Les trois grands courants du Judaïsme
Mar 15 Oct 2019 - 17:02
Les trois grands courants du Judaïsme
Naissance des trois grands courants du Judaïsme
En Occident, à partir du XIXe siècle, aucune communauté juive n’a pu rester purement « traditionnelle », c’est-à-dire continuer à vivre comme elle le faisait depuis des siècles.
Réforme, Orthodoxie, Massorti -
Toutes les communautés juives d’Occident ont été touchées peu ou prou par l’Émancipation. Même la mouvance orthodoxe, qui se prétend la seule héritière de la tradition juive, est marquée par la modernité – ne serait-ce que dans sa volonté de s’en distancier.
À partir du XIXe siècle, l’on peut repérer trois grandes ten¬dances dans le judaïsme occidental : le Mouvement de Réforme, appelé en Europe judaïsme libéral ; l’école « positive-historique » qui deviendra aux États-Unis le Conservative Judaism, et en Israël et en Europe le mouvement massorti ; l’orthodoxie, qui comprend aussi une néo-orthodoxie.
Comment rester juif tout en faisant partie désormais du monde moderne, telle est la question qu’affrontèrent au XIXe siècle nombre de juifs qui ne voulaient pas d’une assimilation pure et simple.
La réforme :
Suivant les endroits, la Réforme est plus ou moins radicale, sur des points importants comme les lois alimentaires ou le respect du chabbat.
Un critère déterminant [du mouvement de la réforme] a été la distinction entre ce qui est moral et ce qui est rituel - le premier élément étant à conserver, le second à rejeter comme appartenant à un passé non encore éclairé par la raison. À ses yeux, le judaïsme était uniquement une religion, et il voulait en éliminer tous les signes nationaux, tout ce qui pouvait séparer les juifs des autres peuples.
La Réforme a été portée par un grand courant d’optimisme. Certains de ses leaders emploient l’expression « adaptation au monde moderne », mais ce n’est jamais dans un sens défensif
L’orthodoxie :
Un homme symbolisa en Allemagne la réaction à la Réforme : le rabbin Samson Raphaël Hirsch (1808-1888).
Hirsch était fort conscient de l’impact que pouvait avoir sur le judaïsme l’utilisation des différentes sciences critiques. Il jugeait leur rôle dangereux, et voulait que l’on étudiât le judaïsme à partir du judaïsme lui-même, et non à partir d’outils qui lui seraient extérieurs.
La conception d’un développement historique du judaïsme, sous la pression de facteurs internes ou externes à la communauté juive comme l’évolution de la société, etc., lui était totalement étrangère. La Halakha était pour lui une disposition objective, un ordre établi, indépendant de la volonté de l’individu ou de la société comme des processus historiques.
À ses yeux il n’existait pas plusieurs variétés de judaïsme. Il refusait d’introduire dans l’histoire les catégories de judaïsme mosaïque, prophétique ou rabbinique, tout comme il refusait pour le XIXe siècle de parler de judaïsme orthodoxe ou libéral. Le judaïsme était un et indivisible. Hirsch ne connaissait que le judaïsme... et le non-judaïsme ! Cependant, quoi qu’il en eût, sa démarche était polémique et apologétique. Il se voulait le simple continuateur d’un judaïsme traditionnel... qui n’exis¬tait plus en Europe de l’Ouest ; le mouvement qu’il a initié était, lui aussi, un fruit de la rencontre avec le monde moderne.
Le mouvement Massorti
Zachariah Frankel (1801-1875), voyait dans la Réforme une manière radicale, hâtive, et quelque peu incohérente, d’introduire des changements, en faisant dans certains cas table rase du passé. Pour lui, « le passé était une source de valeurs, d’inspiration, et d’engagement. L’histoire, bien qu’étant une catégorie profane, n’était pas moins contraignante que la Halakha, et toutes deux s’opposaient à la marche révolutionnaire et nivelante de la raison ». Frankel a étroitement lié lesdeux notions fondamentales de Halakha et d’histoire, et dans cette connexion se trouve l’intui-tion fondatrice de son école, devenue le Conservative Judaism.
La Halakha n’est pas pour Frankel un bloc immuable, au-dessus du temps, mais une réalité dont l’histoire lui apprend qu’elle a toujours évolué car elle est vivante et inscrite dans le temps. Être fidèle à la Halakha, c’est continuer son mouvement historique d’adaptation et de changement. Il est caractéristique que Frankel parle ici d’« esprit » : « la lettre de la loi n’est pas décisive ; c’est plutôt l’esprit qui doit animer la loi et lui donner un statut divin, capable de devenir une norme pour l’homme doté lui-même d’esprit. »
Tandis que les pionniers du Mouvement de Réforme se servaient de l’histoire pour légitimer leurs décisions radicales, Frankel transmuait l’histoire en une force conservatrice qui requérait un engagement personnel, qui enseignait ce qui n’avait jamais changé - par exemple l’usage de l’hébreu - et, à partir de là seulement, ce que l’on pouvait aujourd’hui changer.
« Le judaïsme contient, dans son noyau, les vérités les plus élevées sur Dieu. [...] Les lois révélées sont les gardiennes du judaïsme, elles sont conçues pour protéger les vérités les plus élevées »
Ces lignes sont extraites d’un article que vous pouvez lire en ouvrant le PDF ci-dessous. Lui-même extrait de l’excellent ouvrage « Catholicisme et judaïsme dans la modernité » de Geneviève Comeau.
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(2 Timothée 2:24,25) 24 Mais un esclave du Seigneur n’a pas à se battre ; il faut au contraire qu’il soit doux envers tous, capable d’enseigner, se contenant sous le mal, 25 instruisant avec douceur ceux qui ne sont pas disposés favorablement
[ltr]http://www.massorti.com/Naissance-des-trois-grands#forum381[/ltr]
Re: Les trois grands courants du Judaïsme
Mar 15 Oct 2019 - 17:03
Les différents courants du judaïsme
http://www.tribunejuive.info/ANCIEN-SITE/tag/www-tribunejuive-info
Plus qu'une religion, le judaïsme
Véritable transformation du profane en sacré, la vie juive est donc scandée par des rites immuables. La pratique de ces prescriptions et l’étude d’un corpus de textes sacrés ont assuré sa pérennité. Au XIXe siècle, le judaïsme traditionnel s'est profondément transformé et a connu, en son sein, différents courants, qui l'ont enrichi, en donnant naissance à un judaïsme pluriel, traversé de multiples tendances, sans jamais rompre son unité.
Beth Din, Tribunal rabbinique est celui que l’on nomme aujourd’hui « traditionaliste » ou « orthodoxe moderne », parce qu’il vise à la conciliation d’une observance rigoureuse des lois et coutumes traditionnelles avec certaines exigences de la société contemporaine. Il appelle à une stricte observance des Commandements, tout en favorisant par exemple le sentiment patriotique des Juifs envers les pays dont ils sont ressortissants. Il a adopté l’habit occidental, mène une vie sociale dans l’environnement général, y compris non-juif. Il prône une intégration dans la société environnante tout en maintenant une pratique religieuse relativement stricte.Érigés en 1808 par Napoléon pour organiser le culte israélite – il s’agit par conséquent d’une exception française, le Consistoire central et les consistoires régionaux conservent certes un avantage décisif sur les autres mouvements et courants : ses cinq Beth Din (tribunaux rabbiniques) sont les seuls à délivrer les actes officiels de mariage, de conversion, etc. Mais le judaïsme officiel français évolue également en se modernisant : traduction du rituel et de la Bible, introduction de prières pour la République française (encore en cours aujourd'hui y compris chez les hassidim de Loubavitch).
un loubavitch hassidique
Dans la période concordataire, le judaïsme prend l'Église pour modèle, dans l'architecture des synagogues, par l'introduction de l'orgue et des chants au cours des offices, par l'habit de cérémonie des rabbins et des bedeaux. L'orthodoxie française reste minoritaire, mais sera renforcée, après la Seconde guerre mondiale, par l'arrivée de survivants des pays d'Europe de l'Est. Ceux-ci s'intègrent, comme un courant parmi d'autres, aux institutions existantes, et notamment au Consistoire, avec parfois quelques heurts en matière religieuse. Ce n'est qu'au début des années 1960, face à un judaïsme officiel considéré par eux comme insuffisamment rigoriste, que les institutions orthodoxes se séparent du Consistoire, alors même que celui-ci doit se restructurer pour faire face à l'arrivée des juifs d'Afrique du Nord.
Choul'hane Aroukh
le Consistoire fait preuve de rigueur dans le respect de la halakha (corpus de règles établies par la tradition orale, depuis le Talmud jusqu'à aujourd'hui). Le Choulhan Aroukh (codes de lois) fait autorité.
Joël Mergui président du Consistoire Central
Pour Joël Mergui, le président des consistoires de Paris et de France, les institutions qu’il préside sont au service de la communauté dans sa globalité. « Nos synagogues sont ouvertes à tous les juifs de France. Quelques soient leur degré de pratique, ils peuvent venir tous les jours ou occasionnellement, pour prier, assister à une conférence ou à des cours, ils seront toujours dans leur Maison. Nos rabbins, pour la plupart issus du séminaire rabbinique, savent s’adapter à l’évolution et aux exigences des fidèles. Il est vrai que certaines communautés ont des degrés de pratiques plus intenses. Le consistoire est là pour leur offrir un cadre adapté à chaque sensibilité.
Ultra Orthodoxe
Il maintient dès règles vestimentaires spécifiques, chapeau, pantalon, veste ou caftan noir pour les hommes, qui se laissent pousser la barbe et les papillotes (mèches de cheveux dans le prolongement des favoris), manches, jupes ou robe longues pour les femmes, tête couverte si elles sont mariées. Ces règles vestimentaires assurent une modestie (sniout) en rejetant les tenues provocantes ou ostentatoires. Pendant les services, dans des synagogues non consistoriales, dont certaines d’entre elles ont une longue et riche histoire et font partie du patrimoine historique, hommes et femmes sont séparés par une cloison (méhitza). Parce que le monde orthodoxe évolue dans un environnement plus restreint, une forme de méticulosité, des exigences plus rigoureuses que celles demandées par la halakha sont appliquées confie le Rav Elie Lemmel. La Thora est comme une échelle, c’est-à-dire comme une chance exceptionnelle offerte à l’homme de pouvoir grandir et s’élever.
Les taxes que l’on perçoit sur une cacherout surveillée par un personnel spécialement formé, nous permettent de financer les écoles (non mixtes), les mikvé. Les garçons se mettent très tôt à étudier la Thora, les filles quant à elles étudient jusqu’au bac et fréquentent ensuite les séminaires en France en Angleterre ou en Israël. C’est vrai rajoute Elie Lemmel, que chaque courant a ses spécificités, mais je crois à une synergie avec les autres. Nous devons tous travailler de concert pour permettre aux juifs de se réapproprier leur judaïsme, il ne faut pas se poser en donneur de leçon ».
Au sein du judaïsme ultra-orthodoxe, le hassidisme (de « hassid », « pieux ») est un mouvement de masse religieux et social, fondé en Pologne au XVIIIe siècle, à une époque de persécution et d’oppression. Le hassidisme prêche l’amour de Dieu dans la foi, l’étude de la Torah comme source de joie, la ferveur et l’enthousiasme dans l’accomplissement des ordonnances divines. Des prières ardentes, une spontanéité religieuse et une observance stricte des Commandements doivent permettre d’atteindre un stade privilégié de proximité avec Dieu, véritable extase. Le yiddish reste la langue courante Le mouvement le plus connu est celui des Loubavitch, appelé aussi Habad. 3.000 centres disséminés à travers le monde servent de point de repère et de rencontres aux juifs qu'ils accueillent, notamment à l'époque des fêtes, offrant ambiance juive et repas cacher.
Rabbi Menahem Mendel Schneerson
Contrairement aux autres courants ultra-orthodoxes, le Chabad ne prohibe pas l'usage d'internet et d'autres outils modernes pour diffuser la bonne parole."Nous suivons l'enseignement de notre maître Rabbi Menahem Mendel Schneerson qui a dit que les technologies modernes ont été inventées à des fins positives pour le bien être de tous" affirme l’un des dirigeants du mouvement Chabad. "Les quelque 3.000 centres Chabad à travers le monde sont reliés entre eux par le réseau internet" explique-t-il. Les Loubavitch sont toujours les premiers à répondre présent dans le cadre d’un dialogue entre les différentes tendances de la communauté.
Zadoc-Kahn - (1890-1905)
Le rabbin ou le président de la communauté peut être une femme et participer totalement au service religieux, porter le taleth (châle de prières) et les phylactères. A l’époque de l’affaire Dreyfus, un groupe d’étude se constitue et prend le nom d’Union libérale israélite (ULI), Pendant soixante-dix ans, l’ULI restera la seule communauté libérale de France. Le grand-rabbin de France, Zadoc Kahn, soutient les efforts des libéraux, mais au lendemain de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905), elle inaugure sa propre synagogue (Hanoucca 1907), au 24, rue Copernic. Son premier rabbin est Louis-Germain Lévy (1870-1946). Ce mouvement devenue aujourd’hui l’Ulif, qui compte une grande synagogue avec le rabbin Michaël Williams, deux Talmud Torah et un Mikvé a donné naissance aux autres courants libéraux français.
est né en 1977 et représente un des courants du judaïsme religieux contemporain en France. Il dispose à Paris de deux synagogues la fois lieu de prières et centre d’études. Le Mjlf, qui réunit aujourd'hui près de 1 300 familles s’enorgueillit de son équipe rabbinique composée de quatre rabbins obéissant à la parité hommes-femmes conduite par le rabbin fondateur Daniel Farhi qui souhaite que le Mouvement juif libéral de France soit reconnu et respecté pour ce qu'il est : une partie importante et dynamique de la communauté juive de France. « Nous sommes en rupture avec le judaïsme traditionnaliste. Bien qu’aucune reconnaissance ne soit officialisée, le consistoire est à nos côtés pour célébrer la mémoire (yom hashoah) et pour la campagne de la tsédaka ». Le judaïsme libéral n’opère pas de restriction en considération du statut de Cohen (Un Cohen peut épouser une femme veuve ou divorcée) ou de celui de mamzer (enfant issu d’une union interdite).estimant qu’il serait injuste de pénaliser l’enfant illégitime.
la ketouba
.Le judaïsme libéral exige le gueth, l’acte de divorce religieux pour remarier des divorcés. Aucun des deux conjoints ayant paraphé à égalité la ketouba, ne peut faire obstruction à sa délivrance en cas de séparation, dès lors que le divorce civil a été dûment enregistré. Comme le dit Marc Alain Ouaknin, qui anime une fois par mois l’atelier Targoum, le peuple juif n'est pas seulement le peuple du Livre, c'est le peuple de l'interprétation du Livre. Pour Julietta Barret, la secrétaire générale, la dernière phase de l’extension et de la rénovation du centre communautaire qui s’est achevée le 14 décembre confirme le succès du mouvement. Un nouvel espace de 200 m2 accueillera les trois cents élèves du talmud thora, la branche Golda Meir des Eclaireurs israélites, un lieu d’études. Le Mjlf une communauté tolérante, riche de ses convictions, fidèle à la mémoire qui constitue le fer du Judaïsme libéral français.
Pauline Bebe la première femme rabbin de France, après avoir travaillé comme rabbin au MJLF, crée en 1995 avec Rémy Schwartz la Communauté Juive Libérale d’Ile-de-France, membre fondateur de la Fédération du Judaïsme Libéral Francophone, pour transmettre un Judaïsme universel, de tradition, d’ouverture et y cultiver des valeurs auxquelles nous sommes attachés : le respect de l’autre, la tolérance, la prière, la joie, la curiosité, la solidarité, l’envie de savoir. La CJL accueille environ 200 familles. Son association culturelle, Nitsa, organise des rencontres et des activités culturelles et conviviales. au Centre Maayan, au siège de la communauté dans le 11ème arrondissement de Paris. Dans son livre « Qu'est-ce que le judaïsme libéral ? » édité chez Calmann Lévy, Pauline Bebe en répondant à soixante-dix questions, présente les principes du judaïsme libéral, retrace son histoire, ses origines et ses perspectives, traite des questions de responsabilité et de commandements, de l'égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, et enfin des rites et des pratiques du judaïsme libéral.
Pauline Bebe - 1ere Femme Rabbin en France
Il n’y a pas de différences majeures entre ces trois mouvements libéraux, juste quelques divergences de sensibilité au niveau des rites et de la place de la femme. Le mouvement Massorti, l’appellation du judaïsme « conservative » américain est un Mouvement religieux apparu en Europe au cours de la période qui suivit l’Emancipation ; il se développa à l’instigation de « l’école historique positiviste » prônée par Zacharias Frankel directeur du Séminaire théologique juif de Breslau (1854-1875).
Adath shalom, (la Communauté de la Paix) la première communauté Massorti de France née en 1988, de la volonté d’un groupe qui ne se sentait plus tout à fait à l’aise dans le mouvement libéral et ne se reconnaissait pas non plus dans le milieu orthodoxe, a fêté ses vingt ans, un événement qui a pendant quatre jours démultiplié la visibilité de notre mouvement explique Rivon Krygier, rabbin de la communauté. Le mouvement Massorti est une tendance du judaïsme qui entend concilier l'observance religieuse traditionnelle et la prise en compte des avancées de la modernité, par exemple l'émancipation des femmes, le problème des haggounot, du statut personnel ; nous sommes une voie médiane entre le Consistoire et les Libéraux.
Rabbin Rivon Krygier
La liturgie est dite presque intégralement en hébreu, nous accordons une importance capitale à la didactique : les livres de prières sont accompagnés de traduction. Les règles de cachrout et de Chabbat sont respectées. L’étude des textes, par la réflexion et la discussion, occupe une place prépondérante.
Nous nous différencions des mouvements libéraux par l’attachement que nous portons aux Mistvot qui font partie inhérente de la tradition. Nous souhaitons réconcilier les juifs avec les synagogues et le culte. Il n’y a pas de normes qui ne méritent d’évoluer si elles sont synonymes de progrès sur le plan spirituel et moral. Les femmes ont un statut égal à celui des hommes. Une femme compte dans le minyan, peut monter à la Torah.
La communauté Adath Shalom et son rabbin Rivon Krygier accueillent toutes les personnes qui recherchent un judaïsme vivant, contemporain, chaleureux, créatif et curieux, quelque soit leur parcours ou leur origine. La transmission du judaisme est au cœur des préoccupations de la communauté.
Tous ces courants diffèrent dans le niveau d'observance et de pratique religieuse, c'est-à-dire d'adhérence et de pratique de la Halakha, dans la méthodologie d'interprétation de celle-ci. Le point d’union reste la croyance en un seul D.. et en la Torah. Un judaïsme constamment travaillé entre fidélité religieuse et adaptation aux nouvelles donnes contemporaines, qui a toujours su rester dynamique et vivant.
*Le Rav Elie Lemmel dirige l’association Lev, le site lamed.fr et la Maison de la famille.
Sylvie Bensaid
http://www.tribunejuive.info/ANCIEN-SITE/tag/www-tribunejuive-info
Plus qu'une religion, le judaïsme
est un mode de vie et une culture,
une sanctification de tous les aspects de la vie,
qui à travers les siècles a créé des pratiques pour la plupart codifiées,
depuis le lever jusqu'au moment du coucher.
Véritable transformation du profane en sacré, la vie juive est donc scandée par des rites immuables. La pratique de ces prescriptions et l’étude d’un corpus de textes sacrés ont assuré sa pérennité. Au XIXe siècle, le judaïsme traditionnel s'est profondément transformé et a connu, en son sein, différents courants, qui l'ont enrichi, en donnant naissance à un judaïsme pluriel, traversé de multiples tendances, sans jamais rompre son unité.
Le judaïsme le plus classique
Beth Din, Tribunal rabbinique est celui que l’on nomme aujourd’hui « traditionaliste » ou « orthodoxe moderne », parce qu’il vise à la conciliation d’une observance rigoureuse des lois et coutumes traditionnelles avec certaines exigences de la société contemporaine. Il appelle à une stricte observance des Commandements, tout en favorisant par exemple le sentiment patriotique des Juifs envers les pays dont ils sont ressortissants. Il a adopté l’habit occidental, mène une vie sociale dans l’environnement général, y compris non-juif. Il prône une intégration dans la société environnante tout en maintenant une pratique religieuse relativement stricte.Érigés en 1808 par Napoléon pour organiser le culte israélite – il s’agit par conséquent d’une exception française, le Consistoire central et les consistoires régionaux conservent certes un avantage décisif sur les autres mouvements et courants : ses cinq Beth Din (tribunaux rabbiniques) sont les seuls à délivrer les actes officiels de mariage, de conversion, etc. Mais le judaïsme officiel français évolue également en se modernisant : traduction du rituel et de la Bible, introduction de prières pour la République française (encore en cours aujourd'hui y compris chez les hassidim de Loubavitch).
un loubavitch hassidique
Dans la période concordataire, le judaïsme prend l'Église pour modèle, dans l'architecture des synagogues, par l'introduction de l'orgue et des chants au cours des offices, par l'habit de cérémonie des rabbins et des bedeaux. L'orthodoxie française reste minoritaire, mais sera renforcée, après la Seconde guerre mondiale, par l'arrivée de survivants des pays d'Europe de l'Est. Ceux-ci s'intègrent, comme un courant parmi d'autres, aux institutions existantes, et notamment au Consistoire, avec parfois quelques heurts en matière religieuse. Ce n'est qu'au début des années 1960, face à un judaïsme officiel considéré par eux comme insuffisamment rigoriste, que les institutions orthodoxes se séparent du Consistoire, alors même que celui-ci doit se restructurer pour faire face à l'arrivée des juifs d'Afrique du Nord.
Prônant un judaïsme
authentiquement fidèle,
ouvert et tolérant,
Choul'hane Aroukh
le Consistoire fait preuve de rigueur dans le respect de la halakha (corpus de règles établies par la tradition orale, depuis le Talmud jusqu'à aujourd'hui). Le Choulhan Aroukh (codes de lois) fait autorité.
Joël Mergui président du Consistoire Central
Pour Joël Mergui, le président des consistoires de Paris et de France, les institutions qu’il préside sont au service de la communauté dans sa globalité. « Nos synagogues sont ouvertes à tous les juifs de France. Quelques soient leur degré de pratique, ils peuvent venir tous les jours ou occasionnellement, pour prier, assister à une conférence ou à des cours, ils seront toujours dans leur Maison. Nos rabbins, pour la plupart issus du séminaire rabbinique, savent s’adapter à l’évolution et aux exigences des fidèles. Il est vrai que certaines communautés ont des degrés de pratiques plus intenses. Le consistoire est là pour leur offrir un cadre adapté à chaque sensibilité.
Le Judaïsme ultra-orthodoxe
L’ultra-orthodoxie juive est une réaction à l’assimilation qui semblait menacer le judaïsme européen au XVIIIe siècle. Ce mouvement insiste sur une application très stricte des commandements divins, en évitant dans la mesure du possible tout contact avec la société laïque environnante et les études profanes.Ultra Orthodoxe
Il maintient dès règles vestimentaires spécifiques, chapeau, pantalon, veste ou caftan noir pour les hommes, qui se laissent pousser la barbe et les papillotes (mèches de cheveux dans le prolongement des favoris), manches, jupes ou robe longues pour les femmes, tête couverte si elles sont mariées. Ces règles vestimentaires assurent une modestie (sniout) en rejetant les tenues provocantes ou ostentatoires. Pendant les services, dans des synagogues non consistoriales, dont certaines d’entre elles ont une longue et riche histoire et font partie du patrimoine historique, hommes et femmes sont séparés par une cloison (méhitza). Parce que le monde orthodoxe évolue dans un environnement plus restreint, une forme de méticulosité, des exigences plus rigoureuses que celles demandées par la halakha sont appliquées confie le Rav Elie Lemmel. La Thora est comme une échelle, c’est-à-dire comme une chance exceptionnelle offerte à l’homme de pouvoir grandir et s’élever.
Les taxes que l’on perçoit sur une cacherout surveillée par un personnel spécialement formé, nous permettent de financer les écoles (non mixtes), les mikvé. Les garçons se mettent très tôt à étudier la Thora, les filles quant à elles étudient jusqu’au bac et fréquentent ensuite les séminaires en France en Angleterre ou en Israël. C’est vrai rajoute Elie Lemmel, que chaque courant a ses spécificités, mais je crois à une synergie avec les autres. Nous devons tous travailler de concert pour permettre aux juifs de se réapproprier leur judaïsme, il ne faut pas se poser en donneur de leçon ».
Au sein du judaïsme ultra-orthodoxe, le hassidisme (de « hassid », « pieux ») est un mouvement de masse religieux et social, fondé en Pologne au XVIIIe siècle, à une époque de persécution et d’oppression. Le hassidisme prêche l’amour de Dieu dans la foi, l’étude de la Torah comme source de joie, la ferveur et l’enthousiasme dans l’accomplissement des ordonnances divines. Des prières ardentes, une spontanéité religieuse et une observance stricte des Commandements doivent permettre d’atteindre un stade privilégié de proximité avec Dieu, véritable extase. Le yiddish reste la langue courante Le mouvement le plus connu est celui des Loubavitch, appelé aussi Habad. 3.000 centres disséminés à travers le monde servent de point de repère et de rencontres aux juifs qu'ils accueillent, notamment à l'époque des fêtes, offrant ambiance juive et repas cacher.
Rabbi Menahem Mendel Schneerson
Contrairement aux autres courants ultra-orthodoxes, le Chabad ne prohibe pas l'usage d'internet et d'autres outils modernes pour diffuser la bonne parole."Nous suivons l'enseignement de notre maître Rabbi Menahem Mendel Schneerson qui a dit que les technologies modernes ont été inventées à des fins positives pour le bien être de tous" affirme l’un des dirigeants du mouvement Chabad. "Les quelque 3.000 centres Chabad à travers le monde sont reliés entre eux par le réseau internet" explique-t-il. Les Loubavitch sont toujours les premiers à répondre présent dans le cadre d’un dialogue entre les différentes tendances de la communauté.
Le Judaïsme libéral
Le judaïsme libéral encore très minoritaire en France (environ 2 %), proche des mouvements américains « Reform » et « Conservative, s'est toujours refusé à écrire une "doctrine" qui pourrait apparaître comme un dogme figé. Il prône une évolution de la tradition et une adaptation de la vie rituelle au monde moderne. Sans renoncer aux principes théologiques, moraux et spirituels du judaïsme traditionnel, Il s’attache plus à l’esprit des Commandements qu’à la lettre. Ainsi, hommes et femmes ont les mêmes droits et devoirs au sein de la communauté et les synagogues adoptent la mixité.Zadoc-Kahn - (1890-1905)
Le rabbin ou le président de la communauté peut être une femme et participer totalement au service religieux, porter le taleth (châle de prières) et les phylactères. A l’époque de l’affaire Dreyfus, un groupe d’étude se constitue et prend le nom d’Union libérale israélite (ULI), Pendant soixante-dix ans, l’ULI restera la seule communauté libérale de France. Le grand-rabbin de France, Zadoc Kahn, soutient les efforts des libéraux, mais au lendemain de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905), elle inaugure sa propre synagogue (Hanoucca 1907), au 24, rue Copernic. Son premier rabbin est Louis-Germain Lévy (1870-1946). Ce mouvement devenue aujourd’hui l’Ulif, qui compte une grande synagogue avec le rabbin Michaël Williams, deux Talmud Torah et un Mikvé a donné naissance aux autres courants libéraux français.
Le Mouvement Juif Libéral de France
est né en 1977 et représente un des courants du judaïsme religieux contemporain en France. Il dispose à Paris de deux synagogues la fois lieu de prières et centre d’études. Le Mjlf, qui réunit aujourd'hui près de 1 300 familles s’enorgueillit de son équipe rabbinique composée de quatre rabbins obéissant à la parité hommes-femmes conduite par le rabbin fondateur Daniel Farhi qui souhaite que le Mouvement juif libéral de France soit reconnu et respecté pour ce qu'il est : une partie importante et dynamique de la communauté juive de France. « Nous sommes en rupture avec le judaïsme traditionnaliste. Bien qu’aucune reconnaissance ne soit officialisée, le consistoire est à nos côtés pour célébrer la mémoire (yom hashoah) et pour la campagne de la tsédaka ». Le judaïsme libéral n’opère pas de restriction en considération du statut de Cohen (Un Cohen peut épouser une femme veuve ou divorcée) ou de celui de mamzer (enfant issu d’une union interdite).estimant qu’il serait injuste de pénaliser l’enfant illégitime.
la ketouba
.Le judaïsme libéral exige le gueth, l’acte de divorce religieux pour remarier des divorcés. Aucun des deux conjoints ayant paraphé à égalité la ketouba, ne peut faire obstruction à sa délivrance en cas de séparation, dès lors que le divorce civil a été dûment enregistré. Comme le dit Marc Alain Ouaknin, qui anime une fois par mois l’atelier Targoum, le peuple juif n'est pas seulement le peuple du Livre, c'est le peuple de l'interprétation du Livre. Pour Julietta Barret, la secrétaire générale, la dernière phase de l’extension et de la rénovation du centre communautaire qui s’est achevée le 14 décembre confirme le succès du mouvement. Un nouvel espace de 200 m2 accueillera les trois cents élèves du talmud thora, la branche Golda Meir des Eclaireurs israélites, un lieu d’études. Le Mjlf une communauté tolérante, riche de ses convictions, fidèle à la mémoire qui constitue le fer du Judaïsme libéral français.
Pauline Bebe la première femme rabbin de France, après avoir travaillé comme rabbin au MJLF, crée en 1995 avec Rémy Schwartz la Communauté Juive Libérale d’Ile-de-France, membre fondateur de la Fédération du Judaïsme Libéral Francophone, pour transmettre un Judaïsme universel, de tradition, d’ouverture et y cultiver des valeurs auxquelles nous sommes attachés : le respect de l’autre, la tolérance, la prière, la joie, la curiosité, la solidarité, l’envie de savoir. La CJL accueille environ 200 familles. Son association culturelle, Nitsa, organise des rencontres et des activités culturelles et conviviales. au Centre Maayan, au siège de la communauté dans le 11ème arrondissement de Paris. Dans son livre « Qu'est-ce que le judaïsme libéral ? » édité chez Calmann Lévy, Pauline Bebe en répondant à soixante-dix questions, présente les principes du judaïsme libéral, retrace son histoire, ses origines et ses perspectives, traite des questions de responsabilité et de commandements, de l'égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, et enfin des rites et des pratiques du judaïsme libéral.
Pauline Bebe - 1ere Femme Rabbin en France
Il n’y a pas de différences majeures entre ces trois mouvements libéraux, juste quelques divergences de sensibilité au niveau des rites et de la place de la femme. Le mouvement Massorti, l’appellation du judaïsme « conservative » américain est un Mouvement religieux apparu en Europe au cours de la période qui suivit l’Emancipation ; il se développa à l’instigation de « l’école historique positiviste » prônée par Zacharias Frankel directeur du Séminaire théologique juif de Breslau (1854-1875).
Adath shalom, (la Communauté de la Paix) la première communauté Massorti de France née en 1988, de la volonté d’un groupe qui ne se sentait plus tout à fait à l’aise dans le mouvement libéral et ne se reconnaissait pas non plus dans le milieu orthodoxe, a fêté ses vingt ans, un événement qui a pendant quatre jours démultiplié la visibilité de notre mouvement explique Rivon Krygier, rabbin de la communauté. Le mouvement Massorti est une tendance du judaïsme qui entend concilier l'observance religieuse traditionnelle et la prise en compte des avancées de la modernité, par exemple l'émancipation des femmes, le problème des haggounot, du statut personnel ; nous sommes une voie médiane entre le Consistoire et les Libéraux.
Rabbin Rivon Krygier
La liturgie est dite presque intégralement en hébreu, nous accordons une importance capitale à la didactique : les livres de prières sont accompagnés de traduction. Les règles de cachrout et de Chabbat sont respectées. L’étude des textes, par la réflexion et la discussion, occupe une place prépondérante.
Nous nous différencions des mouvements libéraux par l’attachement que nous portons aux Mistvot qui font partie inhérente de la tradition. Nous souhaitons réconcilier les juifs avec les synagogues et le culte. Il n’y a pas de normes qui ne méritent d’évoluer si elles sont synonymes de progrès sur le plan spirituel et moral. Les femmes ont un statut égal à celui des hommes. Une femme compte dans le minyan, peut monter à la Torah.
La communauté Adath Shalom et son rabbin Rivon Krygier accueillent toutes les personnes qui recherchent un judaïsme vivant, contemporain, chaleureux, créatif et curieux, quelque soit leur parcours ou leur origine. La transmission du judaisme est au cœur des préoccupations de la communauté.
Tous ces courants diffèrent dans le niveau d'observance et de pratique religieuse, c'est-à-dire d'adhérence et de pratique de la Halakha, dans la méthodologie d'interprétation de celle-ci. Le point d’union reste la croyance en un seul D.. et en la Torah. Un judaïsme constamment travaillé entre fidélité religieuse et adaptation aux nouvelles donnes contemporaines, qui a toujours su rester dynamique et vivant.
*Le Rav Elie Lemmel dirige l’association Lev, le site lamed.fr et la Maison de la famille.
Sylvie Bensaid
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