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Arlitto
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Grégoire de Nysse Empty Grégoire de Nysse

Mar 15 Oct 2019 - 18:04
Grégoire de Nysse

Frère de Basile de Césarée , mystique, épouse Théosébie. Basile, son frère le nomme évêque de Nysse .( mort vers 394 )

12 livres contre Eunomius, de la création de l'homme, discours cathéchétiques, vie de Moïse, le Cantique des Cantiques, traité sur les béatitudes, la prière du Seigneur, lettres.


Grégoire de Nysse

PRÉAMBULE

   Toute à ton honneur, pour toi qui as fait le libre choix du christianisme, cette ferveur qui te pousse à connaître le chemin qui mène un homme à la perfection en passant par une vie vertueuse, dans ton désir de voir se maintenir ta vie durant toutes tes actions à l'abri du reproche. Pour moi, j'aurais tenu par-dessus tout à ce que tu puisses trouver dans ma vie les exemples propres à exciter ton zèle, que mes actes, plus que mes paroles, t'offrent l'enseignement que tu recherches.

Car mes directives, touchant l'acquisition des biens spirituels, ne mériteraient ton crédit que si ma vie s'accordait à mes discours. Mais j'en suis encore à désirer que cela se réalise et, à mes yeux, je ne suis pas encore parvenu à cette perfection d'offrir ma vie en exemple plutôt que de prêcher; aussi, dans ma crainte de te donner l'impression que je ne t'apporte pas la moindre contribution ni le moindre secours dans ta recherche, j'ai songé à t'exposer les conditions au prix desquelles on tend nécessairement vers la vie parfaite; et c'est là le point de départ de mon propos.

INTRODUCTION

 Jésus Christ, notre bon Maître, nous a fait la grâce d'avoir part à l'adoration de son Nom; aussi bien ne recevons-nous le nôtre d'aucune des qualités qui nous affectent, et notamment de la fortune s'il s'en trouve, ou de la noblesse, d'une naissance obscure ou de la pauvreté, d'une notoriété qui nous viendrait de quelque situation remarquable ou de notre élévation en dignité, mais à l'exclusion de toutes ces sortes de choses susceptibles de nous désigner, nous autres, qui croyons en Lui, recevons une appellation propre, unique, celle de chrétiens; cette grâce nous a été conférée d'en haut : aussi serait-il bon sans doute de considérer en premier lieu la grandeur de ce don, en sorte que nous rendions de dignes actions de grâce au Dieu qui nous a fait un si merveilleux présent; nous aurions ensuite à nous montrer, tout au long de notre vie, tels que le réclame la puissance de ce grand Nom.

En bref, l'excellence de cette faveur, dont on nous a jugés dignes en nous faisant partager le Nom du Maître de nos vies, s'éclairerait pour nous, si nous apprenions à connaître le contenu propre de notre nom qui vaut en référence au Christ, en sorte que nous prenions conscience, chaque fois que, sous ce vocable, nos prières appellent à notre aide le Seigneur de l'univers, quel genre de lumière nous en recevons pour nos âmes ou ce que nous pouvons saisir à travers ce Nom, en croyant invoquer le Seigneur avec piété. Or, lorsque nous aurons ces notions, par voie de conséquence nous apprendrons aussi avec précision comment nous présenter devant les autres de la manière convenable par le moyen de notre ferveur touchant la vie, en nous servant de notre nom comme d'un maître et d'un guide conduisant à la vie.

 Si maintenant nous nous mettons à l'école de saint Paul, en vue de ce double objectif dont j'ai parlé, nous suivrons une route tout à fait assurée qui nous conduira avec certitude. Ce dernier, en effet, avec plus de perspicacité que quiconque, a discerné l'être du Christ et a montré par ses oeuvres quel doit être celui qui porte son Nom : il a imité le Christ d'une manière si sensible qu'il a révélé en sa personne une figure de son Maître, son âme étant passée de sa forme propre en celle de son modèle grâce à l'imitation la plus exacte; à un tel point que, apparemment, ce n'était plus Paul qui vivait et parlait, mais que le Christ en personne semblait vivre en lui; ainsi l'a exprimé celui qui avait un sens merveilleux des biens qu'il possédait en propre : "Puisque vous cherchez à découvrir une preuve que le Christ parle en moi", et "je vis, non plus moi-même,s mais le Christ vit en moi".

 Ce même Paul nous a fait connaître le contenu du nom chrétien par ces paroles : "Christ est la Puissance de Dieu et la Sagesse de Dieu"; il l'a également nommé "notre Paix, ainsi que la Lumière inaccessible en laquelle Dieu réside, notre Sanctification et notre Rédemption , notre Grand-prêtre et notre Pâque, l'Offrande propitiatoire pour nos âmes, le Rayonnement de la Gloire de Dieu et l'Effigie de sa Substance, Celui par qui Il a fait les siècles, l'Aliment et la Boisson spirituels, le Rocher et l'Eau, l'Assise de notre foi et la Pierre angulaire, l'Image du Dieu invisible et notre grand Dieu, la Tête du corps, c'est-à-dire de l'Église et le Premier-né de la création nouvelle, le Prémices de ceux qui se sont endormis, l'Aîné d'une multitude de frères, le Médiateur entre Dieu et les hommes, le Fils unique couronné de gloire et d'honneur, le Seigneur de gloire et le Principe de toute chose ". Paul dit de Lui en effet : "Il est le Commencement", "le Roi de justice et le Roi de paix", "le Roi universel", "Possesseur d'une autorité sans limites sur son royaume", et de nombreux autres titres de ce genre, qu'on ne saurait énumérer, étant donné leur multitude.

 Or, rapprochons tous ces qualificatifs et comparons-les mutuellement : tous, pourvus de leur signification propre, contribueront, chacun pour sa part, à éclairer Celui qu'ils signifient; il en résultera une notable mise en lumière du nom formé sur celui du Christ et ces titres convergents nous révéleront de sa Majesté ineffable autant que nos âmes peuvent en contenir.

 Puis donc que la dignité royale l'emporte sur toute dignité et pouvoir et puissance, que par ailleurs, à travers le Nom d'Oint, la puissance royale apparaît d'une manière intrinsèque et immédiate (on sait, suivant l'enseignement de l'histoire, que l'onction inaugure l'avènement au trône), bref, puisque l'ensemble du pouvoir des autres titres est renfermé dans la royauté, pour ces raisons, quiconque a compris ces titres qu'elle renferme, a compris également et simultanément le pouvoir qui englobe ces pouvoirs partiels; or telle est bien la royauté que le Nom porté par le Christ désigne en propre. En conséquence, vu que notre bon Maître nous accorde participation au plus grand, au plus divin et au premier de tous les Noms, en faisant appeler chrétiens ceux qui ont l'honneur de porter son Surnom de Christ, il faudra examiner chez nous aussi toutes les interprétations possibles de ce vocable afin que, loin d'être en nous mensongère, cette appellation reçoive le témoignage de notre vie.

 Car ce n'est pas le nom qui nous est donné qui fait ce que nous sommes : notre nature fondamentale, quelle qu'elle soit d'ailleurs, se reconnaît aux traits distinctifs qui s'attachent à son Nom.   Et par exemple, si l'on donne le nom d'homme à un arbre ou à une pierre, est-ce pour cela que la plante ou la pierre prendront la nature humaine ? Impossible !

 Mais il faut au préalable en posséder la nature, seulement ensuite porter son nom. Ainsi, s'agirait-il même des êtres les plus ressemblants, on ne maintient pas le nom propre quand on les désigne; comme si l'on disait de la statue d'un homme : c'est un homme, ou de la reproduction d'un cheval : c'est un cheval. Eh bien ! si l'on doit appeler une chose par son nom et sans tomber dans le mensonge, c'est sa nature qui nous désignera avec précision la vérité de son nom. Si d'ailleurs on donne à une matière, quelle qu'elle soit justement, la forme imitée de quelque objet, on le nomme un bronze, un marbre ou quelque autre chose de ce genre, c'est-à-dire l'élément sur lequel le sculpteur a exercé son art quand il représentait, en fiction, la forme extérieure de l'objet.

 Par conséquent, ceux qui reçoivent leur nom du Christ doivent au préalable préalable être devenus tels que ce nom requiert, ensuite seulement prendre sur eux ce nom. Comparons plutôt : si l'on veut distinguer un homme qui l'est par nature, de celui qui porte le même nom du fait de sa ressemblance, on les discernera l'un de l'autre en s'appuyant sur leurs notes spécifiques respectives (on désignera le premier comme un vivant doué de raison et de jugement, l'autre comme une matière inerte, parvenant à prendre forme humaine par le biais de l'imitation); il en sera de même du chrétien qui l'est réellement et de celui qui ne l'est qu'en apparence : nous les reconnaîtrons aux qualités qu'ils ont en propre et qui se manifestent distinctifs.

 Or, ces traits, chez le chrétien authentique, sont ceux mêmes que nous avons découverts dans le Christ. Il en est parmi eux que nous comprenons : nous les reproduisons en les imitant; il en est d'autres, en revanche, qui dépassent notre entendement et que nous ne pouvons imiter : ceux-là, nous les vénérons et les adorons. Bref, tous les titres propres à révéler ce qu'est le Christ, doivent briller dans la vie du chrétien, les uns par l'imitation qu'il en donne, les autres par le culte qu'il leur voue, s'il recherche la "perfection de l'homme de Dieu", comme le dit l'Apôtre, et se refuse absolument à mutiler par malice la perfection.

 Prenons encore une comparaison. Ceux qui inventent les monstres de la mythologie, soit dans la littérature, soit dans la peinture - qu'il s'agisse de figures à tête de boeuf, à corps de cheval, à pieds de dragon, ou encore de quelque autre monstre de la sorte issu de la combinaison d'espèces différentes - ne se guident pas, dans leur oeuvre d'imitateur, d'après un modèle pris dans la nature mais la trahissent par cette invention absurde et forment quelque figure étrange et non un homme; ils représentent un être de fiction qui n'a aucune existence réelle. Or, sans doute, nul n'irait prétendre que c'est un homme, ce produit d'une composition monstrueuse, quand bien même une partie de l'oeuvre se trouve-t-elle justement ressembler à la moitié d'un corps humain. De même, on ne saurait non plus appeler chrétien avec rigueur l'homme qui aurait une tête animale, entendez celui à qui il manquerait, faute d'avoir la foi, la Tête de l'univers, laquelle est le Verbe, quand bien même serait-il parfait pour le reste; il en serait de même pour l'homme dont le corps, entendez la pratique, apparaîtrait en désaccord avec sa tête, la foi, en s'apparentant aux dragons par sa colère, ou en se ravalant à la brute à l'instar d'un reptile, ou en joignant à la figure humaine la passion des chevaux pour les femmes, passant de la sorte à la double nature de l'hippocentaure composée de raisonnable et d'irrationnel. Or, on peut voir nombre d'hommes de cette sorte : les uns sous une tête de veau, entendez soumis à l'idolâtrie, parvenant à mener une vie convenable, comme on dépeint le Minotaure, d'autres sous un masque chrétien menant dans leur corps une vie bestiale, comme on représente les centaures et les dragons.

 Puis donc que le chrétien, à l'image du corps humain, devrait pouvoir se reconnaître à son intégrité, il convient que la vie du fidèle témoigne de l'empreinte de tous les biens que nous comprenons dans le sens du Christ. Tu peux, il est vrai, sur tel point de la vertu, te conformer aux exigences de ton nom, tout en cédant sur d'autres à ce qui s'y oppose; mais cela revient à être divisé en toi-même, tu aboutis à prendre le poste de ton ennemi, tu entres en lutte contre toi par le jeu opposé du vice et de la vertu et tu ne souffriras plus aucune trêve ni accommodement avec toi, à cause de la vie que tu mènes. "Quoi de commun en effet entre la lumière et les ténèbres ?" selon le mot de l'Apôtre.

 Et puisque, de fait, l'antagonisme est total et sans compromis possible entre la lumière et les ténèbres, celui qui s'attache aux deux à la fois sans écarter de lui l'un des deux, se trouve à son tour, compte tenu de ce que ces principes s'opposent diamétralement, nécessairement écartelé; il devient en même temps lumière et ténèbres en sa vie où elles s'enchevêtrent, car d'un côté sa foi l'illumine par son rayonnement, de l'autre sa vie de ténèbres obscurcit l'éclat qu'il reçoit du Verbe. Ainsi la compromission de la lumière avec les ténèbres est impossible, et ces éléments irréconciliables. Celui donc qui embrasse l'un et l'autre contraires se rend son propre ennemi, il a été scindé en deux par sa conduite touchant la vertu et le vice et il s'oppose à lui-même comme s'il se tenait en face d'une formation ennemie.

 Et de même qu'il n'est pas possible à deux adversaires d'être également vainqueurs au duel (car la victoire de l'un entraîne nécessairement la mort de son opposant), pareillement dans ce

le Hiéromoine Cassien.
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