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Je qualifierais Sarkozy de chrétien identitaire et Hollande d’agnostique assumé Empty Je qualifierais Sarkozy de chrétien identitaire et Hollande d’agnostique assumé

Mar 29 Oct 2019 - 17:34

Politique


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Propos recueillis par Aurélie Godefroy - publié le 07/05/2015

Si la loi de 1905 concernant la séparation de l’Église et de l'État a établi la laïcité en France, les sept présidents qui se sont succédés depuis les débuts de la Ve République ont dû gérer les rencontres inévitables entre la tradition républicaine et la foi religieuse. C’est sur le rapport aussi bien fascinant que méconnu entre ces hommes politiques et l’expression publique et intime de leur foi que Marc Tronchot, l’ex-directeur de la rédaction d’Europe 1, a enquêté dans un livre passionnant qui vient de sortir : Les présidents face à Dieu (Calmann-Lévy).

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Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?
Mon père était haut commissaire de la marine nationale du temps de Georges Pompidou, et je sais qu’il a souvent représenté le président de la République lors de cérémonies religieuses, notamment dans des synagogues. Cela m’avait beaucoup frappé, enfant.
Par la suite, mon métier de journaliste politique m’a permis de bien connaître les successeurs de Pompidou, avec lesquels j’ai partagé des moments forts, notamment autour de la question de la religion. Je me souviens d’un dîner en « off » avec Jacques Chirac à la Martinique où celui-ci racontait ce qui l’animait, et où l’on se rendait compte que la spiritualité allait de pair avec la curiosité qui était la sienne pour les civilisations premières…

Avez-vous trouvé un dénominateur commun chez ces différents présidents de la Ve République ?
Leur point commun, c’est justement la religion, avec un niveau de croyance différent.
Tous, avec un certain équilibre, ont su faire en sorte que l’Église et l’État soient séparés. Parfois ils se sont entrecroisés, mais avec un certain honneur et dans des situations différentes selon les présidents. Les trois premiers de la Ve République (De Gaulle, Pompidou et Giscard d’Estaing) se sont trouvés confrontés au fait religieux à travers des débats sur la modernisation de la société (contraception, avortement, enseignement privé…) ce qui n’a rien à voir avec les quatre suivants (Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande) : eux ont été impliqués dans des débats liés à la religion qui sont largement internationaux avec des phénomènes de plus grande ampleur et qui exigent, je pense, une neutralité encore plus importante.

Pensez-vous que l’on a assisté à un accroissement des questions spirituelles au fur et à mesure des septennats puis des quinquennats, à cause de la modernisation de la société, justement ?
Oui, car la société de 1958 n’a pas grand chose à voir avec celle d’aujourd’hui, les enjeux et les mentalités ne sont pas les mêmes. Les structures de la société religieuse ne sont pas identiques non plus. La France majoritairement catholique et pratiquante du général de Gaulle était sûrement moins compliquée à gérer que notre pays aujourd’hui, devenu multiconfessionnel. Il est évident que l’islam est devenu la deuxième religion de France au milieu des années 90. La communauté juive a commencé, elle, à s’émanciper à partir de la présidence de Pompidou, avec une jeunesse qui dénonçait entre autres, le fait que la République n’avait pas suffisamment pris en compte l’ignominie que représente la Shoah.

Comment caractériseriez-vous le rapport de chacun de ces présidents de la République à la religion ?
Charles de Gaulle était un catholique fervent qui tenait à la notion de « France, fille aînée de l’Église », Georges Pompidou était beaucoup plus circonspect et complexe, nourrissant un rapport distant mais éclairé vis-à-vis de la religion. Passionné par les églises, notamment romanes, les lieux de cultes, les mégalithes, il liait l’art et le sacré, sa démarche chrétienne et d’esthète. Valéry Giscard d’Estaing a reçu une éducation chrétienne, « classique », sans aucun mysticisme, son souhait était avant tout de réformer la société. François Mitterrand n’a, quant à lui, cessé de chercher, de se poser des questions, manifestant toute sa vie de l’intérêt pour le  sacré, c’est certainement le plus mystique de tous…

Et qu’en est-il de Chirac, Sarkozy et Hollande ?
Chirac était plus travaillé par la question de l’origine des espèces, de l’Humanité. S’il restait cartésien de ce point de vue, il croyait également en un ailleurs, que ce soit sous une forme ou une autre. C’est un mélange assez heureux, je trouve, d’humanité et de religiosité. C'est quelqu’un qui est capable d’aller passer une journée entière à l’abbaye de Solesmes et d’en sortir profondément bouleversé. Les deux derniers sont un peu « jeunes » pour vraiment se prononcer, mais je qualifierais Nicolas Sarkozy de chrétien identitaire et François Hollande  d’agnostique assumé.
La question de Dieu et de la spiritualité ne soulève-t-elle pas également la question du rapport à la mort ? De quelle manière ces différents présidents l’abordent-ils ?

C’est en effet indissociable, mais tous ne l’ont pas envisagée de la même manière. De Gaulle avait surtout peur que la mort ne vienne l’interrompre dans la rédaction de ses Mémoires, ce qui fut d’ailleurs le cas. Il ne la théorisait pas, il l’attendait comme un soldat. Il n’a jamais fait une obsession de sa propre mort, il était beaucoup plus préoccupé par celle des autres. Je crois que la sérénité avec laquelle on aborde (ou pas) la mort est proportionnelle au « degré » de croyance, et De Gaulle était très croyant. À aucun moment cette question ne vint tarauder Pompidou non plus, car il pensait sincèrement qu’il allait guérir de sa maladie. Ils avaient en revanche tous les deux un vrai problème vis-à-vis de la peine de mort, mais un « problème de chrétien ». Ils l’ont résolu comme il pouvait être résolu à l’époque : cette peine était, selon eux, « justifiable » quand on s’en prenait aux enfants, aux faibles et aux femmes sans défense. 

Le rapport entre Mitterrand et l’au-delà était quant à lui évident et très fort. Il connaissait bien les grands mystiques comme sainte Thérèse de Lisieux. C’est d’ailleurs vers elle qu’il se tournera quelques mois avant son décès. Cette phrase de la sainte le touchait et l’inspirait  particulièrement : « Lorsque je serai au ciel je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre ». Par ailleurs, il évoquait clairement les forces de l’esprit, et l’importance des ondes. Il demandera à la psychologue spécialiste des soins palliatifs Marie de Hennezel qu’elle dépose dans le jardin de sa propriété des Cévennes, une pierre en son souvenir près d’un bloc de granite dont il disait fortement ressentir l’énergie. Il tentera ainsi, jusqu’au bout, d’exorciser la mort.


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