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Le pape François, un pape "féministe" ? Empty Le pape François, un pape "féministe" ?

Mar 29 Oct 2019 - 18:01
Vatican

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Bénédicte Lutaud, à Rome - publié le 17/02/2015 

Le pape François ne cesse d’évoquer la place « majeure » que doivent occuper les femmes dans la vie ecclésiale. Mais jusqu’où est-il prêt à aller ?


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« Les femmes doivent être plus considérées dans l’Église. » Leur « émancipation » doit pouvoir « s’exprimer ». Depuis le début de son pontificat, le pape François multiplie les discours en faveur des femmes. Est-il pour autant féministe ? Si l’ordination des femmes ne fait pas partie de ses objectifs, il semble résolu à leur donner plus de visibilité. La réforme de la Curie (gouvernement de l’Église), chantier principal de son pontificat, pourrait lui donner l’occasion de nommer des figures féminines à la tête de dicastères (ministères). C’est sans compter les fortes résistances qu’il rencontre au sein de son administration.


Quelques jours seulement après son élection, le jeudi saint, le pape lave les pieds de deux femmes dans une prison romaine. Une première. Une semaine plus tard, dans un discours, il affirme que les femmes ont « un rôle particulier [pour] ouvrir les portes au Seigneur ». En novembre 2013, dans son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape est plus incisif : il invite à réfléchir « au rôle possible de la femme là où se prennent des décisions importantes ». En décembre 2014, il demande qu’elles soient « mieux reconnues dans leurs droits », dans « la vie sociale et professionnelle ».


« Comme les fraises dans un gâteau »
Mais François ne s’arrête pas aux paroles.  En mars 2014, il nomme une nouvelle femme à la présidence de l’Académie pontificale des sciences sociales, la sociologue réputée Margaret Archer. En juillet, il choisit pour la première fois une femme à la tête d’une université pontificale, la religieuse Mary Melone. La Commission pontificale pour la protection des mineurs respecte désormais la plus stricte parité. En septembre, l’évêque de Rome nomme cinq femmes au sein de la prestigieuse Commission théologique internationale. Trois mois plus tard, il affirme : « Elles sont comme les fraises dans un gâteau ! Il en faut plus ! ».


Au Vatican, on murmure qu’il pourrait aller plus loin : choisir une religieuse à la direction du dicastère chargé de la pastorale des migrants. Le cardinal Maradiaga, coordinateur du Conseil de cardinaux aidant le pape à réformer la Curie, évoque la possibilité de placer un couple à la tête du Conseil pontifical pour les laïcs. La présence d’une femme au sommet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée ne paraît pas non plus impossible aux yeux de Lucetta Scaraffia, spécialiste du statut des femmes dans l’Église à L’Osservatore Romano.


Continuité dans le fond, rupture dans le style
Pour l’instant, les femmes n’ont jamais dépassé le grade de « numéro 3 » dans la Curie. C’est sous Benoît XVI en 2010, qu’est nommée la première femme laïque, Flaminia Giovanelli, sous-secrétaire d’un grand dicastère : le Conseil pontifical Justice et Paix. Un an après, la religieuse Nicla Spezzati devient numéro 3 de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée.


Sur le fond, le pape François s’inscrit dans la lignée de ces prédécesseurs Jean Paul II et Benoît XVI. Ce dernier avait même soutenu la naissance d’un supplément féminin à L’Osservatore Romano. C’est dans la tonalité de ses discours que Bergoglio se distingue en dénonçant avec « un courage nouveau la condition de subalternité des femmes dans l’Église », estime Lucetta Scaraffia. « Il est plus audacieux dans sa façon de s’exprimer, de décider, renchérit Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de la section française de Radio Vatican. Son parcours personnel fait la différence. » Et pour cause : dans La Vie occulte de Jorge Bergoglio, Armando Rubén Puente raconte comment le cardinal Jorge Mario Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, avait sauvé des prostituées des rues et de leurs exploiteurs.


Mais cette attitude ne plaît pas à tout le monde. Plusieurs cardinaux de Curie ne cachent plus leur exaspération. Si François décidait de nommer des femmes à la tête de dicastères, « cela voudrait dire qu’elles prendraient des postes de carrière. Il y aurait des résistances énormes, avance Lucetta Scaraffia. Je ne sais pas si le pape peut les affronter. » « Cela ne va pas être simple. Comme le reste de la réforme de la Curie », admet Romilda Ferrauto.


Pas d’ordination sacerdotale
Le discours inédit du pape a cependant de solides limites. Sur l’ordination de femmes, il est catégorique : « le sacerdoce réservé aux hommes (...) ne se discute pas », écrit-il dans Evangelii Gaudium. François confirme la position de l’Église quand il prête des qualités propres à la femme : « elle est celle qui porte, la mère de la communauté. » Le féminisme ? Une « philosophie qui court le risque de se transformer en machisme en jupons ». Voilà qui est clair.


« Le Vatican maintient l’idée que les hommes et les femmes ont des rôles différents et complémentaires, confirme Lucetta Scaraffia. Le problème c’est qu’on considère que le rôle des hommes est supérieur, alors que non. Les femmes n’ont pas besoin d’un rôle sacerdotal. »


Kate McElwee est directrice de l’organisation américaine Women’s ordination Conference à Rome, en faveur de l’ordination de femmes. La position de l’Église, estime-t-elle, est « sexiste. Dire que les femmes sont plus spirituelles, maternelles, cela permet de justifier que l’autorité soit donnée aux hommes ».


Valoriser les femmes engagées sur le terrain
Kate McElwee participait, du 4 au 7 février dernier, à un colloque sur les femmes organisé par le Conseil pontifical de la culture. Sur le livret de présentation, l’ordination féminine n’est pas à l’ordre du jour : « selon les statistiques, le sujet suscite un faible intérêt. » « J’aimerais bien les voir les statistiques ! », ironise-t-elle, alors que 63 % des catholiques américains seraient en faveur de l’ordination de femmes. En France, selon un sondage publié dans Le Monde et La Croix en 2009, 63 % des pratiquants réguliers y étaient favorables.


Pour autant, tempère Romilda Ferrauto, cette rencontre a permis de mettre en avant le rôle de religieuses sur le terrain, notamment sœur Eugenia Bonetti, symbole de la lutte contre le trafic européen d’immigrées africaines contraintes à la prostitution. « Les religieuses sont les seules à pouvoir approcher avec facilité les prostituées », estime la responsable de Radio Vatican. « Aujourd’hui, les religieuses constituent les deux tiers de la communauté, et n’ont aucune voix », déplore Lucetta Scaraffia.


Anne-Marie Pelletier, enseignante au Collège des Bernardins et lauréate du prix Ratzinger 2014, a participé au colloque du Conseil pontifical de la culture. Elle constate : « Aujourd’hui, un certain nombre de femmes prennent leur distance avec l’institution ecclésiale qu’elles estiment peu reconnaissante de l’énorme labeur qu’elles accomplissent. »


Des femmes au séminaire et plus de théologiennes
Lucetta Scaraffia milite également pour permettre à davantage de femmes d’enseigner dans les séminaires : « Les futurs prêtres seraient habitués à voir des femmes dans des positions supérieures. Pour le moment, ils ne voient que des domestiques qui lavent des plats ! »


C’est d’ailleurs dans le domaine intellectuel que le pape François semble le plus disposé à placer les femmes. Il faut « tirer le meilleur profit [de] leur apport spécifique à l’intelligence de la foi », disait-il en décembre à la Commission théologique internationale. Pour cela, il faudrait « repenser toute la tradition chrétienne en tenant compte des femmes dans l’Évangile : Marthe, Marie, la Samaritaine et Marie-Madeleine, envisage Lucetta Scaraffia. Les Pères de l’Église parlaient de la féminité de Dieu interprétée par l’Esprit-Saint ». « Ce type d’évolution un peu tellurique ne peut se faire qu’avec un minimum de patience et de confiance. Mais le mouvement est amorcé », se réjouit déjà Anne-Marie Pelletier.

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