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Jeu 10 Oct 2019 - 14:01
La naissance de nouvelles religions


La naissance de nouvelles religions

Prophète charismatique, doctrine innovante, tradition recomposée au point d’en devenir méconnaissable… Quels sont les ingrédients du succès d’une nouvelle religion ? Et comment la distingue-t-on d’une secte ou d’un nouveau mouvement religieux ?

« Nous vous payons 5 000 dollars pour lancer votre propre religion. Pas d’expérience requise. » Cette offre d’emploi insolite fut publiée par un cinéaste américain, Andy Deemer, qui voulait réaliser un documentaire sur les débuts d’une religion. L’annonce reçut 300 réponses, raconte le journaliste Michael Luo. Le cinéaste retint finalement Joshua Boden, un chômeur de 35 ans s’intéressant au New Age et aux philosophies orientales. Suivi par les caméras, J. Boden fonda la Church of Now (Eglise du Présent), un mouvement encourageant à « vivre pleinement ». La croyance en Dieu était optionnelle. Que la cause en fût le contenu libéral de la croyance, les capacités de prédicateur du prophète ou son degré de conviction, les premiers résultats se révélèrent médiocres : les actions de propagande dans la rue ou le premier service religieux de la Church of Now ne convainquirent pas grand monde. Il ne suffit pas de se placer au coin d’une rue de New York avec un panneau proclamant « Parlez-moi de la vie dans le présent » pour attirer les foules. Et J. Boden découvrit aussi que ses premiers auditeurs cherchaient plus un message structuré qu’un gourou les invitant à l’élaborer ensemble.

Pas facile de devenir fondateur de religion. En tout cas tant que l’on n’a pas réussi à s’entourer de premiers disciples, qui pourront à la fois propager le message et lui donner une crédibilité par leur simple présence et leur engagement : le prophète a besoin de disciples, ne serait-ce que pour être pris au sérieux. Pas d’Eglise chrétienne sans les apôtres, pas d’oumma musulmane sans les compagnons du Prophète !

Attirer le premier noyau d’adeptes puis le développer exigent aussi de convaincre les futurs fidèles de l’avantage qu’ils trouveront à rejoindre telle communauté plutôt que telle autre. Il n’y a jamais eu autant de groupes religieux sur le « marché », une situation favorisée à la fois par le climat de liberté religieuse, la rapidité des communications et la tendance à l’individualisation sur tous les continents. Il ne manque pas d’âmes « en recherche », mais leur quête ne débouche pas toujours sur l’insertion dans des formes religieuses structurées.

De la difficulté d’innover
Faut-il un message entièrement original ? A en juger par le paysage religieux actuel, ce n’est pas indispensable. Si l’on parcourt par exemple la monumentale Encyclopedia of American Religions de l’historien J. Gordon Melton, les croyances d’un assez large nombre de groupes ressemblent beaucoup à celles de groupes voisins, quand elles ne sont pas quasiment identiques. Des questions de personnes ou des querelles sur des points de détail les ont constituées en organisations séparées, plus que de véritables fossés doctrinaux.

Certes, d’autres groupes se distinguent plus nettement des autres : leur fondateur a développé une lecture ou interprétation particulière d’un livre saint, peut-être modifié des rites centraux d’une tradition, ou encore développé des doctrines inédites sur certaines questions. Cependant, la majorité des groupes religieux nouveaux bâtissent sur les fondations d’une tradition existante, en modifiant des détails de l’édifice ou en recomposant certains de ses éléments. Il n’est pas si simple de faire quelque chose de neuf. L’innovation – par rapport à un contexte culturel ou dans l’absolu – présente aussi des défis : comme l’a observé le sociologue américain Rodney Stark, adhérer à une religion exotique ou sans lien avec notre propre héritage implique le sacrifice d’un capital culturel. Un chrétien qui se convertit à une autre variante du christianisme ne se trouve pas amené à un sacrifice aussi important de son capital culturel que s’il devient adepte d’une voie spirituelle hindoue.

Il ne faut pas non plus ignorer l’attrait culturel qu’exercent des formes déjà familières : Emmanuel Swedenborg (1688-1772), scientifique et visionnaire suédois, a écrit une œuvre abondante dans laquelle il expose ce qu’il considère comme le « sens spirituel » de la Bible et en raconte ses explorations. Quand, après sa mort, certains de ses lecteurs ont créé un mouvement fondé sur ses révélations, la Nouvelle Eglise, ils ne développèrent cependant pas des rites originaux fondés sur les visions de E. Swedenborg, mais des célébrations proches des formes protestantes, comme le nota avec dépit Fabre des Essarts (1848-1917) en visitant, il y a un siècle, le temple swedenborgien de Paris : « Malheureusement, l’intérieur se ressent un peu de l’influence protestante, dont les disciples de Swedenborg n’ont pas encore bien su se dégager. (…) Les chants eux-mêmes ne sont autres que ceux des protestants français . »
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:02
Un nouveau cadre religieux

En partie pour éviter le terme piégé et négativement connoté de « secte », la communauté scientifique utilise assez largement l’expression de « nouveaux mouvements religieux ». Mais ce terme n’est presque jamais défini de façon précise et englobe une large variété de courants, bien que certains chercheurs l’utilisent dans un sens plus limité, par exemple en l’appliquant uniquement à des groupes non chrétiens ou postchrétiens. En outre, nombreux sont les chercheurs qui recourent comme synonyme à l’expression de « nouvelles religions ». Sous l’angle sociologique, ce qui importe est la nouveauté de phénomènes sociaux, indépendamment de leur enracinement dans des traditions antérieures. L’attention est retenue par la présence simultanée de groupes très variés, créant un nouveau cadre religieux pluriel. La sociologie des religions a consacré au cours des dernières décennies d’abondantes et passionnantes études à des mouvements religieux nouveaux, aux itinéraires de conversion de leurs adeptes, aux rapports que ces mouvements entretiennent avec les sociétés environnantes, à ce qu’ils nous apprennent sur l’atmosphère religieuse contemporaine.

Pour l’historien des religions, d’autres questions s’ajoutent cependant. Quel historien n’aurait rêvé d’être le témoin de l’émergence du christianisme et de l’islam, d’observer sur le vif comment se structure une telle tradition ? Même si la plupart des nouveaux mouvements ne sont sans doute pas destinés à durer, l’on peut se demander ce qu’ils peuvent nous apprendre sur la naissance de religions. Particulièrement instructifs pourraient être ceux qui en arrivent à se distinguer suffisamment de leur tradition d’origine, au point de créer une tradition indépendante : le christianisme émergea ainsi dans le cadre juif, mais s’émancipa de sa tradition mère pour devenir un courant indépendant. Ce qui ne signifie pas qu’il renia cet héritage : au contraire, il s’appropria les livres saints juifs, désormais appelés Ancien Testament, en les lisant à la lumière de ses propres enseignements. La nouveauté ne suppose pas un rejet complet de ce qui a précédé, mais une relecture et un réagencement suffisamment importants pour déboucher sur un résultat original.

Dans cette approche historique, « nouvelle religion » et « nouveau mouvement religieux » ne peuvent rester synonymes. Ils désignent deux types différents, étant entendu qu’il en existe des intermédiaires.

Par « nouvelle religion », nous entendons un mouvement religieux qui s’est autonomisé de la tradition religieuse d’origine à un tel point qu’il ne peut plus être considéré comme une simple branche de ladite tradition, mais s’est constitué en tradition indépendante. Le bouddhisme naît en contexte hindou, et dans certaines régions incorpore des éléments hindous (comme les divinités protectrices hindoues), tandis que des courants hindous intègrent le Bouddha dans leur panthéon, où il devient incarnation de Vishnou : malgré des parentés, le bouddhisme n’est pas un sous-groupe du grand ensemble hindou mais constitue une religion autonome.

Un « nouveau mouvement religieux » est un groupe introduisant des nouveautés d’organisation ou de doctrine dans des limites qui ne le coupent pas de sa tradition d’origine, dont il devient une branche. Même si les adventistes du septième jour ont accepté les enseignements d’Ellen White ou la pratique du sabbat, ils demeuraient dans l’orbite du christianisme protestant ; d’ailleurs, en 2006, les adventistes du septième jour sont devenus membres de la Fédération protestante de France, au même titre que certains groupes pentecôtistes. Autre exemple : les dévots de Krishna présentent des particularités, mais rien qui les rende fondamentalement étrangers aux courants dévotionnels de l’hindouisme vieux de plusieurs siècles dont était issu leur fondateur
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:02
La Révélation d’Arès

Qualifier un mouvement religieux de « nouvelle religion » ne signifie pas lui attribuer automatiquement un label de future grande religion. Peu nombreuses sont les religions qui passent l’épreuve des siècles, et il n’en ira pas autrement aujourd’hui.

La tendance d’un mouvement à s’autonomiser s’affirme tôt dans son développement, non seulement à cause du radicalisme et de l’enthousiasme qui accompagnent des démarches de rupture ou d’innovation à leurs débuts, mais aussi en raison de la présence d’un fondateur auquel sont attribuées des qualités exceptionnelles (être inspiré, prophète, voire incarnation du divin). Celui-ci seul a l’autorité pour prendre des initiatives aux conséquences aussi profondes, sa personne et le mouvement étant indissolublement liés. Dans certains cas, le fondateur transmet de nouveaux textes sacrés, un moyen particulièrement efficace d’innovation.

Prophète : telle est la fonction attribuée à Michel Potay (né en 1929 à Suresnes). Alors qu’il se trouve à la tête d’un petit groupe dissident de l’Eglise orthodoxe – et amorce déjà une remise en question de certaines croyances orthodoxes traditionnelles –, il affirme avoir reçu en 1974 à Arès, petite localité du bassin d’Arcachon où il venait de s’installer, 40 visites nocturnes de Jésus : le message ainsi dicté a été intitulé « L’Evangile donné à Arès ». En 1977, Dieu lui-même se serait manifesté à cinq reprises : le message reçu est consigné dans Le Livre, un texte d’un style assez différent du précédent, lapidaire, qui est commenté et expliqué par le prophète.

Ce que ses fidèles appellent la « Révélation d’Arès » accepte la Bible (amputée de certains livres) et le Coran, mais ces textes auraient subi des corruptions et auraient en outre été destinés à des époques précises : 
aujourd’hui, la Révélation d’Arès viendrait apporter « la pure Parole du Père ». Ce message appelle à un changement du monde et a convaincu quelques milliers de croyants, surtout dans l’espace francophone.

Au cours des premières années, la Révélation d’Arès pouvait apparaître comme une réforme radicale du christianisme, intégrant le fait islamique et ajoutant son propre texte au canon scripturaire (c’est-à-dire à l’ensemble des livres acceptés comme partie constituante des textes sacrés). Au fil des ans, cependant, les différences se sont encore affirmées. Le baptême et un culte eucharistique simplifié ont finalement laissé place à une compréhension non littérale de ces rites. Dès le début, le « Notre Père » a été remplacé par ce qui en est présenté comme la version authentique, « Père de l’Univers », que les croyants récitent le visage tourné en direction d’Arès. La Révélation d’Arès ne peut être qualifiée de « secte chrétienne ». Une autre réalité émerge. Si elle survit, elle pourrait devenir une tradition religieuse indépendante. Dans l’immédiat, un tel groupe offre un exemple passionnant pour observer comment se structure une tradition et l’évolution de son attitude face à des éléments hérités de traditions antérieures.
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:02
Un syncrétisme parfois déconcertant

Le potentiel innovateur d’un personnage détenteur d’une révélation est considérable, mais ne se réalise pas toujours, ou pas pleinement. Au cours d’une brève mais intense vie terrestre, Joseph Smith (1805-1844), fondateur de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, proclama des innovations théologiques hardies, introduisit des rites inédits dans l’histoire chrétienne et révéla de nouveaux livres sacrés. Ces innovations se multipliaient d’ailleurs à un tel point que peut-être sa fin précoce épargna-t-elle aux mormons des crises et divisions provoquées par ces réorientations toujours plus nombreuses. Cependant, malgré ces fortes particularités doctrinales, les mormons se sentent chrétiens et demeurent de fait, au sens large, dans l’orbite culturelle chrétienne, indépendamment de leurs particularités.

Des groupes tels que les « pèlerins d’Arès » ou les mormons s’alimentent principalement à une lignée spirituelle. D’autres groupes conjoignent résolument des apports de traditions éloignées les unes des autres : certains nouveaux mouvements présentent donc des traits syncrétiques, mixant dans une nouvelle réalité des croyances et pratiques aux généalogies complètement différentes. L’aumisme, groupe à forte visibilité médiatique malgré sa taille modeste, ou le caodaïsme, nouvelle religion d’origine vietnamienne incluant des éléments occidentaux empruntés aussi bien au spiritisme qu’au catholicisme, offrent des constructions déconcertantes au premier abord pour l’observateur. Pourtant, aux yeux des fidèles qui adhèrent à de tels courants religieux, le résultat semble cohérent et débouche sur une réalité nouvelle, différente de la somme de ses composantes.

Le syncrétisme est une réalité qui a toujours existé dans l’histoire des religions. Mais nous nous trouvons aujourd’hui face à ce qu’un chercheur japonais, Nobutaka Inoue, a baptisé « néosyncrétisme » : non pas un phénomène naturel découlant de la coexistence de plusieurs religions, mais l’amalgame intentionnel de différentes doctrines et pratiques, sans nécessité d’un contact réel avec les traditions auxquelles sont faits ces emprunts.

Une enquête sur l’émergence de nouvelles traditions religieuses peut surprendre : elle envisage la possibilité que quelques groupes aujourd’hui considérés comme marginaux puissent être l’embryon de grands courants futurs. Si la perspective du croyant introduit une distinction qualitative, l’épreuve du temps est sans doute le premier critère d’une approche historique. A supposer que la Church of Now de J. Boden voie réellement le jour, ce qui est improbable, elle a peu de chances de survivre longtemps. Cela dit, le terrain religieux est celui de toutes les surprises : les contemporains des fondateurs de grandes religions ne donnaient pas cher de l’avenir de celles-ci à leurs débuts…

NOTES
(1) M. Luo, « Seeking entry-level prophet », New York Times, 28 août 2006.
(2) J.G. Melton, Encyclopedia of American Religions, 6e éd., Gale, 1999.
(3) R. Stark, « Why religious movements succeed or fail: A revised general model », Journal of Contemporary Religion, vol. XI, n° 2, mai 1996.
(4) F. des Essarts, Les Hiérophantes. Études sur les fondateurs de religions depuis la Révolution jusqu’à ce jour, éd. Chacornac, 1905.
(5) N. Inoue (dir.), Globalization and Indigenous Culture, Kokugakuin University, 1997.
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:03
Le baha'isme, modèle idéal de nouvelle religion

Le potentiel innovateur d’un mouvement se révèle en général très rapidement. Le « modèle idéal » d’une nouvelle religion, pour reprendre le terme de Reender Kranenborg, est sans doute la foi baha’ie, issue d’un mouvement chi’ite dissident dans l’Iran des années 1840.

En 1844, un homme que l’on appellera le Bab (la porte) se présente comme l’accès à l’Imam caché (puisque le chiisme duodécimain croit que le douzième imam s’est occulté, mais réapparaîtra un jour). « En 1844, les idées du Bab étaient certes controversées, mais se situaient clairement dans le cadre de référence chi’ ite », observe Margit Warburg, une spécialiste danoise de la religion baha’ie (1).Tout change en 1848, quand le mouvement babi rompt avec l’islam en proclamant une nouvelle loi religieuse (shari’a). L’éloignement de l’islam s’accentue avec Baha’u’llah (1817-1892), le fondateur de la religion baha’ie proprement dite : sur le fondement posé par son prédécesseur, il renforce la spécificité de son message, introduisant à son tour une nouvelle shari’a abrogeant celle du Bab. La religion baha’ie a donc une autre loi religieuse, d’autres livres sacrés et d’autres pratiques de culte que l’islam : il n’est plus possible de parler à son sujet de « secte musulmane ».
 
NOTE
(1) M. Warburg, « De l’islam à la religion baha’ie », in J.-F. Mayer et R. Kranenborg (dir.), La Naissance des nouvelles religions, Georg, 2004.

Jean-François Mayer
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:03
Quand le christianisme était une nouvelle religion

Il y a fort à parier que les contemporains de saint Paul n’auraient pas misé un sesterce sur l’avenir du mouvement des chrétiens. Après avoir observé la création de traditions nouvelles, pouvons-nous aujourd’hui restituer la recette du succès du christianisme ?

À la suite de son père fondateur Max Weber, la sociologie des religions a largement spéculé sur les conditions nécessaires à l’éclosion d’une nouvelle religion. Par exemple, le climat social est primordial : sans attente collective, pas de public pour adhérer à un message. Or la Palestine du ier siècle de notre ère est occupée par les Romains, et toute lecture de la Bible aboutit au constat que cette occupation par une armée païenne est une punition envoyée par Dieu à son peuple. D’où une équation simple : un Messie, annoncé par les prophéties, doit se manifester pour libérer le peuple juif, et cela ne peut se faire qu’au prix d’un retour à l’observance des Écritures et d’une fin du monde, où ne seront sauvés que les croyants sincères.

La prédication de Jésus s’inscrit dans ce cadre : celle d’un prophète parmi d’autres (de Jean le Baptiste à Simon le Magicien, on connaît aujourd’hui de dix à vingt prédicasteurs contemporains de Jésus), qui se dit rédempteur et porteur d’un message de Dieu à son peuple. Prophète charismatique, voire thaumaturge, qui va souder autour de sa personne une communauté ; communauté qui va relayer ce message ; message qui va s’étendre grâce au génie d’un saint Paul, qui va prêcher auprès des populations juives en diaspora, et aussi auprès des non-Juifs. C’est parce que le judaïsme et le christianisme (qui n’est alors qu’une branche du judaïsme) fascinent des populations romaines et grecques en quête de réponses sur l’après-vie que ces religions vont attirer ce que l’on appelle alors des prosélytes – soit des convertis.

Au contact de ces adeptes non issus du judaïsme, le christianisme saura se distinguer de la concurrence en s’adaptant à la demande, et son succès ira croissant, jusqu’à sa proclamation en religion d’Etat de l’Empire romain au ive siècle. Progressivement s’installe une « routinisation du charisme », qui autorise l’Eglise à détenir un monopole de la vérité révélée et à assurer la pérennité de la foi. Cela se fait au prix d’adaptations au contexte social. Il serait illusoire de croire que le christianisme des origines ait beaucoup en commun avec les multiples credo professés par les deux milliards de chrétiens d’aujourd’hui.

Autre niveau d’explication : 
celui du véhicule du message. Ainsi le médiologue Régis Debray, rejoint par l’historien Guy Stroumsa, soutient que le triomphe initial du christianisme dans l’Empire romain est celui d’un média (de même que le succès du protestantisme sera en bonne partie lié à l’innovation technique de l’imprimerie). Le codex – livre relié –, moins coûteux qu’un parchemin, va en effet assurer une formidable audience aux Evangiles.

Et si, au final, le phénoménal succès du christianisme résultait d’un marketing extraordinairement habile ? Cette question iconoclaste est posée par le publicitaire italien Bruno Ballardini, qui postule que le succès de l’Eglise s’explique par sa capacité à créer un besoin et à en commercialiser la solution. Le tout en deux étapes : 1) vous convaincre que vous êtes un 
pêcheur condamné à l’enfer ; 2) et qu’il faut que vous adhériez pour être sauvé.

Dans les années 1950,
 le sociologue américain Leon Festinger postulait que si une croyance isolée est vouée à la destruction, une croyance partagée a seule des chances de perdurer. A cet égard, le succès du christianisme, religion communautaire par excellence, est à mesurer à l’aune de l’échec initial de sa prophétie fondatrice : les premiers chrétiens n’étaient-ils pas intimement convaincus que la fin du monde était imminente ?


NOTES

(1) Voir par exemple A. Houziaux (dir.), Jésus-Christ, de quoi est-on sûr ?, L’Atelier, 2006.
(2) F. Blanchetière, Les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires ?, Cerf, 2002.
(3) Expression de M. Weber, qui renvoie à l’institutionnalisation de la foi.
(4) R. Debray, Cours de médiologie générale
rééd. Gallimard, 2001 ; G. Stroumsa, La Fin du sacrifice. Les mutations religieuses de l’Antiquité tardive, Odile Jacob, 2005.
(5) B. Ballardini, Jésus lave plus blanc, Liana Levi, 2006.
(6) L. Festinger (dir.), L’Échec d’une prophétie, Puf, 1993.
Laurent Testot
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:03
Le retour du religieux, un phénomène mondial

« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. » La célèbre formule faussement attribuée à André Malraux semble se vérifier : loin d'être enterrées et oubliées dans un monde dominé par le progrès, les religions s'adaptent et même prolifèrent. Mais pourquoi Dieu, non content de refuser de mourir, se porte-t-il si bien ?

« Dieu est mort (Signé : Nietzsche). » A la célèbre formule du philosophe, tant de fois répétée depuis un siècle, un anonyme rusé s'est plu à rajouter ce correctif : « Nietzsche est mort(signé : Dieu). »
Dont acte : l'annonce de la mort de Dieu avait été largement prématurée. On avait cru, depuis un siècle, que la religion était condamnée par l'histoire. Sociologues, historiens et philosophes, de Max Weber à Marcel Gauchet (voir l'encadré, p. 30), s'accordaient sur le diagnostic de « désenchantement du monde », sur l'éclipse irrévocable de la présence divine dans le monde contemporain.

Depuis le XIXe siècle, on pensait que la science allait irrémédiablement remplacer les superstitions, la technique supplanter la magie, la médecine détrôner les prières, la politique prendre le pas sur le messianisme, etc. Tout semblait condamner la religion. Les faits tendaient d'ailleurs à confirmer le diagnostic : dans la plupart des pays occidentaux, on assistait à un déclin continu de la participation religieuse, à la laïcisation progressive des Etats. En un mot : la religion ne pouvait résister à la modernité. La théorie de la « sécularisation » était même partagée par la plupart des spécialistes - ce qui était rare en sciences humaines.

Or, depuis trente ans au moins, les sociologues ont dû se rendre à l'évidence : ils s'étaient trompés. En témoigne la résurgence mondiale de toutes formes de religiosité : réveil de l'islam et essor de l'évangélisme protestant dans le monde entier (voir les points de repère, p. 34), renouveau du christianisme et diffusion de nouvelles religiosités en Europe de l'Est, résurgence des religions en Chine (voir l'article, p. 40), multiplication des Eglises en Afrique, apparition d'un néochamanisme chez les Amérindiens... Partout, en Asie, en Afrique, en Amérique latine ou du Nord, jusqu'en Europe, pullulent les sectes et nouveaux mouvements religieux (NMR). Alors que l'Eglise catholique peine à trouver des vocations sacerdotales, au moins dans la Vieille Europe, partout surgissent des gourous, prédicateurs, pasteurs... Les entrepreneurs de salut font fortune sous toutes les latitudes.

Pourquoi Dieu est-il de retour ?
Peter L. Berger le reconnaît sans détour : « L'idée selon laquelle nous vivons dans un monde sécularisé est fausse. Le monde d'aujourd'hui est aussi furieusement religieux qu'il l'a toujours été. » Pour cette grande figure de la sociologie des religions, la théorie de la sécularisation - à laquelle il a largement contribué par ses recherches passées - est « pour l'essentiel erronée ».

Restait donc à reprendre le problème de fond en comble. Le réveil du religieux représentait un défi pour la pensée en général et pour la sociologie en particulier. Dans Le Réenchantement du monde, P.L. Berger réunissait une cohorte de spécialistes pour étudier le renouveau religieux : de l'impact politique de l'évangélisme protestant à la dynamique de l'islam, de l'importance croissante de la diplomatie papale de Jean-Paul II (élu en 1978) à la prolifération des religions en Chine. Avec en toile de fond cette question : pourquoi Dieu est-il de retour ?

Cet ouvrage collectif n'est qu'un des très nombreux travaux accumulés depuis quelques années sur la place du religieux aux Etats-Unis, sur la propagation d'un islam radical, sur la progression mondiale des sectes. Toute cette littérature, une fois mise en perspective, suggère quelques réponses possibles à la question du « retour de Dieu ». Si les religions renaissent et se renouvellent sans cesse, si elles semblent se marier si bien avec la modernité, c'est sans doute qu'elles répondent à des attentes individuelles et à des besoins collectifs dont aucune société n'a su, à ce jour, s'affranchir.

Ces aspirations sont de plusieurs ordres : idéologico-politiques, morales, sociales, identitaires, communautaires, existentielles, matérielles et même thérapeutiques. Notons au passage que ces attentes sont souvent imbriquées entre elles telles les pièces d'un puzzle, ce qui rend hasardeuse toute classification.

Resacraliser le monde
Publié en janvier 1991, le livre de Gilles Kepel, La Revanche de Dieu, fut l'un des premiers à poser la question des raisons du retour du religieux. Cet ouvrage s'intéressait à la résurgence de trois types de fondamentalisme : l'islamisme radical se répandait dans les pays musulmans ; le militantisme protestant effectuait un retour en force, particulièrement avec l'évangélisme conservateur américain ; et le mouvement de techouvah (retour au judaïsme et à l'observance intégrale de la loi biblique) s'affichait dans les communautés juives du monde entier.

Le renouveau de l'islam survenait après l'échec patent des alternatives marxistes et nationalistes, et sa composante la plus visible, le fondamentalisme islamique, se présentait comme une religion politique. Il prenait le relais des idéologies nationalistes panarabes ou du marxisme comme forme de mobilisation politique. Il avait ses prophètes, ses dogmes, sa promesse millénariste de l'établissement imminent d'une communauté des croyants transcendant les frontières imposées par le « satanique » impérialisme occidental. Simultanément, l'évangélisme américain réactivait la « religion civile » - un concept qui faisait de la nation états-unienne le réceptacle, l'incarnation consensuelle des grandes religions pratiquées aux Etats-Unis (voir l'article, p. 36) - sous la forme d'une « thérapie » sociale destinée à soigner la société et les individus des troubles de la modernité : anomie, individualisme, matérialisme...

D'autres études, portant sur l'Afrique ou l'Asie, montraient parallèlement que l'essor du prophétisme en Afrique ou en Asie relevait aussi d'une nouvelle « politique des esprits ». C'est ainsi qu'en Afrique, dès les années 30, des prophètes appelés « christs noirs » avaient initié des mouvements de mobilisation contre le colonialisme et les missionnaires catholiques.

La plupart de ces mouvements exprimaient, au-delà du refus de l'impérialisme politique et culturel, une aspiration plus profonde. Ils reprochaient à la société son émiettement, l'absence de projet d'ensemble auquel adhérer. Ils étaient révélateurs d'une sorte de révolte morale contre l'individualisme et le matérialisme. Ils exprimaient la nécessité d'une autre forme de vie, où les solidarités communautaires joueraient à plein.
On retrouve d'ailleurs là un thème de toutes les religions et utopies naissantes, du christianisme des origines au socialisme du xixe siècle, en passant par la Réforme protestante. Des populations s'opposent à un monde auquel elles ne peuvent avoir accès. Vient alors le temps des prophètes et des messies qui annoncent un monde nouveau. Cette quête se retrouve tant dans le prophétisme africain que dans l'évangélisme nord-américain. Par leurs prêches, les prédicateurs montrent la voie du salut, personnel ou collectif, terrestre ou céleste, à des populations en marge. Personnages charismatiques, ils parviennent dans un premier temps à séduire quelques proches, autant d'apôtres subjugués. Puis, s'appuyant sur un mécontentement social préexistant, ils subjuguent des foules de déclassés qui se sentent rejetés et humiliés.

L'évangélisme américain s'est d'abord imposé dans la Bible Belt états-unienne, le Sud des laissés-pour-compte. Il exprime aussi une réaction morale contre le consumérisme et la corruption politique : les « promise keepers » aux Etats-Unis entendent resacraliser le monde par le renouvellement de l'Alliance biblique, ils se veulent porteurs et instruments de la promesse de Dieu qui les instituerait comme le peuple élu. De même, les prosélytes musulmans du mouvement politique états-unien Nation of Islam prêchent pour un ressourcement moral auprès des Noirs exclus de la société, dans les ghettos et les prisons. Les religions proposent une nouvelle solidarité, quand la modernité a détruit les structures d'entraide, réelles ou imaginaires, des sociétés d'antan.

La religion, substitut du politique ? Il ne faut pas entendre cette assertion dans un sens trop étroit. Certes, chez les islamistes radicaux, les juifs orthodoxes ou les nouveaux messies africains, le message religieux est très comparable à une idéologie politique. Mais l'adhésion des populations à un discours de salut ne peut s'expliquer uniquement par des promesses d'un monde meilleur, qu'il soit sur terre ou au ciel. Si les religions s'implantent, se diffusent, se répandent avec autant d'aisance, c'est aussi qu'elles apportent à leurs adeptes de réels bénéfices - sociaux, symboliques, psychologiques et parfois matériels.
Une expérience existentielle de renouveau

Selon le sociologue David Martin, un des ressorts de la poussée évangéliste (et notamment pentecôtiste) réside dans sa capacité à donner la parole à « ceux qui comptent pour pas grand-chose ou pour rien dans le monde » et qui se trouvent tout à coup « considérés comme des personnes capables de prendre des initiatives et de jouer un rôle ». Se constituant en sous-cultures, ces groupes fédèrent plusieurs centaines de millions de fidèles dans le monde, toutes dénominations confondues (de la Corée-du-Sud aux Etats-Unis, en passant par le Brésil ou l'Afrique du Sud). Une des clés de leur succès est de s'opposer à une culture souvent dominante de la primauté donnée à l'homme sur la femme. Dans ces sous-sociétés créées de toutes pièces dans des ensembles culturels plus ou moins machistes, les femmes sont considérées comme égales aux hommes. Elles jouent d'ailleurs un rôle moteur dans l'expansion et le renforcement de tels mouvements.

Dans Au pays de Dieu, récit de voyage au coeur de la Bible Belt américaine, l'écrivain Douglas Kennedy montre bien comment l'évangélisme trouve un écho auprès d'individus et de populations en perdition, dont l'itinéraire est marqué par l'alcool, les crises familiales, la drogue, la solitude. A ceux-là, le discours des prédicateurs apporte plus qu'un réconfort : la conversion des « born-again » - ceux qui connaissent par la « rencontre avec Jésus » une renaissance morale et sociale - correspond bien à une expérience existentielle de renouveau. L'individu est reconnu par une communauté, la providence lui propose une voie individuelle de salut par une sorte de ressourcement moral. De ce point de vue, la religion tient du développement personnel. Les born-again évangéliques dépeints par D. Kennedy ne demandent pas la vie éternelle. Ils cherchent à redonner du sens à leur existence, ils veulent de l'aide pour combattre tel ou tel démon intérieur : l'alcool ou la sexualité extraconjugale.

L'encouragement à changer d'existence, à reprendre sa vie en main, ne relève pas que de la sollicitation verbale. Les communautés apportent une aide concrète par les petits groupes de soutien, par le recours à des actes « miraculeux » de guérisons... Le soutien social peut aussi prendre la forme de l'aide matérielle directe : ainsi des ONG caritatives évangélistes et musulmanes. Les plus importantes, outre la protestante World Vision, sont l'International Islamic Relief Foundation (Arabie Saoudite) et la Fondation des déshérités (Iran). Décrites par Abdel-Rahman Ghandour, ces trois organismes affichent des budgets frôlant le milliard de dollars, dépassant en volume financier leurs homologues laïcs.

Reconstituer de petites fraternités
A l'échelle individuelle, on observe comment la religion se propage par l'intermédiaire de contacts personnels, par la constitution de petites communautés qui offrent à l'individu un lieu d'écoute, un soutien moral, un support social. La solidarité effective, la chaleur humaine sont particulièrement visibles chez les Snake Handlers - une communauté pentecôtiste qui interprète littéralement un passage de l'Evangile selon Marc, manipulant des serpents venimeux à mains nues - décrits par Dennis Covington. Les descriptions de ce type de phénomène renvoient toutes aux mêmes thèmes : cette religiosité, vécue dans l'émotion, offre une nouvelle image positive de soi, un modèle de conduite théorisé par Danielle Hervieu-Léger et Françoise Champion.

Le sociologue Sébastien Fath décrit ainsi un prêche auquel il a assisté à Atlanta, Etats-Unis. C'est dans un hangar désaffecté, tagué et dégradé, qu'officient les pasteurs de l'Eglise pentecôtiste Blood and Fire. Plus de 200 ouailles, d'origines ethniques variées, assistent à ce culte protestant. « La prédication, assaisonnée de références bibliques, s'articule autour du témoignage personnel du prédicateur. (...) Issu des bas-fonds d'Atlanta, il est passé, explique-t-il, par l'alcoolisme, la sexualité débridée, le vol. Jusqu'au moment où Dieu lui a parlé. C'est en écoutant, "par hasard", une chorale de rue qu'il a commencé son chemin spirituel. Puis des chrétiens l'ont invité. Le déclic s'est fait... et le voilà qui proclame que Jésus-Christ a transformé sa vie en façonnant, à partir d'un loubard d'Atlanta, un "né de nouveau" qui marche désormais "droit avec le Seigneur". »
Chaque religion offre une nouvelle communauté imaginaire plus ou moins large : l'assemblée des frères et soeurs, de l'Eglise, support d'une identité collective. Des grandes cérémonies, comme les pèlerinages et les rassemblements internationaux, mettent en scène des communautés qui peuvent ainsi se sentir vivre.

La reconstitution de nouvelles communautés se retrouve dans le prophétisme africain, par exemple chez les Fang : « Les prophètes de villages fang ou des quartiers fang de Libreville sont des chefs de famille qui décident de s'installer un jour comme entrepreneur de biens de salut en misant d'abord sur les ressources de la parenté, explique André Mary. Cette structure socio-symbolique visait d'abord à encourager un réenracinement clanique de l'homme fang et à favoriser, à la manière du mouvement politique Alar ayong, le rassemblement clanique, la réappropriation des traditions lignagères et l'apprentissage des généalogies. »
Ces mouvements tentent de reconstituer des communautés nouvelles, là où les communautés anciennes ont été déstructurées, autour de nouvelles croyances bricolées. Ce fut le cas des prédicateurs américains chez les premiers colons. On y offre à la fois un lieu de petites cellules de rencontres interindividuelles, des messes et d'autres cérémonies collectives, un message d'espoir (en échange d'un engagement personnel), une identité valorisante, une nouvelle lecture du monde et, parfois, une vraie thérapie de reconstitution personnelle.

Une lecture transversale (et anthropologique) des mouvements religieux contemporains invite donc à reconsidérer les découpages habituels : juifs, musulmans, chrétiens, bouddhistes, animistes, etc., au bénéfice d'une taxinomie basée sur les modes d'appartenance.

Un constat s'impose : les religions populaires, les cultes des saints et divinités locales, se ressemblent beaucoup. Du Japon des sanctuaires shintô aux temples balinais, des chapelles de la chrétienté aux tombes des ancêtres africains, la vie des communautés s'organise autour de cérémonies collectives, de requêtes à des puissances supérieures (esprits, saints...) et de rites propitiatoires, notamment de guérison. Et c'est en tablant sur cet universalisme des attentes que l'évangélisme (considéré par beaucoup comme une « fast-religion », qui serait à la religion traditionnelle ce qu'est le fast-food à la gastronomie établie) peut s'implanter avec succès dans des sociétés aussi différentes que la Corée-du-Sud, l'Afrique noire, les pays de l'Est ou les Etats-Unis... Dans un monde marqué depuis les années 80 par une libéralisation croissante, un retrait massif de l'Etat providence, des milliards de laissés-pour-compte, dont certains accédaient autrefois à des services de santé gratuits (en ex-URSS, en Chine...) et qui n'ont aujourd'hui pas accès aux soins, écoutent avec un vif intérêt des marchands de salut qui leur promettent guérisons physique et spirituelle.

La symbiose de la modernité et du religieux
Si la religion possède une aussi formidable capacité de maintien et d'adaptation dans la société moderne, c'est qu'elle ne peut pas être considérée comme un archaïsme. On ne saurait non plus la réduire à un simple « besoin de croire » ou à une réponse illusoire à l'angoisse de la mort, comme le soutient Michel Onfray dans son Traité d'athéologie. Les études nous montrent que les religions servent davantage à affronter la vie qu'à supporter la mort.

Quand des villageois du sud de l'Inde continuent à se tourner vers leurs chamans ou leurs prêtres pour leur demander la fertilité ou pour retrouver la santé, de jeunes catholiques de tous les pays affluent aux Journées mondiales de la jeunesse pour mieux se sentir « vivre ensemble ». Partout dans le monde, de l'échelle la plus locale à la dimension la plus globale, la religion, sous des formes extrêmement variées, continue d'imprégner le quotidien d'une majorité de nos contemporains.

Face à cette effervescence religieuse, les sociologues des religions entreprennent de réviser leurs grilles d'analyse. Pour eux, l'opposition radicale entre modernité et religion est dépassée. La vitalité des religiosités ne doit pas faire oublier que l'humanité se partage entre deux petites minorités opposées (les athées et les pratiquants réguliers) et une grande majorité de personnes, ni incroyantes, ni fortement engagées dans une religion donnée. Cette majorité oscille entre foi et agnosticisme, se conformant au scepticisme de Montaigne - croire, mais sans certitude. « Modernité et religion sont véritablement en symbiose, explique Frédéric Lenoir, elles s'incluent mutuellement plus qu'elles ne s'excluent (...). Le religieux n'a jamais disparu dans la modernité, (...) elle se transforme au contact de la modernité, comme elle a contribué à la façonner. »

De nombreux sociologues, comme F. Lenoir, D. Hervieu-Léger, Yves Lambert, Jean-Paul Willaime..., ont entrepris de baliser la modernité religieuse : des notions comme la globalisation du religieux (corollaire de la globalisation économique) permettent de mieux rendre compte de ces processus qui permettent aux individus de bricoler leur foi en fonction d'une offre spirituelle désormais planétaire. Le renouveau religieux impose le règne des croyances éphémères. L'expérience personnelle prime sur l'adhésion coercitive aux Eglises institutionnelles. L'émotion l'emporte sur la raison. Le xxie siècle, selon toute probabilité, devrait voir une prolifération des croyances à l'échelle planétaire. Pour une majorité de gens, les vérités absolues revendiquées par les Eglises s'effacent déjà au profit d'un relativisme du croire. L'homme moderne se compose son menu : un zeste de bouddhisme, un soupçon d'ésotérisme, une référence à Jésus pour lier la sauce... Ce religieux-là, « à la carte », est dit de tendance « soft ». Il est préfiguré notamment par le New Age (voir l'encadré, p. 31). L'individu valide ses croyances en s'inscrivant dans des réseaux qui les partagent. Un tel système ne peut que reposer sur le postulat de la relativité des croyances (toutes se valent, aucune n'est détentrice d'une autorité absolue), qui autorise une navigation au gré des expériences personnelles.

En opposition se démarque un système « hard ». A la personne qui entend approfondir sa quête de transcendance s'ouvrent des communautés plus structurées, contrôlées par desleaders charismatiques, qui imposent à des communautés instrumentalisées des vérités clés en main.

Comme l'explique H. Cox, il s'agit bien maintenant d'« enfin mettre fin à l'ennuyeux et stérile débat sur la thèse de la soi-disant "sécularisation" et passer à des termes plus féconds pour comprendre la religion dans le monde contemporain. (...) La catégorie la plus utile à cette compréhension n'est ni la "résurgence" ni la "resacralisation", mais plutôt la "transformation". Les religions, du moins celles qui survivent, sont des organismes dont l'étonnante capacité d'adaptation est quasi "darwinienne". Afin de survivre, elles doivent équiper leurs fidèles des capacités qui leur permettront de faire face à un monde en pleine mutation, sans toutefois les arracher aux mondes symboliques (...) qui sont leurs sources de sens et de valeurs. Les nouvelles chansons doivent être chantées sur les anciennes mélodies. »
     
Les théories de la sécularisation 

- Pour Auguste Comte, la marche en avant de l'humanité devait conduire de « l'âge théologique » des sociétés anciennes à « l'âge positif » des temps modernes. La raison devait se substituer aux croyances, le pouvoir des savants remplacer celui des clercs. D'où le terme de « sécularisation », désignant au sens premier le transfert de pouvoir du religieux au « séculier ».
- Max Weber parlera de « désenchantement du monde » pour qualifier la tendance à la rationalisation de la pensée et des pratiques sociales. Ce processus devait mettre fin au règne des dieux, qui « enchantent » l'esprit des hommes traditionnels.

- Au seuil des années 70, la plupart des sociologues des religions avaient plus ou moins adopté la thèse de la sécularisation, de Bryan R. Wilson (Religion in Secular Society, 1966) à Robert N. Bellah (Beyond Belief: Essays on religion in a post-traditional world, 1970), jusqu'à Peter L. Berger (La Religion dans la conscience moderne, 1971).
- Marcel Gauchet (Le Désenchantement du monde, 1985), présente le christianisme comme « la religion de sortie des religions » qui aurait jeté les bases d'une société laïque en promouvant des valeurs de la société moderne.

- Avec le constat du renouveau religieux, la plupart des spécialistes en sont venus à affiner le concept. Steve Bruce (Religion in the Modern World: From cathedrals to cults, 1996) soutient ainsi que la sécularisation concerne le déclin de l'emprise institutionnelle des Eglises, mais pas forcément les croyances personnelles, la religion devenant de plus en plus un choix privé.
- Pour José Casanova (Public Religions in the Modern World, 1994), le concept de sécularisation cache trois tendances parfois disjointes : 1) la séparation entre les sphères du religieux et du séculier ; 2) le déclin des pratiques et croyances religieuses ; 3) la relégation de la religion dans la sphère privée.
Jean-François Dortier
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:04
Du New Age au Next Age

Le New Age se présente comme un réseau parareligieux. Il fusionne une multitudes d'apports, de la contre-culture américaine des années 60 aux thèses de la Société théosophique (cercle d'occultisme fondé par Helena P. Blavatsky en 1875), de l'ésotérisme occidental (notamment chrétien) à des traditions (chamanisme, tantrisme...) recomposées et popularisées par des écrivains à succès. Il met en interaction, depuis sa naissance en 1962 (date de fondation des premiers centres, à Findhorn, Ecosse, et à Esalen, Californie), des communautés partageant un certain nombre de postulats : un nécessaire retour à la nature ; un besoin de spiritualisation du monde ; une implication dans des communautés locales ; une libération, corporelle et spirituelle, de l'emprise des dogmes défendus par les religions instituées ; et l'espoir en un monde meilleur, imminent, qui doit advenir par une prise de conscience globale du tort infligé par la modernité industrielle à notre planète...

Le Next Age, réseau plus individualiste et moins utopique, supplanterait progressivement le New Age depuis 1992 (moment à partir duquel les ouvrages des auteurs du New Age font primer l'idée du développement de soi sur le partage communautaire). Telle est la thèse défendue notamment par le sociologue des religions Massimo Introvigne. Constatant que le monde meilleur n'est toujours pas advenu, le next ager renonce à l'idéal d'une prise de conscience communautaire au bénéfice d'une transformation de soi par le développement personnel. Par le biais du Next Age, une personne peut parvenir à un état personnel de prospérité, de santé, de satisfaction... La société peut bien aller vers la catastrophe, le next agerconsidère qu'il entre de toute façon dans son âge d'or privé.

Laurent Testot 
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:04
Qu'est-ce qu'une nouvelle religion ?

Il y a près de 2 000 ans qu'un Juif nommé Jésus a entrepris de prêcher. Aujourd'hui, nul ne dirait que les Eglises qui se réclament de son enseignement forment des rameaux du judaïsme. De tous temps, des réformes ou des syncrétismes ont affecté le champ du religieux. Mais quels sont les critères permettant de déterminer ce qu'est une nouvelle religion ?

- L'Eglise de l'unification (150 000 à 200 000 adeptes dans le monde) du « révérend Moon » est-elle une nouvelle religion ou un surgeon du christianisme ? La prétention de son leaderà se présenter avec son épouse comme « messies », sans parler de son obstination à offrir une « vérité nouvelle » primant sur le texte biblique, empêche toute reconnaissance par les Eglises chrétiennes.

- Les mormons (11 millions) offrent un cas à première vue similaire. Ils étaient initialement considérés comme chrétiens schismatiques. Pourtant, pour une majorité d'auteurs, ils s'inscrivent depuis 1890 (date d'abolition de la polygamie) parmi les dénominations protestantes.

- Le caodaïsme (7 millions de fidèles viêtnamiens) a vu le jour au Viêtnam en 1926. Sur fond de tradition religieuse chinoise, il entend synthétiser toutes les mythologies et philosophies du monde. Ce mouvement millénariste né en réaction à l'occupation française se présente sans ambiguïté comme une nouvelle religion.

On peut donc distinguer trois cas de figure : 1) le mouvement schismatique toujours inclus dans une tradition religieuse donnée (mormons) ; 2) le mouvement schismatique exclus, se constituant en entité religieuse indépendante (Eglise de l'unification) ; 3) le mouvement syncrétique créant une tradition religieuse spécifique (caodaïsme).

Tous sont des nouveaux mouvements religieux, mais seuls ceux des 2e et 3e catégories forment bien de nouvelles religions... Encore qu'en France, on ferait aisément basculer la 2e dans les sectes. Question de méthodologie...

Pour Reender Kranenborg, une nouvelle religion se définit par 4 critères : un contenu doctrinal nouveau ; une dérive marquée par rapport au dogme d'origine ; une rupture perçue comme définitive par la nouvelle religion et par celle qui lui a donné naissance ; un programme régissant tous les aspects de la vie.

Laurent Testot 
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:04
Pourquoi y a-t-il de plus en plus de « nouvelles religions » ?

Tout comme le mot « secte » n’est pas clairement établi, le mot « religion » pose aussi problème. Peut-on parler de « nouvelles religions » ou le mot « religion » est-il réservé aux « grandes religions » chrétienne, juive, musulmane, hindouiste, etc. ? Pour éviter les malentendus, on parle alors de « nouveaux mouvements religieux ».

Alors, pourquoi sont-ils toujours plus nombreux, ces « nouveaux mouvements religieux » ? 

C’est vrai qu’il y a plusieurs siècles, il n’existait que quelques grandes religions majoritaires chez nous : le catholicisme, le protestantisme et, dans une moindre mesure, le judaïsme. Il était même interdit de croire en autre chose. Mais depuis une quarantaine d’années, beaucoup de choses ont changé dans notre paysage religieux. Les années 60 soufflent le vent d’une nouvelle révolution ; les femmes obtiennent le droit de voter, d’utiliser des contraceptifs ; les jeunes veulent plus de droits et plus de libertés, il est « interdit d’interdire ». Dans cet esprit naissent de nombreux « mouvements religieux » qui prennent leurs distances avec l’Eglise traditionnelle. Parfois, ils « picorent » dans les religions existantes pour en créer une nouvelle ; d’autres fois, ils se rapprochent de religions orientales très à la mode, le bouddhisme ou l’hindouisme ; d’autres fois encore, ils créent un mouvement propre, très éloigné de tout ce qui existe jusque là (les Räeliens par exemple et leur croyance en une vie extraterrestre où Dieu n’existerait pas).

L’ouverture des frontières n’est pas étrangère à ce phénomène… les gens voyagent, ils découvrent de nouvelles pratiques, de nouvelles croyances et les emmènent dans leur bagage, ou les adaptent à leur sauce. Aujourd’hui, chacun peut faire son « marché religieux » et choisir la religion qui lui convient le mieux. Ce qui était tout à fait impensable au début du 20e siècle encore.

Rien qu’en Suisse romande, on répertorie actuellement près de 200 nouveaux mouvements religieux. Et leur présence ne s’essouffle pas au fil du temps… au contraire. Aujourd’hui, on assiste même à une « people-isation » de ces nouveaux mouvements religieux. Des stars comme Tom Cruise ou John Travolta, par exemple, ne cachent pas leur appartenance à l’Eglise de la scientologie.

Tandis que les nouveaux mouvements religieux gagnent du terrain, les religions chrétiennes en perdent, beaucoup. En France par exemple, seule la moitié des baptisés catholiques font leur communion. 40% des 18-25 ans se déclarent « sans religion » et seuls 3-4% de ces mêmes 18-25 ans déclarent pratiquer régulièrement leur religion (aller à la messe une fois par mois au moins, par exemple).     

Ces « nouveaux mouvements religieux » sont-ils dangereux ?

François Bellanger, professeur de droit à l’université de Genève, est le spécialiste de la question. Dans son ouvrage « L’état face aux dérives sectaires », il précise clairement que la grande majorité de ces mouvements religieux est tout à fait sincère, même si ils peuvent parfois paraître farfelus. Mais il est vrai que quelques-uns de ces groupements ne sont en fait qu’un prétexte pour manipuler leurs fidèles, souvent dans le but de leur soutirer de l’argent. Ce sont ces mouvements-là qui sont dangereux. On ne les appelle pas des « sectes » mais on parle de « dérive sectaire » ; cela signifie qu’aux yeux de la loi, ce n’est pas le groupement qui est dangereux, mais les délits qu’il commet. Et c’est ainsi que sont jugés les dirigeants de ces mouvements.

Dans certains cas, les pratiques de ces « nouveaux mouvements religieux » peuvent être dangereuses pour les fidèles eux-mêmes. Les Témoins de Jéhovah par exemple, refusent de recevoir des transfusions sanguines ; une décision qui peut, parfois, s’avérer vitale. Dans ces cas-là, l’intervention de la loi est limitée, puisque ces décisions sont intimes et personnelles, même pour un enfant qui dépend de l’autorité et des décisions de ses parents… Chacun d’entre nous a le droit de choisir de se faire soigner ou pas.

Quels furent les plus grands scandales liés aux sectes ?

18 novembre 1978
A Jonestown au Guyana, 914 adeptes de la secte californienne du Temple du Peuple (People’s Temple), dont 260 enfants, meurent par absorption de poison lors d’un suicide collectif.

19 septembre 1985
A Mindanao aux Philippines, 60 adeptes de Datu Mangayanon se suicident.

1 septembre 1986
A Wokayama au Japon, 7 adeptes de l’Eglise des amis de la vérité se suicident.

28 août 1987
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], 32 adeptes de Park Soon Ja se suicident

1993
A Waco, Texas aux Etats-Unis, 72 adeptes davidiens meurent dans l’incendie de leur ferme alors que la police les assiégeait depuis plusieurs semaines. Ils se sont officiellement suicidés mais un flou demeure sur la cause exacte de leur mort ; l’incendie s’est déclaré durant l’assaut de la police, le FBI a admis avoir utilisé des grenades explosives.

4 octobre 1994
A Cheiry et à Salvan en Suisse, 53 adeptes de l’Ordre du Temple solaire (OTS) dont 16 enfants, sont retrouvés morts, suicidés ou assassinés.

20 mars 1995
Dans le métro de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], les adeptes de Aum Shinrikyo perpètrent un attentat au gaz sarin. Ils tuent 12 personnes et en blessent 5000 autres.

23 décembre 1995
Dans le Vercors en France, 16 adeptes de l’OTS, Ordre du Temple solaire, sont retrouvés morts, carbonisés. Parmi eux, 3 enfants.

24 mars 1997
Au Québec, Canada, 5 adeptes de l’OTS, Ordre du Temple solaire, sont retrouvés morts.

26 mars 1997
A Santa Fé, Californie aux Etats-Unis, 39 adeptes de Heaven’s gate (la Porte du Paradis) se suicident en ingérant du poison.

18 mars 2000
En Ouganda, près de 1000 adeptes de la secte apocalyptique le Rétablissement des Dix Commandements de Dieu se suicident collectivement dans une église, en s’immolant par le feu.
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Jeu 10 Oct 2019 - 14:05
La naissance des nouvelles religions

1 Cet ouvrage collectif qui rassemble sept études de cas, s'attache à une question de fond pour la sociologie des nouveaux mouvements religieux : quels outils et quels critères utiliser aujourd'hui pour distinguer les nouveaux mouvements qui restent inscrits dans la continuité d'une tradition religieuse antérieure des mouvements suffisamment novateurs et originaux pour prétendre au statut de « nouvelle religion » ?

2 Comme nous le fait remarquer J.-F. Mayer, le terme même de « NMR » est actuellement employé pour désigner à l'intérieur du champ religieux contemporain un foisonnement de courants qui s'écartent plus ou moins nettement des traditions religieuses classiques. Le développement particulièrement rapide des « NMR » depuis quelques décennies, accentué par le processus encore récent de la globalisation, a très certainement contribué à la difficulté de dégager les spécificités de chacun de ces mouvements. D'autant plus que la légitimité de ces objets d'étude dans une sociologie dominée par l'étude des traditions séculaires ne s'est pas imposée comme une évidence ; ainsi le caractère marginal des mouvements en question peut continuer de l'emporter sur la considération de leur potentiel à s'établir de façon durable et à constituer dans l'avenir une nouvelle tradition.

3 Pour identifier dans le champ très vaste et mouvant des « NMR », ces religions en train de se faire, J.-F. Mayer dégage plusieurs paramètres majeurs à partir desquels peut s'opérer une véritable classification sociologique des différents mouvements en évitant le piège de s'en remettre à des critères d'ordre théologique : la relation et la place accordée aux livres sacrés (lesquelles assurent ou non la continuité avec la tradition antérieure), la question des sources et de leur éclectisme (l'auteur insiste sur la distinction entre le syncrétisme classique qui naît de la rencontre entre plusieurs traditions et le « néo-syncrétisme » qui consiste à emprunter délibérément à diverses traditions lointaines), la structure de l'organisation (plus ou moins en rupture avec la tradition), les doctrines et les croyances, les rites et les pratiques, et enfin les interactions avec la culture religieuse et séculière dominante. L'ensemble de ces paramètres met en exergue l'importance des apports de l'histoire des religions et la nécessité pour la sociologie des nouveaux mouvements religieux de s'y référer constamment. C'est une exigence à laquelle répondent précisément les sept études de cas qui constituent un éventail de terrains divers et originaux : l'Église de l'unification (G. D. Chryssides), le caodaïsme (C. Hartney), le mormonisme (M. Introvigne), les Brahma Kumaris (R. Kranenborg), la Révélation d'Arès (J.-F. Mayer), la religion baha'ie (M. Warburg), et l'aumisme (P. L. Zoccatelli).

4 Les études s'appuient sur une réflexion théorique synthétique et sur des observations détaillées du terrain expliquant la genèse des mouvements, leurs conditions d'émergence, les évolutions des pratiques, des rites et des croyances dans le temps ainsi que leurs éventuelles stratégies adaptative. Chacune exemplifie des modalités particulières d'adaptation, de rupture ou d'assimilation d'un mouvement donné avec la tradition religieuse qui l'a vu naître et interroge sa capacité à devenir à son tour une nouvelle religion. Le cas de l'Église de l'unification pose le problème d'une confrontation entre l'auto-définition du mouvement comme composante du christianisme et la volonté de l'Église officielle de l'en exclure. Dans ce cas, l'évolution du mouvement peut conduire soit à une différenciation plus nette, soit à un rapprochement progressif avec la tradition qui freinerait son caractère véritablement novateur, comme cela a pu se produire dans le mormonisme devenu une « nouvelle tradition religieuse dans le christianisme ». L'inscription en arrière-plan dans une ou plusieurs traditions anciennes peut également qualifier une « foi nouvelle » et syncrétique ; c'est le cas du caodaïsme qui s'est développé en période de crise sociale dans le contexte du Vietnam colonial. Mais d'autres mouvements attestent d'une rupture plus radicale, posant en d'autres termes la question de leur statut. Ainsi, la Révélation d'Arès, en France, qui se présente comme une « voie spirituelle » et non pas comme une religion pour ses adeptes, est, d'un point de vue sociologique, suffisamment novatrice pour constituer un « embryon » de nouvelle religion (c'est-à-dire un « ensemble de croyances, doctrines, pratiques et rites permettant à des êtres humains de définir leurs relations avec des dimensions considérées comme transcendantes ainsi que d'interpréter l'origine et la finalité de l'existence », p. 142). Un autre cas d'émancipation des traditions et d'élaboration d'un régime propre et unifié de croyances et de pratiques est représenté par le mouvement des Brahma Kumaris apparu en Inde. En intégrant des influences occidentales et une orientation psychologique, il incarnerait potentiellement une « nouvelle religion mondiale » ; en effet, on assiste dans ce cas à une diffusion transnationale du mouvement qui l'éloigne progressivement de son terreau religieux originel. Mais, certains « nouveaux mouvements » ne seraient-ils pas déjà devenus des religions à part entière ? C'est ce que suggère l'étude du babisme, issu d'une branche dissidente du chiisme dans l'Iran des années 1840 ; sa volonté d'indépendance en fait un cas isolé dans l'histoire de l'islam et lui a permis de se développer en tant que religion « de plein droit », qui est implantée aujourd'hui dans le monde entier avec plus de 5 millions de membres. Enfin, la dernière étude de cas rend compte de la structure doctrinale et symbolique de l'aumisme. Elle propose de sortir des catégories propres au champ religieux pour désigner un nouveau contexte contenant d'autres « réalités spirituelles » au sens large, dans lequel s'affirmerait le « paradigme ésotérique » dont l'aumisme serait une déclinaison possible.

5 La diversité des cas analysés dans cet ouvrage permet ainsi d'élargir et d'approfondir un certain nombre de perspectives ayant trait au champ aujourd'hui très vaste des mouvements religieux en marge des traditions classiques. L'un des apports des travaux réunis ici est la mise en évidence de la pluralité des stratégies et des options adoptées par les NMR qui, au-delà de leurs convergences, doivent être replacés dans un contexte social, culturel et religieux précis. Mais ils manifestent également la nécessité d'affiner les outils théoriques et conceptuels de la sociologie, afin de parvenir à distinguer dans un espace très mouvant les éléments susceptibles de constituer dans un avenir plus ou moins proche une tradition, ou un credo, amenés à se diffuser plus largement dans une ou des sociétés qui voient circuler désormais des ressources religieuses de tous horizons. Reste à savoir s'il appartient au sociologue de prédire l'avenir des groupes qu'il étudie.

Nadia Garnoussi, « Jean-François Mayer, Reender Kranenborg (eds.), La naissance des nouvelles religions », Archives de sciences sociales des religions, 130 | 2005, 113-202.
Référence électronique
Nadia Garnoussi, « Jean-François Mayer, Reender Kranenborg (eds.), La naissance des nouvelles religions », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 130 | avril - juin 2005, document 130-46, mis en ligne le 02 décembre 2005, consulté le 09 septembre 2016. URL : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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    Paris, CNRS Éditions, coll. « Biblis », 2013, 426 p.
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    Paris, L’Harmattan, coll. « Religions en questions », 2012, 224 p.
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La naissance de nouvelles religions Empty Re: La naissance de nouvelles religions

Jeu 10 Oct 2019 - 14:07
Bienvenue dans la nouvelle religion mondiale



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Tous ceux qui étudient la stratégie des sociétés secrètes, à commencer par la franc-maçonnerie, en vue d’établir un Nouvel Ordre Mondial, savent que celui-ci se bâtira à partir d’un gouvernement mondial, d’une monnaie mondiale et d’une religion mondiale.

Car il y a un plan. Un plan qui en réalité comporte deux parties : une partie profane et une partie secrète. La partie profane est celle que nous connaissons tous, elle est délibérément dévoilée par ces sociétés secrètes. L’aspect secret du plan correspond à la réalisation effective du programme, lequel peut paraître surprenant au premier abord.

Tout simplement parce qu’il semble, en apparence, ne pas correspondre exactement avec les objectifs dévoilés, mais aussi parce qu’on omet souvent d’en étudier l’aspect mystique.
C’est pourquoi le gouvernement mondial n’est pas encore chose faite ; mais l’ONU, organisation supra-nationale qui vient de fêter ses 70 ans, est déjà en quelque sorte une esquisse de ce gouvernement.
Il en va de même pour la monnaie mondiale : ce n’est pas le plus important ni le plus urgent ; elle viendra probablement en dernier, et attendant le dollar joue déjà ce rôle.

Reste la religion mondiale. Elle est essentielle car elle conditionne en réalité les deux premiers points. Si tous les hommes communient dans la même vénération, ils effaceront les barrières qui les séparent et se rapprocheront sur les thèmes qui les unissent.
Ils parviendront alors à une gouvernance globale.
La religion mondiale est la condition préalable à l’unité politique et économique.

Or pour la première fois au monde, nous assistons à une convergence globale et absolue de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue (Apoc. 7, 9) sur un seul thème : le climat.

Aussi incroyable que cela paraisse mais la préservation de la planète réunit un consensus global des Etats, des peuples et des religions.
L’aboutissement du mondialisme et l’unité mondiale se font là où ne l’attendait pas, et il faut admettre qu’il y a derrière cela une subtilité mystique qui nous laisse pantois.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Un mystère que nous allons ici décortiquer et surtout démasquer.
Une stratégie pourtant très simple, que le tribun Messala explique dans le film Ben-Hur : « Tu veux savoir comment on combat une idée ? Avec une autre idée. »
En l’occurrence, ici, le but de Satan est de se faire adorer en lieu et place du vrai Dieu, vieux rêve qui lui est récurrent.

Mais comment remplace-t-on le seul vrai Dieu, UN et TRINE, par un autre, ou par d’autres ?
Nous ne sommes plus dans le contexte de l’antiquité, où le diable avait multiplié les faux dieux, « des dieux d’or et d’argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre » (Daniel 5) car entre-temps, il y a eu un fait majeur : la venue sur terre de Dieu le Fils, Jésus-Christ, venu enseigner les hommes et leur montrer le chemin du salut. Il confiera le soin à son Eglise de perpétuer cet enseignement et de dispenser aux hommes les grâces nécessaires, via les sacrements, pour résister aux tentations et combattre le péché.

Le christianisme est donc l’ennemi juré de Satan car il vient contrer directement ses œuvres.
Même s’il multiplie les fausses religions (islamisme, judaïsme, hindouisme, bouddhisme…), les persécutions (de Néron à la Chine communiste, l’histoire fut jalonnée en permanence de persécutions sanglantes) et tente de dévoyer par tous les moyens le christianisme (hérésies : arianisme, cathares, vaudois, protestantisme…, ou schismes : orthodoxes/catholiques), Satan n’a jamais réussi à stopper la progression de l’Eglise de Dieu.

C’est pourquoi l’étape ultime, la troisième guerre mondiale, est une guerre spirituelle.

Le communisme, pilier de la guerre spirituelle
La Sainte Vierge est venue plusieurs fois nous prévenir du danger, en le nommant (presque) clairement. Le 13 juillet 1917 à Fatima, au milieu des deux révolutions russes, elle avertissait que si on ne lui consacrait pas la Russie, celle-ci répandrait ses erreurs. Il est évident, surtout avec le recul, que le mot « Russie » désignait l’idéologie communiste qui allait prendre le pouvoir dans ce pays et s’en servir comme base centrale pour la propagation de son idéologie dans le monde entier.

Ceci fait écho à une première indication de la Sainte Vierge dans son message de la Salette :

« En l’année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ».
Tout le programme est là : Marie nous donne la date de départ des tribulations (1864), leur principal objectif (abolir la foi) et une cible prioritaire : les prêtres, donc l’Eglise catholique.

Une fois en possession de cette information, il n’est pas très difficile de faire le lien avec un autre fait, le 28 septembre 1864 : création de la première Internationale à Londres !

Il y a là trois éléments majeurs dont il faut être conscient afin de bien distinguer notre période de toute autre :

L’objectif d’universalité du communisme
Il est curieux de constater que le communisme et le catholicisme partagent tous deux une mystique d’universalité. Le mot catholique veut dire universel, car il correspond aux directives du Christ, envoyant ses apôtres prêcher le monde entier. D’où l’universalité nécessaire de son Eglise. Nous observerons d’ailleurs que les émanations chrétiennes issues de schismes (Orthodoxes, anglicans) ou d’hérésies (protestantisme…) n’ont pas (ou peu) cette prétention universelle.

Il en va de même pour les autres religions. Chacune reste circonscrite à une région, un peuple ou une culture ; même l’Islam ne s’est développée qu’à coup de conquêtes faites par des musulmans, imposant par la force leur religion aux peuples conquis. Le phénomène du missionnaire allant convertir pacifiquement les populations du monde entier n’existe que dans l’Eglise catholique.

Or pour la première fois, un mouvement politique se veut universel : dès le début, les communistes ont des ambitions qui dépassent le cadre d’un pays ou même d’un continent, d’où l’essence même du mouvement : constituer une Internationale. On voit bien ici l’influence conjuguée de la franc-maçonnerie et de la Synagogue de Satan, qui ont toutes deux une vocation internationale et apatride.

Une mystique qui remplace une autre mystique
Derrière la prise du pouvoir par la violence (la révolution chère au communisme), il y a une idéologie puissante basée sur l’athéisme matérialiste. Georges Barbarin écrira en 1951 que « ce culte de la matière et du mental constitue une mystique nouvelle, sectaire et implacable. (…) Le communisme est une mystique réelle, avec une religion sans prêtres et une divinité sans autels. La foi dans le parti n’est pas, chez ces nouveaux croyants, relative mais absolue. On y adore les mystères sans pouvoir les discuter. Le communisme a ses saints et ses martyrs, il est essentiellement prosélytique. » (1)
La charité chrétienne est remplacée par un humanisme athéel’homme occupe le centre et prend la place de Dieu. Le piège dans lequel est tombée l’Eglise catholique post-Vatican II sera d’adopter cette idéologie, et de passer elle aussi, progressivement, à la religion de l’homme.


L’universalité (réussie) du socialisme et sa fusion avec le capitalisme
Georges Barbarin, déjà cité, écrit en 1951 ( !) que « Staline et son entourage ont tout à gagner par des méthodes pacifiques (…) leur logique exigerait, pour la victoire définitive du communisme dans le monde, un demi-siècle de paix. » (2)


Eh bien c’est exactement ça !
Le socialisme, qui se considère comme un communisme modéré, s’est imposé dans le monde entier grâce à ces cinquante années de paix. L’Etat-providence, la démocratie, les droits de l’homme, les mœurs permissives et surtout le matérialisme athée, se sont étendus et imposés au monde entier, y compris dans les grandes puissances occidentales.
Aujourd’hui, nous constatons pour la première fois dans le monde à une réelle unification politique, économique et culturelle sous les traits du socialisme, du matérialisme et de l’humanisme athées, tous trois enfants du communisme.

Il s’agit tout simplement de la réalisation du plan, dont la stratégie nous est connue :

« L’analyse des écrits de Pike et de Lénine confirme que le mondialisme est la synthèse des sociétés capitaliste et communiste. » (3)
Cette universalité est sans précédent dans l’histoire du monde.
Elle est bien l’aboutissement d’un processus savamment et patiemment mis en place : il n’y a aucun hasard derrière un tel résultat mais bien une volonté secrète et implacable.

Gouvernement mondial et religion mondiale sont étroitement liés
Pour comprendre comment le plan a progressé, il est nécessaire de connaître les objectifs réels de l’élite mondiale.
Le texte ci-après est une bonne synthèse des buts poursuivis :

« Du 27 septembre au 1er octobre 1995, Mikhaël Gorbatchev organisa à San Francisco, Etats-Unis, un forum sur l’état du monde. La conférence avait pour but de lancer la transition vers un Nouvel Ordre Mondial, et elle réunit une impressionnante élite d’invités que Gorbatchev lui-même qualifia de citoyens du monde.

En effet, on pouvait relever la présence de 141 chefs d’Etats en fonction et plus de 59 anciens chefs d’Etat ou de gouvernement. Gorbatchev annonça aux éminents participants que cette réunion historique donnera le coup d’envoi à un processus de plusieurs années culminant en l’an 2000, lequel se propose d’articuler les priorités fondamentales, les valeurs et les actions nécessaires pour modeler d’une façon constructive notre futur commun. Il affirma ensuite que la convergence entre les pays de marché libre et les pays socialistes allait produire une nouvelle civilisation, un Nouvel Ordre Mondial. La quête d’un nouveau modèle pour le monde doit être une synthèse des choses qui unissent les peuples, les pays et les nations, plutôt que des choses qui les divisent.
La déclaration finale adoptée par la conférence se termine ainsi : nous sommes en train d’assister à la naissance de la première civilisation globale.
Dans cet état d’esprit, les personnalités qui se sont exprimées et qui sont appelées le conseil des sages ont fait deux propositions majeures : qu’une religion mondiale immanente remplace le christianisme, et que les souverainetés nationales soient abolies. S’agissant de cette religion mondiale, les élites qui se sont exprimées exigent un nouveau modèle de valeurs universelles immanentes. » (4)

A la lecture de ce document vieux de 20 ans, on constate aujourd’hui le chemin parcouru. Ce qui était caché se révèle maintenant : ce qui unit tous les peuples et les pays (unité politique et économique) dans une même vénération (unité religieuse), constituant de fait une nouvelle religion, c’est la défense de la terre à travers la lutte contre le réchauffement climatique.
Ils ont avancé à pas masqués mais bien réels. L’engagement politique doit trouver son accomplissement (son apothéose) à la conférence COP21, mais il est en réalité déjà réalisé.

Le 25 septembre 2015, plus de 144 chefs d’Etats, après le discours du pape à l’ONU (une bénédiction ?) ont signé très discrètement l’agenda 2030, c’est-à-dire un plan d’action pour un monde unifié.
Il s’agit bien d’accomplir concrètement ce qui avait été décidé lors de cette réunion avec Gorbatchev, car les objectifs (signés !) dépassent de loin la seule lutte contre les changements climatiques. Voici ce à quoi se sont engagés les [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] dirigeants des trois quarts de la planète :


  • Fin de la pauvreté sous toutes ses formes et partout

  • La fin de la faim, assurer la sécurité alimentaire et l’amélioration de la nutrition, promouvoir l’agriculture durable

  • Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous à tous les âges

  • Assurer une éducation de qualité, équitable pour tous, promouvoir les possibilités de formation continue pour tous

  • Assurer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles

  • Assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement pour tous

  • Assurer l’accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous

  • Promouvoir une croissance économique durable pour tous, le plein emploi productif et un travail décent pour tous

  • Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir l’industrialisation durable pour tous et favoriser l’innovation

  • Réduire les inégalités dans et entre les pays

  • Assurer pour tous des villes et des colonies humaines, sûres, résilientes et durables

  • Assurer des modes de consommation et de production durables

  • Prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses impacts

  • Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable

  • Protéger, restaurer et promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, la gestion durable des forêts, la lutte contre la désertification, stopper et inverser la dégradation des terres et la perte de la biodiversité

  • Promouvoir des sociétés pacifiques pour tous pour un développement durable, fournir un accès à la justice pour tous et bâtir des institutions efficaces, responsables pour tous et à tous les niveaux

  • Renforcer les moyens de mise en œuvre et revitaliser le partenariat mondial pour un développement mondial.



Vous avez bien lu. Bienvenue dans le monde idéal. Tout est durable, il n’y a plus de pauvreté, de faim, d’inégalités, d’injustices, de pauvres, de chômeurs… un monde totalement irréaliste et utopique, et pourtant les dirigeants mondiaux se sont engagés sur ce texte !
Il ne s’agit pas d’un catalogue de bonnes intentions mais d’un engagement ferme.

Autrement dit : bienvenue dans le monde de Satan, celui des promesses irréalisables mais tellement alléchantes !
Seulement voilà, pour l’obtenir, il va falloir adorer Satan.

Ce sera l’objet de la COP21.
Car derrière cette unification politique, économique et culturelle, il y a une unification religieuse : la nouvelle religion mondiale, la religion de l’humanité.

Les nouveaux dieux
Si Satan avait ressorti Jupiter ou le veau d’or, l’homme du XXème siècle aurait rigolé ; il lui fallait quelque chose de plus malin et de plus pernicieux. Une religion sans prêtres, et des divinités sans autels sont bien plus efficaces tout en parvenant au même but : l’homme s’incline devant des dieux sans nom mais bien réels.
La clé de compréhension nous est donnée par ces mots prononcés par les deux derniers descendants de David devant l’empereur Vespasien :

« Le royaume du Christ n’est pas un empire terrestre comme les empires de ce monde. C’est un empire spirituel et divin qui doit durer jusqu’à la fin des siècles. Alors le Christ, apparaissant dans l’éclat de sa gloire, jugera les vivants et les morts et rendra à chacun selon ses œuvres. »
Un empire spirituel… par analogie, Satan va construire lui aussi un empire spirituel, basé sur l’exact contraire du christianisme, en complément de son empire terrestre. Car s’il règne spirituellement dans les cœurs, il y supplante le Christ et prend sa place.

Effectivement, les hommes vivent aujourd’hui prosternés devant la religion de l’humanité, commune à la quasi-totalité de la planète, elle-même subdivisée en plusieurs divinités dont voici les principales :

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] 1) La déesse de la paix, très sollicitée en ce moment. C’est oublier que la seule paix valable est celle qui vient du Dieu vivant et vrai, Notre-Seigneur Jésus Christ. Donc les hommes aujourd’hui invoquent le diable pour avoir la paix, et ils ne récoltent que haines, guerres, divisions rancoeurs, jalousies, égoïsmes… logique.

2) La déesse de l’amour. Très appréciée elle aussi. La déesse des plaisirs de la chair, du dérèglement sexuel, de la vénération du corps humain, de l’amour sans freins, de la concupiscence, de l’impudicité, de la pornographie, du divorce, des familles recomposées, de l’avortement. Très efficace pour détourner l’être humain de son devoir, détruire la famille et le sens moral.

3) Les dieux du stade. Le phénomène des dieux du stade n’est pas nouveau, notre société prétendument évoluée n’a rien à envier à celle du pain et des jeux de la Rome antique. On peut classer dans cette catégorie les dieux de la scène (chanteurs, acteurs… ne les appelle-t-on pas des stars ?) qui font rêver les jeunes générations plus sûrement que nos grands saints. A chaque époque ses héros et ses modèles.

4) Le veau d’or. La divinité la plus appréciée des grandes nations occidentales et probablement une des plus vénérées par les autres puisque tout le monde veut accéder à notre standard de vie, où tout est basé sur l’argent. Cupidité, appât du gain, recherche du confort matériel sous toutes ses formes, société de consommation, organisation du monde du travail uniquement basée sur le gain… l’argent pervertit tout, à commencer par les esprits.

5) La déesse de la fraternité. Très efficace celle-là : elle a permis de rallier les catholiques à l’humanisme athée, car ils confondent la déesse de la fraternité avec la charité chrétienne. La fraternité s’occupe des problèmes matériels uniquement, sans se préoccuper des âmes, tout en véhiculant une idéologie mondialiste mortifère. Un excellent moyen pour justifier l’invasion des pays riches par les migrants, leur soutirer de l’argent, les culpabiliser et les exploiter par le bénévolat. On reconnaissait facilement un hôpital catholique sous l’Ancien Régime : le bâtiment que l’on voit en premier, c’est l’église. Quels sont les cathos engagés dans l’action humanitaire qui se préoccupent des âmes aujourd’hui, en plus des corps ?
(Je garde les sixième et septième divinités pour la fin.)

Toutes ces divinités nécessitent des sacrifices de sang, de préférence de sang humain. Les hommes modernes du XXIème siècle, qui se considèrent comme hautement civilisés, tuent beaucoup pour l’argent, pour posséder des biens ou s’approprier des sous-sols riches. Ils n’hésitent pas à faire la guerre pour cela, ou à pousser au suicide les plus fragiles. Mais la palme des sacrifices humains revient sans conteste à la déesse de l’amour : les avortements représentent plus de 53 millions de morts par an dans le monde. On parle de barbarie pour 130 morts le 13 novembre, mais on oublie les 600 morts par jour en France, tous ces enfants sans défense victimes de l’avortement ; les barbares ne sont pas uniquement ceux qu’on croit
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