la particularité d’associer l’ouest ou l’est à l’une ou l’autre divinité, alors qu’il n’y a pas de partage exclusif sur les parois des autres salles. Certains considèrent que la partie gauche (nord) est dédiée à Haroëris, sa femme Tasenetnéféret et leur fils Penebtaoui, tandis que la partie droite (sud) est dédiée à Sobek, son épouse Hathor et son fils Khonsou. L’état de conservation des salles ne permet pas d’être catégorique.

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 Grande Salle hypostyle à Kôm Ombo. 

Haroéris (Transcription grecque de Ḣr-wr, Horus le Grand ou Horus l’ancien) de Kôm Ombo, est un dieu faucon guerrier et purificateur. Un mythe révèle que les 2 yeux d’Haroéris sont le soleil et la lune, tandis que la version héliopolitainne  racontent que les enfants d’Atoum-Rê sont ses enfants-yeux Shou et Tefnout. Un texte assez étonnant, traduit par Adolphe Gutbub, provenant du naos du temple de Kôm Ombo nous précise le caractère guerrier d’Haroéris. Ce récit nous décrit une traque de rebelles qui s’étaient réfugiés dans la butte d’Ombo. Rê, Haroëris, et Harsiesis (Horus le jeune) se rendent dans les temples d’Ombo. Un espion envoyé par Thôt à la demande de Rê trouve 257 ennemis sur la rive du « Grand Lac » (peut-être le Nil). 

Apparemment ces ennemis émettent des calomnies à l’encontre de leur père (Rê ou Haroëris ?), selon ce que l’espion peut entendre. Rê souhaite qu’un dieu puisse les massacrer tous jusqu’au dernier. Thôt répond alors : « C’est Haroëris, qui réside ici, et (qui est aussi) le dieu Shou, fils de Rê ; il est le maître du massacre de la terre entière ; qu’il aille donc contre eux et qu’il accomplisse un carnage parmi eux ». Le passage se termine ainsi : « On le convoqua en présence de Rê, et Rê lui donna sa force ; il le munit d’armes de combat et de tout équipement de guerre. Le visage d’Haroëris devint cramoisi, sa majesté fut en rage, tous ses membres se mirent à trembler, car il était en fureur, ses couteaux attaquant ces méchants ennemis, être au cœur intrépide pour repousser les rebelles. » (Passages provenant de « Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne Égypte, II. Mythes, contes et poésies par  LALOUETTE C., 1987 »). Cet épisode se rencontre également dans le temple d’Esna. Le texte décrit qu’une guerre s’est déclarée à la suite d’un grand bouleversement planétaire. Les rebelles ont entendu un jour les paroles de Rê en amont et à l’ouest de Per-Neter (la maison de dieu), le lieu dans lequel Rê s’est réfugié pour se cacher de ses ennemis. Cet endroit est appelé le « château d’Ombo » dans le texte de Kôm Ombo, ou « le très grand château du dieu caché » pour la version d’Esna.

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Scène de purification du pharaon par Horus le Grand (à gauche) par Thôt (à droite), sur la façade de la Grande salle hypostyle du temple principal de Kôm Ombo. Sobek (derrière Horus le Grand) est coiffé ici par 2 plumes recourbées avec présence de cornes de bélier et d’un disque solaire. Photo prise le 22 novembre 2011. 

Sobek est quant à lui, le dieu crocodile vénéré à Kôm Ombo et également dans la région de Fayoum. On peut également l’identifier au dieu grec Souchos. C’est un dieu des eaux, de la fertilité. Dans les époques les plus récentes, il devient une réplique de Rê sous le nom de Sobek-Rê et se confond avec d’autres dieux tels qu’Horus le Jeune, Osiris, Ptah, Khnum, Amon, Khonsou et Hâpy. Dans les Textes des Pyramides, le papyrus Tebtynis du Fayoum et le papyrus de la Bibliothèque nationale de Strasbourg n°2 et n°7, Sobek est le fils de Neith. Dans ces textes, celle-ci est également appelée Chedit, Mehet-Ouret et Isis. Elle prend les traits d’une vache. On apprend à Kôm Ombo que Sobek est vénéré à Crocodilopolis. Cette ville, appelée Chédit en égyptien, est située au sud-ouest de Menphis dans la région de Fayoum. Selon plusieurs écrits égyptiens (« connaître l’occident », les textes des Pyramides, le texte des Sarcophages,…), Sobek vivrait dans la région de Bakhou. La montagne de Bakhou est originellement la montagne, localisée en Lybie, derrière laquelle se couche le soleil. Néanmoins cette région désigne également au Nouvel Empire la chaîne arabique. Les égyptologues envisagent également, vu le très grand nombre d’inscriptions, un grand centre de culte dans la ville de Sumnu, bien qu’elle ne soit pas encore localisée. Même si le culte de cette divinité a été fort répandu, il semblerait que ce n’était pas toujours le cas comme le suggère le papyrus de la Bibliothèque nationale de Strasbourg n°2 et n°7 qui décrit Sobek comme : « le secret de la vache-ahet, le fils ainé de Mehet-Ouret ». Selon cette description, on pourrait se demander si Sobek n’était pas un des nombreux noms d’Horus. Le papyrus VI du Ramesseum (puits tombal situé derrière le temple de Ramsès II), confirme ce retour au mythe osirien que Sobek semble incarner. La prudence reste de mise, étant donné la constante évolution des la mythologie égyptienne.

Sobek de Chedit, grand chasseur,
Mâle ( ?) des dieux, dont l’attaque est féroce,
Grand […] vigilant, rapide, aux dents aiguës,
Qui saisit grâce à sa puissance, puissant par son baï.
Noun prend soin de toi à l’intérieur du Grand-Bassin.
Isis te guide (vers) l’horizon, […].
Sobek de Chedit se lève dans la région de l’horizon
Vers […] les offrandes de la Double-Vérité.
(Deuxième hymne du papyrus VI de Ramesseum, ligne 71 à 77. Traduction provenant de BARUCQ A. & DAUMAS F., 2009).



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Dernier pilier de la colonnade est de la cour du temple principal de Kôm Ombo : Sobek avec l’une de ses coiffes caractéristiques.

Les textes de Kôm Ombo sont très variés : on y retrouve des scènes d’offrandes, des hymnes dédiées à des divinités, des recommandations destinées aux prêtres et souvent localisées sur les montant des portes, des textes dédiés aux pharaons et énumérant les travaux exécutés sous son règne, des textes astronomiques présentes sur le plafond du pronaos, « des hymnes d’exhortation à la crainte divine », des calendriers très précis sur le déroulement de l’année liturgique entre les fêtes. Pour être complet, les récits mythiques décrivant les rapports entre divinités nous précisent notamment : le récit du premier combat et du deuxième combat de Shou contre les ennemis de Rê abordé plus haut, le récit de la création d’Osiris à Kôm Ombo, le mythe de la déesse Tasentnefert (la femme d’Haroéris), le mythe des enfants-yeux de Rê,… Bien que l’ensemble des scènes présentées sont parfois moins élaborées que celles du Nouvel Empire, elles véhiculent des informations importantes qui se recoupent souvent par les Textes de Pyramides.

Un magnifique calendrier, situé dans la salle des offrandes, illustre leur système de numérotation égyptien (voir ci-dessous). Il est réparti sur 12 mois de 30 jours et divisé en 3 grandes saisons : 4 mois d’inondation du Nil, 4 mois de germination et développement des cultures et 4 mois de récoltes. Etonnamment, le calendrier égyptien n’est composé que de 360 jours. Contrairement aux Mayas, les Egyptiens ne représentent pas le zéro. De plus leur système de numération est en base 10 comme nous.


Le système hexadécimal égyptien (voir ci-dessous) est composé comme suit : 1 (bâtonnet), 10 (anse de panier), 100 (rouleau de papyrus), 1000 (fleur de lotus), 10 000 (doigt pointant le ciel), 100 000 (têtard), 1000 000 (dieu agenouillé supportant le ciel), 10 000 0000 (supposition sur ce dernier hiéroglyphe). Ce dernier hiéroglyphe appelé šn est le symbole de l’éternité qui est à l’origine du cartouche des pharaons. Le cercle s’est transformé en ellipse afin d’y accueillir les hiéroglyphes du pharaon en son sein. On peut remarquer que ce symbole est présent dans de très nombreuses mythologies : mythologie nordique avec (Cernunnos), mythologie maya (voir codex de Borbonicus à la planche 14), mythologie assyrienne (voir la stèle d’Ishtar posée sur 2 lions au British Museum), mythologie égyptienne (notamment sur un nombre considérable de sarcophages),…

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Calendrier de la salle des Offrandes du temple principal de Kôm Ombo. Sur la droite de l’image, on reconnaît les unités et les dizaines égyptiennes.

Les scènes du temple principal de Kôm Ombo témoignent également de la médecine avancée des égyptiens (voir les instruments de médecine ci-dessous). En effet, cette connaissance proviendrait du dieu scribe Thôt-Djehouty. Celui-ci aurait transmis son savoir aux égyptiens. De nombreux papyri décrivent cette connaissance très élaborée. Je cite comme référence le papyrus d’Edwin Smith qui est un traité de médecine composé de descriptions anatomiques détaillées de nombreuses pathologies. Il aurait été écrit par le célèbre ministre et architecte Imhotep du pharaon Djoser (il serait le fils de Ptah et d’une mortelle selon la mythologie). Les égyptiens pratiquaient depuis plusieurs millénaires avant nous la dentisterie : des momies avec des plombages et des prothèses dentaires ont été découvertes. Le papyrus d’Ebers précise de nombreux remèdes contre les odontalgies, les gingivites, les ulcérations, les abcès et les pulpites. Ce papyrus décrit notamment des préparations de dentifrices destinées à raffermir les gencives. Un couloir de ronde du temple principal de Kôm Ombo est composé d’un magnifique panneau sur lequel figure Isis en position d’accouchement et des instruments de médecines (balances, sondes, pinces, bistouris, cf ci-dessous). Le mécanisme de reproduction était connu au niveau microscopique, compte tenu de certaines fresques sur lesquelles nous pouvons observer des spermatozoïdes et des ovules (voir la photo ci-dessous). Ils ont inventé les tous premiers tests capables de discerner le sexe sur base de l’urine et de préparations à base d’orge ou de blé.

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Représentations d’ovules et de spermatozoïdes à l’intérieur de la tombe d’Aménophis II dans le livre appelé « l’Amdouat ». Ce genre de représentation est notamment rencontré aussi dans la tombe de Ramsès IV. Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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Scène du mur interne de l’enceinte extérieure au nord du temple principal de Kôm Ombo, composée d’instruments de médecine au centre. Isis est présentée en position d’accouchement sur la gauche. Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Compte tenu de la richesse d’informations rencontrées dans le temple principal de Kôm Ombo, il m’est difficile vous présenter ici une étude exhaustive. Ce temple a été étudié en trautre par l’égyptologue Adolphe Gutbub. Il a compilé et étudié l’ensemble des inscriptions du naos. Son travail a été poursuivi à sa mort en 1987 par notamment Danielle Inconnu-Bocquillon, qui fut l’une de ses élèves. J’aurais voulu m’attarder davantage sur l’étude de ce temple et de ses inscriptions, malheureusement celà m’est aujourd’hui difficile faute d’avoir d’autres priorités de recherches. Je reste néanmoins susceptible de compléter dans l’avenir cet article, dont le travail s’est inspiré principalement du livre suivant : « GUTBUB A., 1995. Kôm Ombo. Institut français d’archéologie orientale. 523 p. ».

Sources bibliographiques
- Visite du site de Kôm Ombo réalisée le 24 novembre 2011.
- BARQUET P., 1964. Parallèle égyptien à la légende d’Antée. Revue de l’histoire des religions. Volume 165, Numéro 165-1. pp. 1-12.
- BARUCQ A. 1962. Giuseppe Botti. La glorificazione di Sobk e del Fayoum in un papiro ieratico da Tebtynis. Revue de l’histoire des religions. Volume 161, numéro 161-2. pp. 243-245.
- BARUCQ A. & DAUMAS F., 2009. Hymnes et prières de l’Egypte ancienne. Les Editions du Cerf. 558 p.
- GRANDET P., 2003. Cours d’égyptien hiéroglyphique. Editions Khéops. 845 p.
- GUTBUB A., 1995. Kôm Ombo. Institut français d’archéologie orientale. 523 p.
- LALOUETTE C., 1987. Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne Égypte, II. Mythes, contes et poésies. Editions Gallimard. 311 p.
- LEVÊQUE P., 1996. Recherches égyptologiques : Adolphe Gutbub. Textes édités par Danielle Inconnu-Bocquillon, Kôm Ombo I; Bulletin de liaison du Groupe international d’étude de la céramique égyptienne. ВСЕ XVIII. Dialogues d’histoire ancienne. Volume 22, numéro 22-2. pp. 299.
- QUAEGEBEUR J., 1975. Le dieu égyptien Shaï dans la religion et l’onomastique. Edition Peeters. 350 p.
- SAUNERON S., 1965. L’Egypte. Presses Universitaires de France, 239 p.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:14
Le mythe de la création japonais et l’archéologie : à la (re)découverte de la période Jômon (16 500 ans bp-900 ans bp)

Cet article est à la fois un voyage dans la mythologie japonaise et une redécouverte de la culture Jômon. Je remercie Mickaël d’avoir bien voulu réserver une place à ce texte qui ne vise pas l’exhaustivité. En effet, la protohistoire japonaise et la vie spirituelle des hommes et des femmes de la période Jômon sont un objet d’étude trop complexe pour être examinés et analysés en si peu de lignes. Les mythes d’argile un ouvrage de ma plume (parution en 2013) abordera cette question en s’appuyant notamment sur les données matérielles de l’archéologie nipponne et de l’ethnologie. Notre objectif se limite ici à souligner l’existence matérielle d’artefacts d’un usage manifestement symbolique (et certainement religieux) susceptibles d’être en relation avec des rites supposés mettre en scène l’épisode de la création, en particulier le « sacrifice » de la déesse Izanami et son séjour éternel au royaume souterrain des morts (Yomi). La mort par démembrement d’une divinité est l’une des caractéristiques de nombreuses mythologies (notamment asiatiques) que Mircea Eliade attribue à des sociétés qui pratiquaient des cultes en lien étroit ou direct avec la fertilité. Même fertilité qui – selon l’archéologue Brian Hayden -joue un rôle politique, social, économique et religieux central au sein des sociétés de chasseurs cueilleurs complexes.


La période Jômon : un « mésolithique » japonais caractérisé par la mise en place d’une société de chasseurs-cueilleurs complexes
En Asie, le passage du Paléolithique supérieur à la culture Jômon est marqué par l’usage de la poterie et par une tendance progressive à la sédentarité. Ont simultanément coexisté les cultures Shengwen [1] (Chine), Chulmun [2] (Corée) et Jômon, toutes associées à un style de fabrication de céramiques et à un mode de vie sédentaire. Les poteries à cordons -ou « Jômon »[3]- (voir illustration ci-dessous) seraient les doyennes de l’Humanité [4], mais la récente découverte en Chine de fragments de poteries plus anciens ( 20 000 ans bp) laisse la question en suspens. D’ailleurs, la date de leur apparition au Japon a été récemment réajustée, elles remonteraient, selon la professeure Junko Habu, à environ 16 500 ans bp[5], soit 4 000 ans avant son usage quotidien par les civilisations moyen-orientales[6]. Ces créations sont apparentées à un modèle produit à une date ultérieure (11 000 ans av. JC) dont des fragments ont été excavés sur les berges du fleuve Amour (Russie). Il est prudent de dire que les poteries les plus anciennes de l’histoire humaine auraient été façonnées et cuites par des groupes humains présents dans un large triangle Sibérie-Chine-Japon. Sur une échelle planétaire, il s’agit plutôt d’une révolution de forme (manufacture de contenants), car l’usage de la terre cuite (pour la fabrication de statuettes d’argile) est antérieure aussi bien en Europe Orientale (28 000-27 000 bp[7]) qu’au Japon.

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Poterie (vue d’ensemble et détail du motif à cordes) de la période Jômon retrouvée sur le site de Okyuzuka (préfecture d’Ishikawa). Musée d’histoire du site originel de Nonoichi-Machi. Photographie Rémy Valat).

La Protohistoire nippone échappe au schéma conventionnel des archéologues occidentaux. Elle correspond, selon le découpage chronologique déterminé par les archéologues japonais, aux périodes culturelles[8] Jômon (縄文)[9], Yayoi (弥生)[10] et Kôfun (古墳)[11], c’est-à-dire la continuité chronologique remontant à 16 500 ans bp (ou 11 000 ans bp, selon d’autres estimations) jusqu’à 645 ap. JC. Ces subdivisions singulières reposent uniquement sur des données matérielles (constatation de l’absence fabrication d’objets usuels en terre cuite, puis leur manufacture selon des modèles caractéristiques variables dans le temps et, en période finale de la Protohistoire, sur un mode d’inhumation des élites politiques locales) et diffèrent des critères européens, fondés sur une perspective globale interdisciplinaire. Si la période précédente (Iwajuku) coïncide aux grandes lignes des changements techniques et culturels du Paléolithique, la période Jômon pose problème du point de vue de l’archéologie occidentale, car l’absence d’une société agraire (qui place l’agriculture au cœur du fonctionnement de la société) ne permet pas de la caractériser comme une culture du Néolithique. Certains auteurs (Laurent Nespoulous, Sahara Makoto) la rattache aux caractéristiques communes du Mésolithique européen, dont l’évolution générale tendrait à la « néolithisation[12] ». De même le phénomène de « télescopage », de « rattrapage » ou d’« accélération » technologique de la période Yayoi est une singularité japonaise : l’apparition synchrone du bronze et du fer font passer l’archipel de l’ « Âge de pierre » à l’ « Âge du fer », bien que culturellement (avec la pratique funéraire du dépôt d’objets en bronze), elle pourrait encore se rattacher à l’ « Âge du Bronze » en Europe[13].

Les cent (ou cent-cinquante) siècles du Jômon ont été subdivisés en six principales sous-périodes par les archéologues nippons permettant de dégager les principales phases de l’évolution technique et des changements culturels de la période (les limites chronologiques indiquées ci-dessous sont celles conventionnellement admises au Japon) : le Jômon initial (proto-Jômon, selon d’autres auteurs, 10 000 à 8 000 bp), précoce (ou archaïque, 8 000-6 000 bp), antérieur (ou ancien, 6 000-3000 bp), moyen (3 000-2000 bp), postérieur (ou récent, 2 000-1 000 bp) et final (1000-500 bp). La culture Jômon sera progressivement subjuguée par une nouvelle vague de migrants venue du continent à la période Yayoi (Ve siècle av. JC-IIIe siècle ap. JC), importatrice de technologies (riziculture, bronze) et d’une culture nouvelles.

La population japonaise protohistorique a fait l’objet de nombreuses recherches, mais nos connaissances sur son effectif et son mode de vie restent en bonne partie spéculatives en dépit de l’importance des données de l’archéologie. Selon le professeur Shuzo Koyama[v14], la population générale (avec des variations locales) aurait décuplée entre le Jômon naissant (20 100 hab.) et moyen (261 300 hab.), puis diminué progressivement de deux tiers (160 300 hab. Jômon tardif /75 800 hab. Jômon final), mais ces estimations sont probablement surévaluées. Ces variations ont été constatées sur la façade orientale de l’archipel ; sur le versant ouest, la population aurait augmentée lentement pendant toute la période. Il est certain que la densité est toujours restée inférieure à un habitant au kilomètre carré, sur tout le territoire archipelagique.

Sur l’ensemble des îles du Japon (à l’exception probablement de l’île d’Hokkaidô), les groupes humains étaient mobiles dans les limites d’un territoire dispensateur de nourriture (grâce à l’adoucissement du climat) et adaptaient leurs stratégies de subsistance en fonction des disponibilités. La découverte de la poterie a permis certes la conservation des aliments, mais les tribus continuèrent à connaître des migrations saisonnières lorsque les ressources d’un endroit se tarissaient ou s’étaient épuisées. Les stratégies de subsistance sont opportunistes et les conditions de vie ont considérablement varié dans le temps et dans l’espace. Les membres de la communauté chargés de la collecte, de la chasse ou de la pêche se dispersaient du centre principal d’habitations (rarement de grottes) ou de centres de chasse, de pêche ou de collecte périphériques pour ravitailler le groupe[15]. Lorsque les ressources alimentaires viennent à suffire (sur les îles d’Hokkaidô et de Kyûshû[16] principalement), les communautés se sédentarisent et le ravitaillement en profondeur s’effectue à partir de centres périphériques permanents.

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Carte du Japon. 

Les hommes du Jômon se sont adaptés aux ressources naturelles : essentiellement installés dans le nord-est du Japon, leur environnement de prédilection était les forêts à feuilles caduques, productrices de fruits durs (plus de 50 % de l’apport calorique des hommes du Jômon[17]). La poterie servait à la cuisson lente et à la conservation des fruits de la cueillette, ce qui eu pour principal effet d’améliorer les conditions sanitaires et l’espérance de vie (celle-ci excèdait légèrement la trentaine d’années pour les individus ayant pu atteindre l’âge adulte). Ces cultures marginales, que nous pourrions qualifier d’horticulture (ou de « niches de productions »[18]), ne constituaient pas le régime principal de la population et le cycle saisonnier des collectes d’aliments et de la chasse rendaient les hommes tributaires des aléas de la nature.

Les communautés n’étaient pas totalement autarciques : des liens de proximité existaient, comme en témoignent les changements et les parentés stylistiques dans les productions artisanales. L’amélioration de la qualité des produits artisanaux[19], la présence de produits finis exhumés en des sites éloignés[20] de leur lieu de production[21] prouve l’existence d’une économie reposant sur l’échange de biens (déjà constatée au Paléolithique, mais d’une plus grande ampleur et sur de plus longues distances, par voies de terre et de mer[22]), la spécialisation de la production et la gestion des surplus.

Ces changements ont probablement modifié la physionomie des communautés qui se sont structurées tout en générant des inégalités sociales plus prononcées. Il n’existe pas de traces archéologiques significatives de hiérarchisation pérenne (Jômon moyen et tardif), la distinction entre les individus était probablement horizontale, en fonction de leur position « socio-économique» au sein de la tribu. Bien qu’il n’existait probablement pas, selon la professeure Junko Habu, de transmission héréditaire du pouvoir[23], nous sommes bien en présence d’une société ayant toutes les caractéristiques des chasseurs-cueilleurs complexes.

La mythologie japonaise : tableau général
Les mythes japonais ont été modifiés et épurés lors de leurs rédactions ; toutefois des deux mythes officiels subsistants, le Kojiki comporterait les séquences et les épisodes les plus complets. Ces textes, rédigés plusieurs siècles après l’introduction de l’écrit au Japon[24], sont pour les plus importants, le Nihongi (日本紀) ou Nihonshoki (日本書紀)[25] et le Kojiki (古事記).

Le premier, rédigé en 720 ap. JC, a fait l’objet d’une traduction du chinois classique vers la langue anglaise par William George Aston (1841-1911)[26], linguiste de formation et interprète auprès de la légation britannique au Japon ; le second, traduit en 1882 par Basil Hall Chamberlain, a été finalisé en 712 ap. JC. Or, ces textes, et a fortiori le premier cité, sont l’aboutissement d’un long processus séculaire de tentatives publiques et privées d’écriture de l’histoire du Japon ancien[27]. Son objectif est de figer une histoire officielle et de mettre un terme aux nombreuses contrefaçons et ré-écritures servant des intérêts particuliers. Le flores des généalogies fictives mettaient en péril l’équilibre de l’État, car ces dernières justifiaient des revendications à l’exercice de hautes fonctions. Cette histoire a été transcrite phonétiquement en hiragana[28] pour « en faciliter l’intelligence » et en élargir le lectorat potentiel (entre 720 et 878 ap. JC). Cette version de vulgarisation est intitulée Kana Nihongi.

Le tableau mythologique tel qu’il nous est parvenu décrit un environnement naturel dans lequel évoluent les dieux (les kami), mais rien dans la description de la faune, de la flore et des paysages ne permet de « dater » le texte. Le cadre géographique paraît atemporel, voire immuable : l’espace japonais est celui des dieux, tels qu’ils l’ont façonné et ne paraît susceptible d’aucun changement. Le décor est le Japon au présent de la rédaction, c’est-à-dire le VIIIe siècle ap. JC. En revanche, d’un point de vue diachronique, une évolution se dessine. Floue et incertaine dans leurs descriptions de la « Création », le Kojiki et le Nihongi décrivent nettement un univers avec un panthéon de divinités immanentes et omniprésentes duquel émergent progressivement des « héros », héréditairement d’essence divine, qui entrent -à leur mort terrestre- dans le panthéon des kami (dieux) japonais. Ces « héros » et les premiers empereurs de l’ « âge historique » sont des fabrications postérieures reflétant le contexte géopolitique et social de la période Kôfun.

Le mythe des origines japonais, comme tous les mythes, a subi des influences culturelles et religieuses d’un environnement géographique et temporel proches (notamment le taoïsme chinois[29], le bouddhisme[30]) ou plus lointains dans l’espace et dans le temps (groupes de populations venues d’Asie centrale à la période Paléolithique) et d’Océanie[31]. Ces empreintes extérieures sont indéniables, mais un simple regard porté sur les mythes fondateurs de civilisations géographiquement proches (mais pas seulement), la Corée (royaume de Koguryŏ[32]) et la Chine par exemples, permettent de relever de frappantes similitudes : les deux traditions attribuent communément à un œuf l’origine de l’univers (« mythe de l’œuf cosmique »[33]). Tous ces récits ont la même trame, parce que les mythes de la création de l’humanité, outre leurs similtudes dans le récit, auraient – bien que modifiés dans le temps- été tous imaginés dès le Paléolithique[34]. Il ne fait quasiment aucun doute que le 1er volume du Kojiki et le chapitre « l’Âge des Dieux » du Nihongi (et plus particulièrement l’épisode relatif au couple divin Izanami et Izanagi) recèlent de précieuses informations -certes altérées- sur le panthéon, la cosmogonie et probablement les rites autochtones du Japon préhistorique[35].

Si la création de l’univers est le résultat d’un « œuf cosmique » scindé en deux parties, la suite du récit est porteuse de récurrentes références à la fertilité (démembrement de la déesse Izanami, morte en se sacrifiant pour donner la vie), signe que ce récit pourrait être le produit d’hommes appartenant à une société pratiquant la domestication des plantes[36]. Ce qui pourait effectivement correspondre à la période Jômon. D’ailleurs, cet épisode se situe juste après celui de la Création elle-même :  ce récit aurait été -du point de vue eladien- élaboré par des populations de générations plus anciennes pratiquant le nomadisme et vivant de la prédation.

La Création (I) : de l’« œuf cosmique » à l’Être suprême ?
Proche des premières lignes de l’Ancien Testament (nous prenons ce texte comme point de référence, parce qu’il est largement connu du public occidental), le Nihongi décrit l’univers antédivin comme une masse chaotique oviforme renfermant deux éléments[37], l’un positif et l’autre négatif qui, une fois séparés, donneront naissance au Ciel et la Terre. Le ciel, espace « pur », « clair » et éthéré s’est détaché de la lourde et énorme masse de ce qui deviendra la Terre pour s’élever et occuper son nouveau domaine. C’est dans le Ciel que les « êtres divins masculins» font leur apparition : ces divinités sont produites par le germe original, devenu un roseau (comme axe mettant en communication le céleste et le terrestre).

La première d’entre-elles est kuni-toko-tachi-no-mikoto[38] (国常立尊). Ce dieu primordial, qualifié par un idéogramme soulignant son importance (尊)[39], pourrait s’apparenter aux Êtres suprêmes, tels qu’ils apparaissent dans de nombreuses religions traditionnelles. De même le Kojiki (ainsi qu’une tradition du Nihongi et le Kogoshui) attribue (par son appellation même) la fonction de « maître du centre du ciel » au premier dieu : Amenominakanushi (天之御中主)[40].

Le phénomène de la croyance en un « Être divin, céleste, créateur de l’univers » est, selon Mircéa Eliade, avéré, quasi-universel et serait, à la lecture du Kojiki, également une des caractéristiques de la tradition japonaise[41]. Elle l’est également des cultures ayant donné préséance aux dieux ouraniens dans les civilisations proches, telles la Chine[42] et la Corée[43]. L’historien des religions ne peut certes définir avec certitude si cette dévotion aurait été l’unique et originelle croyance des hommes protohistoriques et si, comme l’écrit Mircea Eliade, les « autres formes religieuses (…) apparues ultérieurement [représenteraient] des phénomènes de dégradation »[44].

S’il est presque certain que cette conception du divin trop abstraite et personnifiée est présente dans l’environnement culturel et géographique du Japon protohistorique, il est difficile d’affirmer que cette croyance ait été celle des populations du Jômon. Certes, le culte d’Êtres suprêmes a été constaté par les ethnologues : aussi bien en Afrique, en Asie[45], en Australie, en Amérique du Nord, sur le continent Arctique et globalement par les peuples ouralo-altaïques (groupe linguistique auquel appartient le japonais). L’hypothèse de la croyance en un Deus Otiosus (c’est-à-dire un dieu créateur tombé dans l’inaction) serait d’autant moins à exclure qu’il était encore vénéré au XIXe siècle, sous une forme édulcorée, par les populations Ainu de l’île septentrionale d’Hokkaidô (populations qui seraient les descendantes directes des hommes et des femmes du Jômon). Ce dieu appelé « kamui », laisserait effectivement supposer que les dieux japonais, les « kami », auraient – après un « phénomène de dégradation[46] » –été appropriés par les communautés de l’archipel et se seraient, selon un processus constaté auprès d’autres civilisations, substitués à la primo divinité omnipotente[47]. La vénération d’un Être suprême pourrait peut-être s’apparenter à un culte rendu à l’  « esprit » d’un grand ancêtre du clan… Ces spéculations – bien qu’étayées par des enquêtes ethnologiques- ne sont pas confirmées par l’archéologie : aucun indice matériel ne laisse supposer de l’existence d’une telle croyance[48]. Le doute subsiste, mais l’hypothèse d’un Être suprême paraît être, de mon point de vue, spéculative, faute de preuves matérielles (statuettes ou artefacts représentant cette entité).
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Dim 22 Sep 2019 - 19:14
La Création (II) : la « faute » d’Izanami, le sacrifice du double impur et le voyage initiatique d’Izanagi
« Alors, toutes les divinités célestes ordonnèrent aux deux divinités Izanagi-no-mikoto et Izanami-no-mikoto : Parfaîtes et solidifiez ce pays qui flotte à la dérive.Elles leur confièrent une céleste hallebarde ornée de joyaux et elles les mandatèrent. En conséquence, les deux divinités, debout sur le céleste pont flottant pointèrent vers le bas cette hallebarde ornée de joyaux et elles barattèrent. Cela faisait clapoter l’eau salée. Et quand elles la retirèrent, des gouttes tombèrent de l’extrémité de cette hallebarde ; elles s’empilèrent les unes sur les autres et elles formèrent une île. C’est l’île d’Onogoro-jima. Les divinités descendirent du ciel sur cette île, y dressèrent soigneusement un céleste pilier et y édifièrent un pavillon de huit brasses. Alors Izanagi-no-mikoto demanda à son épouse : Izanami-no-mikoto : comment ton corps s’est-il formé ? Et elle répondit : Mon corps s’est formé progressivement, et il est un endroit où il ne s’est pas formé. Alors, Izanagi-no-mikoto dit : Mon corps s’est formé progressivement et il est un endroit où il s’est trop formé. En conséquence, je pense que nous pourrions engendrer le pays en comblant l’endroit de ton corps qui ne s’est pas assez formé avec l’endroit de mon corps qui s’est trop formé. Que penses-tu de cet enfantement ? Izanami-no-mikoto répondit : Ce serait bien ainsi. À ce moment, Izanami-no-mikoto dit : Et bien, moi et toi, venons à la rencontre l’un de l’autre en tournant autour de ce céleste pilier, et unissons-nous en ce lieu. Ils échangèrent ainsi des serments et il dit : Toi, viens à ma rencontre en tournant vers la droite. Moi, j’irai à ta rencontre en tournant vers la gauche. Et quand ils eurent fini d’échanger des serments, ils tournèrent, et Izanami-no-mikoto, la première, dit : Quel bel homme !Puis Izanagi-no-mikoto dit : Quelle belle femme ! Après que chacun eut ainsi parlé, il dit à son épouse : Il n’est pas bon que la femme parle la première.Cependant, ils s’unirent sur la couche nuptiale, et l’enfant qu’ils engendrèrent n’avait point d’os. Ils placèrent cet enfant sur un esquif de roseau et ils le jetèrent au fil de l’eau. Ils donnèrent ensuite naissance à l’île d’Awa, mais celle-là non plus ne fut pas comptée au nombre de leurs enfants.

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Le couple divin Izanami-Izanagi. 

Alors les deux divinités s’interrogèrent et elles dirent : les enfants que nous avons engendrés ne sont pas bons. Nous devons sans aucun doute en faire parvenir la nouvelle auprès des divinités célestes. Et elles remontèrent ensemble demander leur avis aux divinités célestes. Alors les divinités célestes pratiquèrent la divination et elles dirent : Ils ne sont pas bons car la femme a parlé la première. Redescendez et parlez à nouveau[49]. [Retournés sur le monde terrestre, le processus se répète, mais cette fois Izanagi s’exprime le premier et sont ainsi créées les premières îles de l’archipel nippon.]

Pour les Japonais, la création du monde n’est pas l’oeuvre d’un dieu originel unique, mais plutôt celle de sa descendance, plus précisément du premier couple de sexes différenciés et opposés (masculin-féminin/ciel-terre[50]) : Izanagi et Izanami. Les couples sont une constante des mythes de la création ou de la recréation du Monde (mythologie nordique) [51]. Ce duo d’êtres complémentaires (frère-soeur/mari-femme) constatant la vacuité du monde terrestre, créent, par un acte au net symbolisme sexuel, la première île de l’archipel en barattant l’eau salée à l’aide d’une hallebarde céleste ornée de joyaux, le tamaboko (玉鉾); des gouttes retombées sur les flots, puis agrégées entre-elles et solidifiées émergent une île, baptisée : le « pilier du centre de la terre » (Ono-Goro-Jima). Le mythe de la création du monde terrestre est tout au long du récit associé au tamaboko, objet renvoyant à la notion de centralité, d’axe du monde, d’échelle permettant la communication entre le ciel et la terre (axis mundi). C’est autour de cet axe, planté dans le sol, que les deux divinités se déplacent, prononcent la phrase rituelle du mariage sur les différentes îles sur lesquelles ils se rendent pour procréer de nouvelles divinités ou créer de nouvelles îles.


La création reste cependant entachée, par le « péché originel [52] » d’Izanami. Cette dernière ayant prononcé – en lieu et place de l’époux- la phrase rituelle précédant l’union physique, cette maladresse constitue un irréparable manquement : c’est la « faute [53] ». Cet acte est sanctionné par la naissance de monstruosités, notamment un enfant sans os (une limace), lequel est abandonné sur esquif de roseau [54]. Plus tard, lorsque le protocole est respecté, Izanami crée les principales composantes de la nature (les rivières, les montagnes, les arbres, etc.), mais également le soleil et la lune.

Toutefois, la « faute » d’Izanami ne peut être expiée : Izanami meurt en couche en donnant naissance au dieu du feu, Kagu Tsuchi (迦具土), mais de son corps en décomposition sous l’action destructrice des flammes apparaissent les divinités associées à la fertilité : l’eau, la terre, le mûrier, cinq variétés de graines (chanvre, millet, riz, maïs, légumes secs) et le ver à soie. Commence alors pour Izanagi, un parcours initiatique[55] : enfanticide de Kagu Tsuchi, descente dans le monde chtonien des morts (Yomi) pour y retrouver son épouse, échec de sa quête initiale (Izanagi éclairé par une dent d’un peigne aperçoit le corps décomposé d’Izanami, enfreigant ainsi la promesse qu’il avait faite à son épouse de ne pas porter son regard sur elle) et enfin purification du dieu à son retour dans le monde terrestre des vivants, préliminaire à son ascension définitive dans les cieux. Izanami est par conséquent responsable de son malheur, par son péché, elle est devenue impure[56].

Ce voyage initiatique aux enfers (répété par les dieux Opo-kuni-nushi[57]) témoigne des racines profondes du mythe, dont on retrouve la trame, par exemple dans la tradition indoeuropéenne et dans de nombreux mythes anciens[58] : la tristesse d’Izanagi n’est pas sans évoquer la lamentation universelle décrétée par les Ases après la mort du dieu Balder[59], le regard fatal échangé par le couple rappelle celui d’Orphée et d’Eurydice[60], le voyage sans retour de Gilgamesh[61] aux enfers, histoires ayant comme thématique commune et récurrente un séjour au pays des morts. Cet épisode souligne aussi et surtout l’importance de la purification après la souillure ou kegare[62] (souvent la putréfaction ou les excréments), une constante fondamentale du Shintô (la religion nationale du Japon). Enfin, ce récit laisse à penser qu’il aurait existé des rites d’initiation au sein des communautés Jômon (des ablations volontaires de dents, constatées sur des squelettes retrouvés dans des tombes de différents sites Jômon confirment cette hypothèse).

Un mythe ritualisé ?
Dans les sociétés traditionnelles, les mythes sont mis en scène : le temps de la Création est « réactualisé ». Si il est difficile de « dater » l’élaboration de l’épisode de la « mort d’Izanami », de forts indices prêtent à penser que ce dernier faisait partie intégrante des rites de quelques communautés de la période Jômon. La concordance des données archéologiques avec le récit et les caractéristiques de la société qui la produit (société pratiquant la domestication des plantes, nous l’avons dit) viennent étayer cette hypothèse.

Les traces matérielles sont des indicateurs de rites, associés à des croyances, exprimées par le mythe. Le tableau ci-dessous fait sommairement le lien entre les vestiges matériels et des éléments du mythe.




Objet

Interprétation

Probables représentations symboliques des divinités

Masques

Il existe peu de données archéologiques sur les masques de la période Jômon : une trentaine seulement a été inventoriée[63]. Les plus anciens modèles ont été retrouvés dans l’île de Kyûshû : ils ont été confectionnés à partir de valves d’huîtres, percées pour représenter la bouche et les orbites oculaires.
Au Jômon tardif, deux grandes catégories de masques (avec des variations régionales), portés probablement dans un cadre rituel, dominent :
la première totalement en terre cuite (voir illustration) dont l’objectif est d’amplifier l’expression des traits du visage et de le dissimuler) ;
la seconde, les masques dits « composites », probablement fabriqués en matière organique animale[64] et dont il ne subsiste que quelques parties dures en terre cuite (oreilles, bouches, nez[65]).
Ils paraissent avoir été conçus pour être utilisés lors d’événements exceptionnels. S’appuyant sur des données ethnographiques de populations de la limite nord du Pacifique, l’archéologue Ohtsuka Kazuyoshi avance l’hypothèse que ces ornements étaient portés lors de cérémonies d’initiation. Le travestissement rituel, le port de masques ou la peinture corporelle se retrouvent également dans les cultes chamaniques. Il n’est pas exclu que ces artefacts soient des représentations du visage des divinités Izanami ou Izanagi (ou de tout autre être surnaturel).

Dogû (figurines en terre cuite)

Les dogû (土偶) sont des statuettes anthropomorphes ou zoomorphes en argile, abondamment représentées dans les sites Jômon. Les premières réalisations à figuration humaine, datent du Paléolithique supérieur, mais sont très rares. Les représentations anthropomorphiques des statues, parfois thériomorphes ou asexuées, pourrait s’interpréter par l’ambiguïté des deux divinités de la création, mais il s’agirait plutôt d’un signe de l’évolution des techniques et des conceptions spirituelles (transition de motifs symboliques à des représentations proches de la réalité). Certaines figurines sont représentées, tel Izanagi, en train de pleurer[66]. Statistiquement les représentations feminines sont nettement majoritaires.
Ces statuettes ont été fréquemment retrouvées avec des parties manquantes et les figurines intégrales -ou dont les pièces ont été retrouvées suffisament proches pour reconstruire l’objet original- sont nettement plus rares. Ces artefacts ont souvent été réparés (collage à l’asphalte). L’hypothèse rituelle de leur destruction volontaire ne paraît faire aucun doute dans certains cas et serait sujette à caution dans d’autres. Dans la première hypothèse, il paraît évident que les figurines du Jômon moyen étaient fabriquées dans une glaise peu homogène, les rendant fragiles après leur cuisson, ou bien préalablement fragilisées à l’aide d’un procédé technique[67].
Des spécialistes japonais (Fujimori Eichii et Mizuno Masayoshi) ont fait le lien entre ces destructions rituelles volontaires et la mythologie, et plus particulièrement l’assassinat de la déesse Opo-guë-tu-pime-no-kami par le dieu Susa-no-wo-no-pikoto (épisode ressemblant à celui de la mort d’Izanami, mais produit provenant d’une autre tradition). Selon le Kojiki et le Nihongi, des éléments épars de son corps démembré tombés à terre des plantes de consommation humaine auraient germées. Ces destructions volontaires de figurines s’apparenteraient à un sacrifice symbolique et pourraient faire référence à un culte pour le renouvellement des espèces (la figurine pourrait dans ce cas symboliser une mère ou bien une « personnification mythique » de la fertilité).
Enfin, certaines statuettes ont été retrouvées enterrées sous une dalle de Pierre[68] (site de Sugisawa, préfecture de Yamagata[69]) : elles pourraient être la représentation d’Izanami séparée de son époux pour l’éternité.

Eléments matériellement présents dans le mythe de la création

Artefacts et monuments symbolisant un axe vertical

Les artefacts et monuments symbolisant un axe vertical sont une caractéristique de la culture Jômon (voir illustrations): certaines catégories de tombes (en particulier les tombes en forme de « cadran solaire », tel le monument funéraire du site de Oyu, préfecture d’Akita), les artefacts en forme de phallus ou de baguettes (les « baguettes de pierre » ou sekibo, 石棒). Ces derniers sont souvent ornés d’inscriptions évoquant le mouvement (celui « du ciel autour de cet axe [70]»), ils pourraient être une représentation de l’axis mundi de la mythologie japonaise, le tamaboko [71]. Il a été constaté par les archéologues que ces baguettes étaient volontairement brisés : les taux de destruction volontaire sont élevés et dans certains cas le taux est de 100 % et de nombreuses pièces portaient des marques de concrétion (site de Terano-Higashi, préfecture de Tochigi).
Sur le site de Mawaki (préfecture d’Ishikawa), un poteau sculpté de 2,5 m de long et de 45 cm de diamètre a été retrouvé. La partie centrale du pilier porte la représentation d’un centre circulaire avec sur chaque côté, droit et gauche, un croissant de lune. Ces objets, et en particulier le « pilier de Mawaki » pourraient être une représentation du Tamaboko.
L’épisode de la danse d’Izanami et d’Izanagi autour de cet axe (inspirée de la tradition chamanique) pourrait avoir été inclus dans le mythe, parce qu’inspiré d’une pratique rituelle de la période Jômon (ou bien le contraire).
Rémy Valat

Monument circulaire du site de Chikamori (préfecture d’Ishikawa). Des monuments en pierre plantées, situées au centre de l’espace communautaire, servaient de cimetière, mais pas toutes ces constructions : celle de Chikamori (cercle monumental de poutres de châtaigners) serait sans lien avec la mort. Il existe des constructions megalithiques, érigées autour d’un axe central (matérialisée ou non) en différents points du Japon (Imodasawada 4, préfecture de Iwate, Oyu, préfecture d’Akita, Wappara, préfecture de Nagano et en Hôkkaidô, etc.), mais leur signification exacte nous échappe (mais celle-ci devait dépasser le cadre funéraire). Photographie : Rémy Valat. 


Sources bibliographiques :
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Yoshida Atsuhiko, 1962. La mythologie japonaiseEssai d’interprétation structurale. Revue d’histoire des religions, tome 161 n°1, pp. 25-44 et tome 163 n°2, pp. 225-248.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:16
Le mythe de la déesse Soleil disparue Amaterasu ou Déméter

L’étude des mythes japonais les plus anciens, et notamment compilés dans le Kojiki, peuvent nous entrainer dans un voyage aux détours souvent inattendus. La mythologie japonaise me semblait, avant de finir cet article, relativement autonome et à part des autres mythologies de part le monde. Néanmoins il n’en est rien. Elle présente des points communs évidents avec de nombreuses mythologies. Cet article s’orientera principalement autour du mythe principal du « miroir d’Amaterasu » et son analogue grec « l’hymne homérique à Déméter ». Vous remarquerez un lien évident entre des ces deux mythes qui ont été écrits à la même époque (8ème siècle). J’ai découvert toute une foule de mythes analogues à ceux du Kojiki, néanmoins il me semble important de poursuivre les recherches avant de vous les exposer. Cet article ne serait alors que la partie émergée d’une vaste étude impliquant la majorité des mythologies du monde et qu’il faudrait situer dans un contexte politique et social planétaire.

Chapitre 1er, le Kojiki
Comme base de recherche de cet article, je renvoie au Kojiki terminé en 712 après JC., une commande de l’Impératrice Gemmei qui souhaitait prouver que chaque Impératrice et Empereur du Japon était le descendant direct de la Grande déesse Amaterasu, la déesse du Soleil japonaise. Le compilateur de ce texte est Ôno Yasumaro. Il s’est basé notamment sur les souvenirs d’Hieda no Are, un sage réputé si intelligent qu’il pouvait répéter oralement tout ce qu’il avait entendu ou lu. Trente ans plus tôt, l’Empereur Temmu – considéré comme le principal partisan des Grandes Réformes de l’Etat japonais – réalisait une demande similaire mais elle n’avait pas pu être aboutie. Comme le signale Delmer Brown (cf. sources bibliographiques), la demande de Temmu était dans l’intension d’augmenter son pouvoir aussi vite que possible étant donné la crainte qu’il avait pour d’éventuelles rebellions ou invasions de l’étranger. Même si nous n’avons pas une image complète des motivations de Temmu pour sanctifier sa souveraineté, les enregistrements historiques montrent que lui et ses successeurs ont donné de sérieuses et continuelles attentions pour construire une religion nationale pour la vénération de la Grande déesse Amaterasu. La preuve la plus évidente du support du gouvernement pour la Grande Déesse Shinto a été trouvée dans une mise à jour du code de loi officiel japonais appelé « Engi Shiki ». Les 10 premiers volumes (au total 50 volumes) sont dédiés à la loi Kami qui inclut une très grande quantité de détails concernant l’autel de la Grande Déesse Amaterasu et les rituels à réaliser en son honneur.

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Déesse du Soleil Amaterasu sortant d’une grotte. Œuvre réalisée par Shunsai Toshimasa’ (春斎年昌) au 19ème siècle. 

Chapitre 2, le miroir d’Amaterasu
Comme je l’ai précisé plus haut, l’objet de cet article tourne autour de cette déesse essentielle Amaterasu. Comme présenté dans la photo précédente, nous l’apercevons sortant d’une caverne. Le Kojiki raconte qu’elle s’y est enfermée suite à conflit avec son frère appelé le dieu de l’orage Susanoo, né de la purification du nez d’Izanagi. Amaterasu, quant à elle, est née de la purification de l’œil gauche d’Izanagi. Les hostilités de son frère débutent lorsqu’il désire partir pour le pays de sa mère défunte Izanami (que Kagu Tsuchi aurait tué à sa naissance par le feu), alors qu’il est désigné par son père pour régner sur la Mer. Izanagi ne comprend pas les plaintes de son fils et pour le punir il le condamne à régner à Taga dans l’Afumi. Irrité, Susanoo détruit des cultures de riz, et souille le palais de sa sœur en y éparpillant des excréments. Amaterasu semble l’excuser en précisant qu’il s’agirait plutôt de vomissement dû à une consommation excessive d’alcool (noter qu’Indra, le dieu de l’orage hindou, est tout comme lui réputé pour ses nombreux excès). Malgré ses excuses, Susanoo continue ses actions malveillantes et devient de plus en plus violent. Il se rend au Ciel pour voir sa sœur mais il clame qu’il n’a pas d’intension négative. En preuve de sa bonne foi, il échange son sabre (brisé en trois morceaux) contre cinq bijoux d’Amaterasu, chacun étant chargé de transformer ces éléments en divinités. Comme il parvient à créer cinq divinités, son exploit supérieur à celui d’Amaterasu lui monte à la tête et il détruit tout sur son passage. L’outrage ultime est de lancer un cheval fouetté dans le Hall Céleste du tissage, si bien qu’une tisseuse se pique et meurt.

A la suite de cet évènement, Amaterasu est terrifiée et elle se réfugie dans une caverne. L’absence de sa lumière provoque l’éclaircissement du ciel et la mort de la nature. Les huit-cent myriades de dieux sont affectées par cette disparition. Elles se concertent dans une Assemblée divine et un plan est élaboré. Un miroir est construit et est placé au milieu d’un arbre (appelé cleyera japonica) composé de cinq-cent branches. Dans les branches supérieures, on place des guirlandes de perles et dans les branches inférieures des bandes d’étoffes bleues et blanches. Le tout est positionné à la sortie de la caverne. Toutes les divinités y sont également présentes. La déesse Ame no Uzume danse et chante. Elle réalise un striptease qui provoque l’hilarité générale et Amaterasu intriguée souhaite savoir qui est cette déesse. Ame no Uzume déclare : « nous nous réjouissons et sommes heureux car il y a une déesse plus glorieuse qu’Amaterasu ». Celle-ci intriguée s’avance en direction de la sortie. Le fameux miroir est positionné au dehors de la caverne. Il suscite la curiosité d’Amaterasu qui s’approche progressivement de la sortie. Le dieu « Ame-no-ta-jikara-wo-kami » (le dieu-à-la-Puissante-Main-Céleste) l’attrape par la main et la fait sortir de sa caverne. La lumière est ainsi restaurée sur le monde provoquant le renouveau de la nature.

Chapitre 3, l’enlèvement de Perséphone
L’absence de la déesse Amaterasu et la manière dont elle attirée à l’extérieur de son refuge est lié intimement à un mythe grec impliquant la déesse Déméter : « l’enlèvement de Perséphone ». Par soucis de clarté je résume ci-dessous ce mythe : Pérséphone, fille de Démeter est enlevée par Hadès, régnant sur le royaume des morts, par la volonté de Zeus. Sa mère entend ses cris d’appels à l’aide et elle cherche alors sa fille sur la terre et sur la mer accompagnée d’Hékaté qui tient dans ses mains des torches ardentes avant de rejoindre Hélios. Celui-ci lui apprend à Déméter que sa fille a été donnée en mariage à Hadès par Zeus. Quand elle découvre la raison de la disparition de sa fille, elle dérobe sa beauté et sa jeunesse. Elle devient ainsi méconnaissable. Elle quitte l’Olympe et se rend vers les villes des hommes. Les quatre filles de Kéléos, nourrisson de Zeus, l’aperçoivent sous un olivier à proximité du puits où elles viennent prélever de l’eau mais elles ne la reconnaissent pas comme une déesse. Elle se dit être Déo et elle aurait été enlevée par des pirates mais elle aurait réussi à s’enfuir. Se déclarant être une excellente nourrisse et bonne, elle se sent prête à vivre dans la demeure d’un homme ou d’une femme qui pourrait lui donner ces rôles. Les filles de Kélos lui apprennent que sa mère Métaneirè a donné naissance à un jeune enfant malgré qu’elle soit âgée. Métaneirè accepte de la recevoir pour lui proposer un rôle de nourrice. Une fois dans la maison de Kéléos, la lumière resplendissante de la déesse saisit Métaneirè de respect et de terreur. Celle-ci lui propose alors son siège éclatant qu’elle refuse. La sage Lambé approche alors un siège recouvert d’une peau blanche et Déméter accepte dès lors de s’asseoir. Cette sage Lambé réussit à l’amuser par des plaisanteries et change ainsi son état d’esprit. Déméter accepte le rôle de nourrice que lui propose Métaneirè. Démeter oint le nourrisson avec de l’ambroisie et l’entoure d’un feu durant la nuit. Métaneirè découvre horrifiée son enfant entouré de grandes flammes. Déméter entre alors dans une terrible colère déclarant qu’elle aurait mis à l’abri de la vieillesse son fils, néanmoins il resterait toujours honoré car il a dormi dans ses bras. Elle fait part de son envie d’être honorée comme il se doit notamment par la construction d’un temple en son honneur. La déesse quitte la demeure en changeant de stature et de forme (« en rejetant la vieillesse ») et la lumière jaillit de son corps. La demeure s’emplit de splendeur et Déméter s’en va. Métaneirè est complètement affecté par ce qui vient de se passer et ses nourrices informent Kéléos qui décide de construire un temple magnifique en l’honneur de Déméter. Celle-ci toujours affligée dans sa peine par la disparition de sa fille affecte la terre et les hommes par une profonde famine (Déméter ayant caché toutes les semences de la terre). Zeus envoie de nombreux dieux avec d’innombrables présents en son honneur mais son cœur ne fléchit pas. Il décide donc de flatter Hadès, via son messager Hermès, afin de laisser revenir à la lumière la fille de Déméter. Le souverain des enfers accepte de laisser partir Perséphone mais il la force à manger des grains de grenade. Ayant gouté à la nourriture de l’enfer et condamnée dès lors à vivre aux enfers selon la loi de ce royaume, Déméter lui propose de retourner un tiers de l’année dans le royaume d’Hadès. La retrouvaille de cette déesse avec sa fille est heureuse. La tendresse de  la déesse Hékatè envers Perséphone est également évoquée (nombreuses caresses) car celle-ci « l’avait accompagnée et suivie ». Zeus envoya Rhéia afin de ramener Déméter parmi les dieux lui promettant tous les honneurs et également que sa fille ne resterait qu’un tiers de l’année dans le royaume souterrain. Rhéia tente d’apaiser par ses propos Déméter (le récit précise que Déméter est irritée contre Zeus), qui accepte à la fin du récit d’initier plusieurs rois aux rites sacrés.

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Triptolème recevant de Déméter et sa fille Perséphone les céréales pour apprendre l'agriculture à l'humanité. Bas-relief d'Éleusis (440 av. J.-C.) exposé au Musée national d'archéologie d'Athènes. 

Chapitre 4, lien entre le miroir d’Amaterasu et l’enlèvement de Perséphone
On aurait ainsi un parallèle entre Déméter et Amaterasu. Toutes deux sont des déesses de la fertilité en chagrin. Leur rôle sur terre est indispensable et les dieux sont affectés par son absence. Dans les deux mythes, la déesse est triste et semble contrainte à cacher son éclat. Dans le mythe de Déméter, sa lumière se reflétant dans la maison de Kéléos est comparable à celle d’Amaterasu illuminant la caverne dans laquelle elle s’est réfugiée. Nous avons dans ces deux mythes un symbolisme fort concernant le rôle divin d’Amaterasu et de Déméter. La frivolité d’ Ame no Uzume est une des étapes du changement d’état d’esprit d’Ameterasu, tout comme le rôle de Lambé dont les plaisanteries changent l’état d’esprit de Déméter. La nudité n’est pas clairement évoquée dans les Hymnes homériques mais ce n’est pas le cas de toutes les versions de ce mythe grec. En effet, une version de attribuée à Philochore explique que Lambé énonce des frivolités et réalise des gestes futiles. La notion de nudité est également évoquée dans la version de Clément d’Alexandrie lorsqu’il précise que Baubô «  se montre de tout son corps tout ce qu’il y a d’inconvenant ». Notez que Baubô signifie en grec vulve. L’Hymne à Déméter de Philikos (un contemporain de Ptolémée II) nous apporte un élément important : le silence de Déméter est brisé par l’intermédiaire de Lambé qui tient des propos sans retenue et permet ainsi à la déesse de «  se lever d’un rocher nommé sans sourire ». Ce rocher semble évoquer la caverne d’Amaterasu. Outre l’intervention d’une déesse frivole, la symbolique du miroir ou du siège est comparable. Nous y retrouvons un stratagème afin de faire assoir la déesse dans son rôle divin : dans la version japonaise, un miroir est placé au milieu d’un arbre et il est sensé refléter une image d’elle rayonnante ; dans la version grecque, Déméter est assise sur un trône d’or caché par un drap blanc. Ce moment caractérise le changement d’état d’esprit opéré pour les deux déesses qui doivent dévoiler à nouveau leur image lumineuse. On pourrait considérer le siège brillant de Déméter comme une image du reflet de la lumière solaire d’Amaterasu dans le miroir. Le symbolisme va bien plus loin : nous avons également un rappel du péplos bleu de Déméter et du drap blanc posé sur le siège qui se retrouve dans les bandes bleus et blanches suspendues dans l’arbre japonais. Celui-ci se retrouve aussi  dans la version grecque (arbre à feuilles persistantes) lorsque Déméter attend sous celui-ci les filles de Métaneiré avant d’entrer dans la maison de Kéléos. Cela n’est pas un hasard. La grande différence consiste en la précision du mythe grec. Il ajoute notamment la retrouvaille de Déméter avec sa fille et les honneurs auquel elle a droit. Le point final commun de ces deux mythes considère la sortie d’Amaterasu de sa caverne et de Déméter de la maison de Kéléos. Cet évènement s’accompagne dans les deux cas du retour de la lumière sur le monde et que les deux déesses ne semblaient plus assumer.

Comparaison entre « le mythe du miroir d’Amaterasu » et l’hymne homérique de Déméter ».

Mythe japonais
Mythe grec

Déesse principale du mythe
Amaterasu, la déesse du soleil et de l’agriculture
Déméter à la belle couronne, déesse de l’agriculture, elle est capable de changer d’apparence et lorsqu’elle reprend son apparence normale une lumière jaillit de son corps.

Cause du départ de la déesse de l’agriculture
Susanoo envoie un taureau fouetté dans hall du ciel et une tisseuse de Déméter se tue
Zeus demande à Hadès (Aidôneus) son frère, le dieu des enfers, d’enlever Perséphone

Action de la déesse et conséquence sur Terre
Fuite dans une caverne obstruée par un rocher, disparition de la lumière du soleil
Interruption des activités agricoles de Déméter qui part à la recherche de sa fille, changement d’apparence en une vieille femme sans lumière

Conséquence pour les Dieux
Les dieux sont inquiets de l’absence de lumière et se réunissent en un conseil pour trouver une solution
Zeus le chef du panthéon grec s’inquiète de la famine des humains

Réticence de la déesse à reprendre sa place divine
La déesse est réticente à l’idée de sortir de sa caverne
Dans la demeure Kéléos, Déméter est réticente à s’assoir sur le trône de Métaneirè.

Comparaison symbolique des éléments du miroir-arbre et du siège
Un arbre aux feuilles persistantes est placé devant la caverne
Un peu plus tôt dans le récit grec, la déesse était assise au bord de la route (non loin du puits Parthénien) et un olivier touffu croissait, soit un arbre aux feuilles persistantes, au-dessus d’elle. « Elle était semblable à une vieille femme privée du pouvoir d’enfanter et des dons d’Aphrodite »

On accroche à l’arbre, aux branches supérieures des guirlandes de joyaux, aux branches moyennes un miroir. Noter que plus tard dans le récit, Amaterasu s’empare du miroir et également de la guirlande de joyaux
La déesse est invitée à s’assoir sur un siège éclatant (le récit ne le précise pas mais probablement que le siège reflète sa propre lumière tout comme un miroir)
Aux branches inférieures de l’arbre, on place des bandes d’étoffes blanches et bleues
La Sage Lambè approche pour la déesse un siège solide qu’elle recouvrit d’une peau blanche. Noter qu’un peu avant d’entrer dans la demeure, Déméter est décrite : « le péplos bleu flottait autour des pieds légers de la déesse »

Déesse dansante
Ame no Uzume  danse , chante et dévoile son sexe devant l’Assemblée divine. Amaterasu sort de la caverne intriguée de savoir qui est cette déesse
La déesse Lambè (la frivole Baubô), plaisante ce qui fait rire Déméter et réjouît son âme

Conséquence finale du récit
Renouveau de la nature.
La vérité sur la vraie nature de Déméter est racontée au mari Kéléos et celui-ci convoque la multitude du peuple pour construire un temple dédié à Déméter. Elle reste malgré tout amère et il faudra le retour de sa fille et également tous les honneurs qu’elle désire sur l’Olympe pour qu’elle s’apaise et qu’elle reprenne son rôle dans l’agriculture.


Sources bibliographiques
BROWN D. Kojiki. Japanese Historical Text Intiative. University of California at Berkeley. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Consulté le 15/10/2012.
CHAMBERLAIN B. H., 1981. The Kojiki. Records of Ancient Matters. Periplus Editions, Boston.
HOMÈRE, 1893. Hymnes homériques. Traduction de Leconte de Lisle. A. Lemerre, pp. 441-456 Consulté le 17 novembre 2012.
OLENDER M., 1985. Aspects de Baubô. Textes et contextes antiques. Revue de l’histoire des religions. Volume 202, Numéro 202-1. pp. 3-55.

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Dim 22 Sep 2019 - 19:17
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Papillon
La métamorphose de la chenille en papillon est un symbole universel.

Que symbolise le papillon ?
Au Japon, le papillon est un emblème de la femme; deux papillons figurent le bonheur conjugal. Léger, le papillon est un esprit voyageur; sa vue annonce une visite ou la mort d'un proche.
Chez les Aztèques, le papillon est un symbole de l'âme, ou du souffle vital échappé de la bouche de l'agonisant. Un papillon jouant parmi les fleurs représente l'âme d'un guerrier tombé sur un champ de bataille. En effet, les guerriers redescendent sur terre sous forme de colibris ou de papillons.
Au Zaïre, un mythe raconte que l'homme suit de la vie à la mort le cycle du papillon. Il est dans son enfance une petite chenille, une grande chenille dans sa maturité; il devient chrysalide dans sa vieillesse; sa tombe est le cocon d'où sort son âme, qui s'envole sous la forme d'un papillon.
La ponte de ce papillon est l'expression de sa réincarnation.
En Grec, le terme de psyché désigne à la fois, l’âme humaine et le papillon. Selon la mythologie, Prométhée façonna le corps humain avec de l’argile, et Athéna y insuffla un papillon pour l’animer.
La métamorphose de la chenille en papillon est un symbole qui est repris dans toutes les mythologies.
Comme le papillon qui émerge de sa chrysalide, l’âme humaine est appelée à renaître des épreuves pour s’éveiller à la sagesse.
Tous les cliparts sont au format gif. Image avec fond transparent.

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Dim 22 Sep 2019 - 19:18
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Cerf
Cet animal évoque la force, mais aussi la grâce.

Que symbolise le cerf ?
Cet animal évoque la force, mais aussi la grâce. Le cerf est l'un des animaux les plus représentés parmi les symboles religieux et mythiques.

La ramure du cerf se renouvelle périodiquement. C'est pourquoi il est souvent comparé à l'arbre de vie.
Cet animal symbolise la fécondité, la croissance et la renaissance.
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Les bois évoquaient également la croix portée par le Christ alors que la ramure à dix cors des plus beaux cerfs représentait les Dix Commandements.
Majestueux, le cerf représente l'agilité et l'autorité. C'est pourquoi il évoque la royauté.
Le cerf est également au centre de nombreuses paraboles religieuses. Lors de la christianisation de l’Europe, les prêtres missionnaires utilisèrent la force métaphorique du cerf pour convertir les païens.
Dans l'Antiquité, le cerf était consacré à Diane (Artémis), la vierge chasseresse.
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À cause de sa longévité supposée, plusieurs siècles selon le poète grec Hésiode, les Égyptiens en avaient fait l'emblème de la vieillesse. Cet animal sacré était lié au culte des morts et à la résurrection.

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Les prouesses sexuelles du cerf sont à l’origine de l’expression « avoir des cornes ».
Cette expression puise son origine dans le conte Merlin l’enchanteur qui date du XIIe siècle. Apprenant que son épouse se remarie, Merlin fonce à dos de cerf sur son rival ; fou de colère, il arrache les cornes de sa monture et tue l’amant en lui envoyant le trophée au visage.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:19
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Vampirisme
Le vampirisme est né des puissantes vertus que l’homme a toujours attribué au sang.

Histoire du vampirisme
Le vampirisme est né des puissantes vertus que l’homme a toujours attribué au sang ainsi qu’à sa peur de la vengeance des morts.
La parfaite conservation de certains cadavres a largement contribué aux croyances en l’immortalité de certains êtres maléfiques.

La peur des morts-vivants
Dans l’Antiquité, le panthéon assyrien possède des démons suceurs de sang dont la cruelle Lilith.
Dans la Bible, Lilith est la première femme créée par Dieu. Mais, il utilisa de la boue, mélangée à des immondices pour la façonner.
Créature impure et mauvaise, Adam la rejeta. Dieu créa alors Ève.
Symbole du mal absolu, du vice et de la luxure, Lilith représente l'abandon aux sens.
De leur côté, les Romains ont Lamia, une goule malfaisante qui vampirise et dévore les fœtus.

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Panoplie du tueur de vampires au 19e siècle.

Il existe des écrits religieux irlandais, du 7e ou 8e siècle, qui font mention des vampires. L'excommunication est d'ailleurs préconisée pour ceux qui croient aux morts-vivants.
C’est au XIe siècle que l’on trouve la première mention officielle du vampirisme en Occident. Le mythe s’étend au monde entier.
Ainsi, au XIIe siècle, il est tellement bien implanté que l’on doit, en Angleterre, brûler ces créatures pour apaiser la colère populaire.
Autant préciser que ce sont de pauvres victimes innocentes qui font les frais de cette superstition.
Depuis une dizaine d'années, de nombreux squelettes, datés du Moyen Age, étrangement mutilés ont été découverts en Europe. Les individus ont subi des mutilations afin qu'ils ne reviennent pas à la vie.

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La pierre placée dans la bouche empêche l'âme de s'échapper et le défunt de revenir à la vie (Kilteasheen, Irlande). « Vampires et morts-vivants au Moyen Âge » diffusé sur Arte

À partir de 1730, des tombes sont profanées en grand nombre. Les cadavres, soupçonnés d’être des vampires, sont déterrés, leurs cœurs sont transpercés d’un pieu puis les corps sont brûlés.
Le phénomène prend tant d’ampleur que l’armée est obligée d’intervenir. Ce macabre rituel est parti de Grèce pour s’étendre à toute l’Europe centrale.
En décembre 1732, des médecins militaires autrichiens ont enquêté sur une série de décès survenus dans un village de Serbie, qui fait alors partie de l'Empire austro-hongrois.
Les habitants du village ont expliqué aux Autrichiens que 17 personnes étaient mortes subitement en l'espace de trois mois. Plusieurs d'entre elles se seraient transformées en vampires.
Le chirurgien en chef a rédigé un rapport précis des autopsies qu'il a réalisé, car les autorités craignaient qu'il ne s'agisse d'un foyer épidémique.
Le chirurgien a constaté que sur les 17 corps, seuls quatre se décomposaient selon un processus qui lui semblait naturel.
Les autres cadavres présentaient, selon lui, des anomalies :


  • Ongles longs

  • Peau souple

  • Présence de sang frais à l'intérieur du corps

  • Présence de sang à la commissure des lèvres


Le chirurgien a conclu dans son rapport à des actes de vampirisme. La presse s'est aussitôt emparée de l'histoire qui a fait la Une dans toute l'Europe.
La rumeur est venue se greffer sur des peurs préexistantes. Une gigantesque chasse aux vampires s'est alors organisée.
De nombreuses tombes de personnes récemment décédées ont été profanées, les dépouilles exhumées et les têtes tranchées.
Des cadavres ont été brûlés sur des buchers.

Autopsie d'un vampire
Depuis le 18e siècle, la médecine a fait des progrès. Elle a établi que les stigmates du vampirisme n'étaient en fait que les marques d'un processus normal de décomposition.
Un corps peut paraître inaltéré simplement parce que les gaz issus de la décomposition font gonfler les tissus.
Les marques de sang, autour de la bouche, sont les conséquences d'un rejet de liquide gastrique.

Le syndrome de Dracula
Les scientifiques ont cherché à trouver des bases rationnelles pour expliquer le vampirisme. Les dernières théories médicales s’orientent vers une maladie rare : la porphyrie.
Cette affection héréditaire aboutit à l’accumulation dans le sang d’un des composants de l’hémoglobine, la porphyrine. Cela entraîne divers symptômes cutanés.
Dans les années 1980, des chercheurs ont décrit une forme très rare de cette maladie. Les patients développaient des dents pointues, une hypersensibilité à la lumière et un besoin de sang.
Des cas, inconnus par nos ancêtres, de cette maladie, ont certainement dû alimenter la peur populaire.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:19
Centaure
Les Centaures étaient des créatures mi-hommes mi-chevaux. Ils descendaient d'Ixion, le premier homme à avoir assassiné un membre de sa famille, et qui conçut le premier Centaure en s'unissant à une nuée à laquelle Zeus, le dieu suprême, avait donné la forme de son épouse, Héra.
Les Centaures vivaient en Thessalie, autour du mont Pélion, et étaient considérés comme des êtres sauvages, non-civilisés.

Ils entrèrent en conflit avec leurs voisins, les Lapithes : profitant du mariage de Pirithoos, le roi des Lapithes, ils avaient tenté d'enlever la mariée ainsi que d'autres femmes Lapithes. Les héros Thésée et Nestor prirent part au combat pendant lequel beaucoup de Centaures périrent. 

Fils de Chronos, Chiron est un Centaure très différent. Contrairement aux autres Centaures, c’est un personnage bon et cultivé.
D’une grande sagesse, il se vit confier l'éducation d'un grand nombre de dieux et de héros.


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Centaure (Musée d'Art de Sarasota, Floride).

Héraclès, le plus grand des héros grecs, eut à plusieurs reprises maille à partir avec les Centaures. Un jour qu'il était l'hôte de Pholos, alors qu'il chassait le sanglier d'Érymanthe, le héros se plaignit qu'on ne lui servait pas de vin, alors même qu'une jarre de vin était entreposée dans la pièce.

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Chiron était un centaure cultivé.

Pholos lui fit remarquer que Dionysos, le dieu du vin, avait décrété que cette jarre appartenait en commun à tous les Centaures. On ouvrit la jarre, et les autres Centaures, qui avaient senti l'odeur du vin, arrivèrent en foule. Une bagarre éclata alors, au cours de laquelle Héraclès abattit plusieurs Centaures de ses flèches empoisonnées. Son hôte, Pholos, mourut lui aussi, et l'une des flèches d'Héraclès atteignit même l'immortel Chiron. Ce dernier souffrit tellement de sa blessure qu'il préféra finalement renoncer à son immortalité.

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Héraclès tuant le Centaure. 

Le Centaure Nessos (en latin Nessus) allait se venger par la suite d'Héraclès. Beaucoup plus tard, après avoir vainement tenté d'abuser de l'épouse d'Héraclès, Déjanire, et avoir été mortellement blessé par une flèche du héros, il conçut un plan machiavélique.

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Thésée combattant un Centaure.

Avant de mourir, il murmura à l'oreille de Déjanire qu'il pouvait lui donner un moyen infaillible de s'assurer de la fidélité de son époux. Il lui suffisait de recueillir le sang coulant de sa blessure chaque fois qu'elle aurait des doutes sur la fidélité d'Héraclès, elle n'aurait qu'à en enduire ses vêtements, et plus jamais il ne la trahirait. À l'insu d'Héraclès, Déjanire remplit donc un flacon du sang de Nessos, qu'elle mit soigneusement de côté.
Des années plus tard, dans un moment de doute et de jalousie, Déjanire mit en pratique le remède de Nessos. Les conséquences en furent dramatiques. Couverte du sang empoisonné de Nessos, la tunique d'Héraclès lui provoqua d'horribles brûlures et le héros mourut dans des souffrances épouvantables.


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Centaure luttant contre un Lapithe . British Museum 

Le centaure roman a perdu le tempérament primaire de son modèle grec. Il tire avec son arc une flèche vers le ciel pour montrer au fidèle ou au pécheur la voie à suivre.
C’est donc une version assagie du monstre original que l’on nomme également « centurelle » ou « hippocentaure ».
Cependant, il incarne toujours la séduction et le diable.
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Dim 22 Sep 2019 - 19:20
Chimère

La Chimère est un monstre femelle à l’apparence terrifiante. Elle possède une tête et un corps de lion, une tête de chèvre sur le dos et une queue à tête de serpent. Comme le dragon, elle crache des flammes.

La Chimère répandait la terreur, notamment dans la Turquie actuelle.
Ce monstre serait le fruit de l’union d’Echidna (la vipère) avec le géant Typhon. La Chimère est tuée par Bellérophon qui réussit à apprivoiser Pégase, le cheval ailé.
Comme il ne peut l’approcher, à cause des flammes qu’elle crache, il la transperce de flèches de plomb.
Au contact de sa chair enflammée, le métal fond en elle et la consume.

Le mot « chimère » est resté dans notre vocabulaire pour désigner une illusion ou un projet utopique. Peut-être en référence à l’apparence de la Chimère qui était composée de plusieurs attributs empruntés à des animaux différents, ce qui est bien sûr impossible.




Les Cyclopes

Dans la mythologie grecque, les Cyclopes sont des géants dotés d'un seul oeil au milieu du front. 
Les premiers Cyclopes (Cyclopes ouraniens) étaient fils d'Ouranos, le dieu du ciel, et de Gaia, la déesse de la terre. Craignant que ses fils ne lui prennent son pouvoir, Ouranos les refoula dans le ventre de leur mère (la terre). 
On distingue quatre sortes de cyclopes :


  • Cyclopes ouraniens

  • Cyclopes forgerons

  • Cyclopes bâtisseurs

  • Cyclopes pasteurs


Après que le Titan Cronos eut détrôné son père Ouranos, les Titans connurent une brève période de liberté, mais furent bientôt emprisonnés dans le Tartare, la partie la plus sinistre du monde souterrain.
C'est Zeus, le fils de Cronos, qui les délivra. Zeus et ses frères avaient en effet besoin de leur soutien dans la lutte qu'ils avaient engagé contre Cronos et les autres Titans.
Grâce notamment aux Cyclopes, Zeus et ses frères remportèrent la victoire. Pour remercier Zeus de les avoir libérés, les Cyclopes lui forgèrent des éclairs foudroyants, ainsi que le trident de Poséidon et, pour Hadès, dieu du monde souterrain, un casque qui le rendait invisible.
Les trois Cyclopes qui permirent à Zeus de remporter la victoire prirent les noms suivants :


  • Argès « l’éclair »

  • Stéropês « la foudre »

  • Brontês « le tonnerre »




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Le Cyclope Polyphème projetant un rocher sur Ulysse. 
Ces trois Cyclopes furent tués plus tard par Apollon, car il leur reprochait d’avoir fourni à Zeus la foudre avec laquelle le dieu suprême tua Asclépios, fils d’Apollon.
Les cyclopes forgerons sont les aides d’Héphaïstos, dieu boiteux de l’artisanat, du feu et de la métallurgie (Vulcain pour les Romains).
Cet habile forgeron était censé avoir élu domicile sur l’île volcanique de Lemnos. Plus tard les Romains le situèrent au cœur du volcan de l’Etna, en Sicile.
Les Cyclopes forgerons travaillent l’airain afin de fabriquer l’armure des dieux et des héros. Parmi ces Cyclopes, les plus célèbres sont Pyracmon « l’enclume » et Acamas « l’infatigable ».
Durant toute l'Antiquité, les Cyclopes gardèrent cette image d'habiles techniciens au service d'Héphaïstos.

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Cyclope Polyphème. B

Les Cyclopes bâtisseurs sont censés avoir édifié les « murailles cyclopéennes » de Mycènes et Tirynthe.
Dans l'Odyssée, Homère présente une image très différente des Cyclopes. Lors de son éprouvant voyage de retour après la chute de Troie, Ulysse débarque sur une île habitée par les Cyclopes, probablement la Sicile. 

Ceux-ci sont décrits comme « des brutes sans foi ni loi ». Ils élèvent des troupeaux de moutons.
Dépourvus de toute capacité technique, ces géants sont ici des bergers primitifs qui n’hésitent pas à dévorer les hommes qui pénètrent sur leur territoire.
Le Cyclope Polyphème, fils du dieu de la mer, Poséidon, commence par dévorer six des compagnons d'Ulysse et garde les autres enfermés dans une caverne afin de les manger plus tard. Mais Ulysse, qui a dit à Polyphème qu'il s'appelait « Personne », réussit à enivrer le monstre et à lui crever son oeil unique à l'aide d'un pieu enflammé.

Alertés par les hurlements de Polyphème, les autres Cyclopes entendent ce dernier leur dire que c'est « Personne » qui l'a frappé: ils en concluent que Polyphème est devenu fou et Ulysse parvient à s'échapper avec ses hommes en s'accrochant à la laine des moutons du Cyclope.

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Polyphème.
Les Cyclopes anthropophages d'Homère semblent avoir été les modèles de ces terrifiants géants qui ont peuplé depuis d'innombrables contes de fées et de livres pour enfants.
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